par Mayela Armas et Tibisay Romero

CARACAS/VALENCIA, Venezuela, 22 août (Reuters) - Les rues de Caracas, la capitale du Venezuela, étaient plus calmes que d'habitude mardi, l'opposition ayant appelé les commerçants à fermer boutique pour protester contre l'entrée en vigueur de la dévaluation de la monnaie et les mesures économiques du président socialiste Nicolas Maduro.

Le Venezuela, pays membres de l'Opep, a retiré lundi cinq zéros aux prix affichés et a indexé la devise du pays sur une cryptomonnaie soutenue par l'Etat, dans le cadre d'un ensemble de mesures destinées à lutter contre l'hyperinflation et la crise économique.

La banque centrale a annoncé un nouveau taux de change de 68 bolivars pour un euro, ce qui correspond au taux de 60 bolivars pour un dollar cité par Nicolas Maduro lors de l'annonce des nouvelles mesures vendredi dernier.

Cela représente une dévaluation de 96% par rapport au taux officiel précédent. Mais la plupart des particuliers et des entreprises sont déjà sur le marché noir des devises fortes, où le dollar s'échange contre environ 93 bolivars.

L'inflation a dépassé 82.000% en juillet.

Les opposants aux nouvelles mesures avaient appelé les commerçants à cesser leur activité pendant une journée.

De nombreux magasins étaient fermés mardi dans le centre-ville de Caracas. Selon l'opposant Andres Velasquez, 60% de la population a participé à ce mouvement national.

Dans les magasins qui étaient ouverts, des produits qui coûtaient un million de bolivars la semaine dernière, ont été vus avec des étiquettes de prix à 10 bolivars.

"Nous allons tomber dans un abîme", a déclaré Andres Velasquez lors d'une conférence de presse. "Si nous ne nous opposons pas fermement au régime, nous allons avoir ce régime pour toujours, ce qui est son plan."

RIDEAUX BAISSÉS

Dans le centre de Caracas, un petit groupe de partisans du gouvernement a marché vers le palais présidentiel pour soutenir les mesures économiques de Nicolas Maduro.

"J'espère que ces mesures seront appliquées et que les entreprises qui ne sont pas d'accord avec elles seront fermées", a déclaré Julio Contreras, 70 ans, un employé municipal de la capitale.

La fédération des chambres de commerce (Fedecamaras) a qualifié le plan économique de Maduro d'incohérent. Selon cette importante fédération patronale, l'augmentation significative du salaire minimum prévue par le plan Maduro conduira un grand nombre d'entreprises à mettre la clé sous la porte.

Sur le marché municipal de Quinta Crespo, à Caracas, des stands étaient fermés. Certains employés n'ont pas pu se rendre au travail parce qu'ils ne pouvaient pas trouver le transport en commun.

A Maracaibo, deuxième ville du pays, les entreprises étaient en grande partie fermées. Maracaibo subit des pannes de courant prolongées depuis plusieurs mois. Dans des petites villes comme Punto Fijo et Valencia, les entreprises avaient également baissé leur rideau.

Devant les banques, de longues files d'attente se sont formées, les particuliers cherchant à retirer les nouveaux billets.

Le président Maduro affirme que son gouvernement est victime d'une "guerre économique" menée par l'opposition avec l'aide des Etats-Unis, qui ont imposé l'an dernier des sanctions à l'encontre de son gouvernement et de hauts responsables. (Avec Mircely Guanipa à Punto Fijo et Shaylim Castro; Vivian Sequera et Corina Pons à Caracas Danielle Rouquié pour le service français)