"Le risque d'une guerre commerciale globale n'est plus impensable", a dit François Villeroy de Galhau en évoquant les hausses de tarifs douaniers décrétées par l'administration américaine et les répliques décidées en Europe et en Chine.

Il a estimé que les incertitudes liées à la politique commerciale des Etats-Unis et, en Europe, au Brexit, annulaient une bonne partie des gains de l'intégration globale des économies.

François Villeroy de Galhau, qui est membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a estimé néanmoins que, "si nous sommes un peu moins sûrs de savoir où l'économie se situe exactement dans le cycle, nous sommes plus confiants d'aller dans la bonne direction sur l'inflation" de la zone euro, l'objectif de la banque étant de la ramener à un niveau "proche de mais inférieur à 2%".

Pour lui, les études économiques classiques, y compris celles du Fonds monétaire international, "sous-estiment grandement" les risques liés à une guerre commerciale, qui ne se limitent pas à une baisse des échanges et des hausses de prix mais aussi à une perte de confiance des acteurs économiques, avec des conséquences sur le crédit et l'investissement.

Et la seule menace de mesures protectionnistes est suffisante pour déstabiliser les investisseurs, a encore déclaré le gouverneur.

LE CONTREPOIDS DE LA BCE

Sans citer nommément l'Italie, il a estimé que les politiques budgétaires de plusieurs pays étaient une autre source d'incertitude, dont le coût économique se fait ressentir même sans une crise de dette souveraine via une hausse des primes de risques sur les marchés.

François Villeroy de Galhau avait déjà relevé mercredi que les choix de politique économique du nouveau gouvernement italien, élu avec un programme intégrant d'importantes baisses d'impôts et dépenses nouvelles au risque d'aggraver les déficits du pays, étaient encore incertains tout en soulignant que tous les pays membres de la zone euro doivent en respecter les règles.

Face à ces incertitudes néfastes pour la croissance et la stabilité financière, la BCE s'efforce d'agir comme contrepoids, a-t-il dit.

"En apportant des indications claires sur l'évolution des achats d'actifs et des taux - une fois de plus avec plusieurs mois d'avance - nous faisons de notre mieux pour réduire les incertitudes sur la future politique monétaire, au moins à l'horizon où il est prudent de le faire," a-t-il souligné.

La BCE a annoncé jeudi dernier l'arrêt à la fin de l'année de ses achats nets d'actifs sur les marchés, le symbole de sa politique monétaire non conventionnelle mise en place pour sortir la zone euro de la crise.

Elle a indiqué dans le même temps que ses taux devraient rester à leur niveau actuel historiquement bas au moins jusqu'à la fin de l'été 2019.

(Leigh Thomas et Yann Le Guernigou, édité par Myriam Rivet)