Travis Air Force Base (awp/afp) - Plus de 300 Américains évacués d'un paquebot contaminé par le nouveau coronavirus au large du Japon entamaient lundi une nouvelle période de quarantaine aux Etats-Unis, pendant que le bilan de l'épidémie continuait à s'alourdir en Chine.

105 personnes sont décédées au cours des dernières 24 heures en Chine continentale, portant le total dans le pays à 1.770 morts depuis l'apparition de la maladie en décembre à Wuhan (centre), ont annoncé les autorités chinoises.

Hors de Chine continentale, cinq pays - les Philippines, Hong Kong, le Japon, la France et Taïwan - ont enregistré un décès chacun.

Les autorités chinoises, qui tentent à tout prix d'endiguer la propagation, ont demandé lundi aux personnes guéries du coronavirus de donner leur sang afin d'en extraire le plasma pour soigner les malades.

Si le nouveau coronavirus n'a pas de vaccin, le plasma des anciens patients infectés par la maladie COVID-19 contient des anticorps qui pourraient permettre de diminuer la charge virale chez les personnes sévèrement atteintes, selon un responsable de la Commission nationale de santé.

Le nombre de contaminations s'élève à au moins 70.500 cas en Chine continentale et près de 800 signalés dans une trentaine d'autres pays ou territoires.

Le principal foyer de contamination hors de Chine reste le paquebot Diamond Princess, placé en quarantaine début février au large du Japon, après un test positif sur un croisiériste débarqué à Hong Kong.

Ses plus de 3.700 passagers avaient reçu l'ordre de rester dans leur cabine pendant deux semaines, mais cela n'a pas empêché la propagation du virus: au moins 454 personnes ont été contaminées, dont 99 cas révélés lundi.

"Une vraie quarantaine"

Alors que les critiques montent sur la gestion du paquebot, plusieurs pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants coincés sur le navire.

Plus de 300 Américains ont été rapatriés par avion jusqu'à deux bases militaires, en Californie et au Texas, où ils ont entamé lundi une nouvelle quarantaine de 14 jours, la durée maximale supposée de l'incubation.

"On aimerait bien retrouver nos familles et nos amis, mais nous comprenons que nous sommes peut-être contaminés", a déclaré Gay Courter, 75 ans, au journal Tampa Bay.

Avant d'embarquer, Sarah Arana avait confié à l'AFP être "heureuse de rentrer". "On a besoin d'une vraie quarantaine et ce n'en était pas une", avait-elle estimé.

Parmi les personnes évacuées, quatorze ont appris pendant l'opération qu'elles étaient contaminées, a annoncé le département d'Etat. Elles ont été isolées des autres passagers dans les avions.

A leur arrivée, une partie a été transférée dans un hôpital universitaire d'Omaha, au Nebraska et placée à l'isolement.

Parallèlement, au moins 40 Américains infectés à bord du paquebot sont hospitalisés au Japon, selon Washington. Une poignée d'Américains a refusé de quitter le navire.

Anniversaire annulé

D'autres gouvernements, dont l'Australie, l'Italie, Hong Kong ou le Canada, ont annoncé vouloir évacuer leurs citoyens du Diamond Princess.

Après Singapour, le Japon est le pays le plus touché par l'épidémie en dehors de la Chine. En plus des cas sur le navire, les autorités nippones ont répertorié 65 porteurs du coronavirus dans différentes régions du pays.

Le ministre japonais de la Santé a appelé dimanche à éviter les rassemblements et les endroits bondés. Les célébrations de l'anniversaire de l'empereur, qui attirent chaque année des milliers de personnes dans le centre de Tokyo, ont été annulées.

Ailleurs, l'inquiétude monte en ce qui concerne près de 1.500 passagers d'un autre paquebot, le Westerdam, qui ont débarqué vendredi au Cambodge après avoir passé - pour certains - un rapide examen médical et sont à présent traqués par la compagnie qui tente de les retrouver.

Près d'un millier de personnes se trouvent encore à bord du navire et vont subir des tests, après la découverte en Malaisie pendant le week-end de l'infection d'une ex-passagère américaine.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a toutefois estimé inutile de suspendre les croisières, soulignant son opposition à toute "mesure de portée générale".

Reportés

A Pékin, des experts internationaux dépêchés par l'OMS ont commencé à discuter avec leurs homologues chinois.

Le nombre quotidien de nouveaux décès en Chine a confirmé un tassement depuis trois jours: 105 lundi contre 142 dimanche et 143 samedi. Les contaminations, elles, continuent avec 2.048 cas répertoriés dimanche, contre 2.009 la veille.

Le Parlement chinois envisage un report de sa session plénière, la grand-messe annuelle du régime communiste, a annoncé l'agence Chine nouvelle. Cette session devait s'ouvrir le 5 mars.

Le salon automobile de Pékin, prévu en avril, a été reporté sine die, tout comme un défilé Chanel prévu en mai dans la capitale chinoise.

En visite au Pakistan, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit confiant que "l'effort gigantesque" consenti par la Chine "permettra le recul progressif de la maladie".

La Banque centrale chinoise a de nouveau réduit lundi le coût de financement des banques commerciales pour soutenir l'économie paralysée par l'épidémie.

afp/rp