* Crédit agricole et Lazard chargés de sonder les appétits-sources

* Pas de mandat officiel donné par Vivendi-sources

* Premier rapport d'étape attendu pour novembre-source

* Le sud-africain MTN ne devrait pas concourir-source (Nouvelle version, avec sources)

par Sophie Sassard et Gwénaëlle Barzic

PARIS, 8 octobre (Reuters) - Vivendi réfléchit à l'opportunité de céder ses parts dans l'opérateur Maroc Telecom et a fait appel à deux banques pour sonder l'intérêt d'acheteurs potentiels, a-t-on appris lundi de deux sources proches du dossier.

Bien qu'aucun mandat officiel n'ait été donné, Crédit agricole et Lazard ont été chargés de tester les appétits pour les 53% que le conglomérat français détient dans le premier opérateur télécoms du Maroc, ont ajouté les sources, confirmant une information du Financial Times.

Le dossier s'annonce toutefois complexe en raison notamment de son importante composante politique. Avec une participation de 30%, le royaume du Maroc est le deuxième plus important actionnaire de l'opérateur, qui représente la première capitalisation boursière de la Bourse de Casablanca.

"A ce stade, les banques organisent des rendez-vous avec les dirigeants des intéressés potentiels", a expliqué l'une des sources. "Ceux qui se montrent intéressés seront ensuite introduits auprès du roi du Maroc", a-t-elle ajouté.

Vivendi, dont la participation dans Maroc Telecom représente une valeur boursière d'un peu plus de 4 milliards d'euros, a engagé depuis plusieurs mois une revue de sa structure afin de redresser le cours de son titre en Bourse, ce qui pourrait le conduire à des cessions d'actifs.

Présent dans le fixe, le mobile et internet, Maroc Telecom, dont Vivendi est actionnaire depuis 2001, est l'un des principaux opérateurs du continent africain avec des filiales au Burkina Faso, au Gabon, au Mali et en Mauritanie.

Deuxième filiale la plus profitable pour Vivendi derrière SFR, l'opérateur est toutefois confronté à une érosion de sa croissance, ses bons résultats à l'international ne suffisant pas à compenser l'impact de la forte concurrence sur le marché marocain, qui représente la principale source de ses revenus.

Selon des analystes et des banquiers, les principaux acteurs du secteur dans la région pourraient se montrer intéressés, les noms du qatari QTel et de l'émirati Etisalat étant fréquemment cités.

Lors d'une interview accordée à Reuters fin juillet, le directeur général d'Etisalat Ahmad Julfar avait laissé entendre que son groupe pourrait se montrer intéressé par l'opérateur marocain.

"Le Maroc reste un bon marché attractif pour nous", avait-il dit à l'époque, tout en précisant ne pas connaître en détail la filiale de Vivendi.

L'opérateur sud-africain MTN ne devrait en revanche pas participer aux discussions, a précisé l'une des sources, évoquant des motifs politiques liés au litige territorial sur le Sahara occidental.

ENJEUX POLITIQUES

Parmi les autres principaux candidats potentiels, les européens France Télécom et Telefonica pourraient également passer leur tour. Le premier est déjà présent au Maroc via sa filiale Meditel, ce qui pourrait poser problème du point de vue de la concurrence, tandis que le second s'est récemment désengagé du Maroc.

En cas d'intérêts exprimés pour Maroc Telecom, il n'est pas prévu d'organiser des tours d'enchères mais plutôt des discussions tripartites impliquant l'Etat du Maroc, qui demande de fortes garanties notamment en termes d'investissement dans le pays, a précisé l'une des sources.

"Le partenaire idéal serait quelqu'un qui aurait des intérêts communs avec le Maroc et qui serait prêt à investir dans des infrastructures qui bénéficient aux deux pays", a-t-elle dit.

Un changement d'actionnaire à Maroc Telecom, l'opérateur historique du Maroc, constitue en effet un enjeu de taille pour le royaume.

"Si le deal se passe mal, cela pourrait faire chuter la Bourse et déstabiliser le pays", a-t-elle expliqué.

L'opération pourrait également se révéler délicate pour la balance des paiements marocaine, sur fond d'appréciation de l'euro face au dirham, Vivendi souhaitant être rémunéré en cash en contrepartie de la vente de sa participation, a-t-on dit de même source.

Les deux banques devraient faire un compte rendu de leurs travaux à Vivendi au mois de novembre, a indiqué l'une des deux sources.

Vivendi n'a souhaité faire aucun commentaire, réaffirmant qu'il communiquerait en temps utile sur les nécessaires évolutions du groupe.

Qtel n'a pas non plus souhaité faire de commentaire tandis qu'Etisalat n'était pas joignable dans l'immédiat. (Avec Christian Plumb et Matthew Smith, édité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : VIVENDI, Telefonica SA, Maroc Telecom, FRANCE TELECOM, MTN Group