(Actualisé avec réaction française)

OUAGADOUGOU, 28 octobre (Reuters) - Des affrontements entre plusieurs centaines de manifestants et les forces de l'ordre ont éclaté mardi dans le centre de Ouagadougou en marge d'un vaste rassemblement contre un projet de modification de la Constitution susceptible de permettre au président Blaise Compaoré de rester au pouvoir au Burkina Faso.

Des opposants ont tenté de marcher en direction de l'Assemblée nationale mais en ont été empêchés par les forces de l'ordre, qui ont tiré des grenades lacrymogènes. Les manifestants ont incendié des pneus et jeté des pierres au cours de cette confrontation survenue sur le rond-point des Nations unies.

Ces violences ont éclaté en marge d'une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes contre le projet de référendum sur une modification de la Constitution. Cette marche devait aboutir à un vaste rassemblement sur la place de la Nation.

La journée de mardi marque le début d'une campagne de désobéissance civile lancée par les partis d'opposition en réaction à l'initiative du gouvernement, qui a demandé à l'Assemblée nationale d'approuver l'organisation d'un référendum constitutionnel.

Cette consultation porterait sur une modification de l'article 37 de la Constitution, rédigée en 2000, qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux quinquennats.

Une telle réforme pourrait permettre à Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, de se présenter à nouveau en 2015.

Réagissant à une telle éventualité, la France a appelé le chef de l'Etat burkinabé à se conformer à la charte de l'Union africaine sur la démocratie et la bonne gouvernance.

"L'article 23 (...) prévoit un certain nombre de possibilités pour réviser les constitutions mais qui spécifie bien que les révisions constitutionnelles dont l'objectif est d'empêcher l'alternance sont proscrites par cette charte", a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangère Romain Nadal, lors d'un point presse.

"La France rappelle dans le contexte actuel au Burkina Faso son attachement à cette charte africaine de la démocratie et de la bonne gouvernance et c'est effectivement ce que le président de la République (François Hollande) a écrit au président de la République Blaise Compaoré" le 7 octobre dernier, a-t-il ajouté. (Joe Penney et Mathieu Bonkoungou, avec John Irish à Paris, Bertrand Boucey pour le service français, édité par Yves Clarisse)