Les discussions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine qui doivent avoir lieu en marge du sommet du Groupe des Vingt (G20) de Buenos Aires la semaine prochaine n'ont pas encouragé les investisseurs à prendre des risques durant une séance écourtée de moitié, comme c'est habituel au lendemain de Thanksgiving.

L'Agence internationale de l'Energie (AIE) a annoncé la semaine dernière que l'offre mondiale de pétrole dépasserait la demande tout au long de 2019, sur fond d'augmentation de la production alors que la consommation est menacée par le ralentissement de l'économie.

Pour rééquilibrer l'offre, qui augmente plus rapidement que la demande, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait annoncer une baisse de sa production à l'issue de la réunion ministérielle prévue le 6 décembre.

Concernant le dossier commercial, les investisseurs ont encore plus de raisons d'être nerveux au vu d'un article du Wall Street Journal voulant que le gouvernement américain tente de persuader les sociétés de téléphonie mobile et d'internet d'éviter d'acheter du matériel de télécommunications au chinois Huawei Technologies.

L'indice Dow Jones a perdu 178,74 points, soit 0,73%, à 24.285,95 points.

Le S&P-500 a cédé 17,37 points (0,66%) à 2.632,56 points. L'indice est en phase de correction - la seconde de l'année - avec un recul de plus de 10% sur son plus haut de clôture du 20 septembre.

Il avait subi une première correction début février, qui dura à peu près sept mois, jusqu'à un nouveau record inscrit à la fin août.

Le Nasdaq Composite a laissé 33,27 points (0,48%) à 6.938,98 points.

Sur la semaine, le S&P-500 perd 3,8%, le Dow Jones 4,4% et le Nasdaq 4,3%. Le Dow et le Nasdaq inscrivent ainsi leur perte hebdomadaire la plus élevée en pourcentage depuis mars.

"Le marché escompte un ralentissement économique et anticipe que les discussions commerciales avec la Chine ne vont pas très bien se passer", a dit Phil Flynn (Price Futures Group). "Le marché ne croit pas que l'Opep pourra agir suffisamment vite pour compenser le ralentissement à venir de la demande".

VALEURS

Exxon Mobil et Chevron ont cédé 2,7% et 3,4% respectivement, soit les deux plus fortes pertes de l'indice Dow Jones.

Les parapétroliers Schlumberger et Halliburton ont abandonné 2,6% et 3,9% respectivement.

L'indice S&P des valeurs de l'énergie a décroché de 3,3%, plus forte perte sectorielle, et de très loin, de la journée.

Ce secteur a perdu 16,5% depuis le début octobre et il est bien parti pour accuser sa perte la plus élevée sur deux mois depuis septembre 2011.

Le volume a été de 3,4 milliards de titres échangés, contre 8,2 milliards en moyenne sur les 20 dernières séances.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aucun indicateur n'a été publié ce vendredi.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé dans le vert vendredi, mis à part le Footsie, au cours d'une séance marquée par la chute des cours du pétrole et la baisse de l'euro après des indicateurs décevants.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,18% à 4.946,95 points. Le Footsie britannique a perdu 0,11% avec la baisse des titres liés à l'énergie, très présents à la Bourse de Londres. Le Dax allemand a gagné 0,49%.

L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,34%, le FTSEurofirst 300 0,33% et le Stoxx 600 0,4%.

Sur la semaine, ce dernier a perdu 2,09% et le CAC 2,88%.

TAUX

Les rendements des Treasuries ont baissé, et leur courbe s'est aplatie, conséquence directe de la baisse de Wall Street et du marché pétrolier qui a poussé les investisseurs à rechercher des actifs moins risqués.

Le rendement du 10 ans s'est inscrit à 3,05% contre 3,061% mercredi. Le rendement était de 3,25% le 7 novembre.

Le marché obligataire était fermé hier pour Thanksgiving et a fermé plus tôt ce vendredi.

CHANGES

Le dollar a monté, porté par des cambistes dont le goût du risque a pris un coup.

Le billet vert fait figure de valeur refuge dans un contexte de turbulences sur le marché boursier et de recul des cours pétroliers, qui laissent entendre qu'il y a bel et bien un ralentissement de la croissance mondiale.

Dans ce contexte, le yen et le franc suisse, eux aussi considérés comme des monnaies refuges, ont progressé également.

PÉTROLE

Les cours ont chuté de plus de 6% vendredi et le Brent, tombé à moins de 60 dollars, est bien parti pour accuser un plongeon de 11% cette semaine, les courtiers craignant de plus en plus que l'offre l'emporte largement sur la demande, même si les grands producteurs envisagent de réduire leur propre production.

Le baril de brut léger américain subirait lui un recul de plus de 9% cette semaine, de l'ordre de 9,4%.

Le baril de Brent a touché en séance 58,41 dollars le baril, un ceux depuis octobre 2017, et le WTI texan est tombé à 50,53 dollars le baril, ce qui est aussi au plus bas depuis octobre 2017.

(avec Medha Singh, Lewis Kraukopf, Karen Brettell, Gertrude Chavez-Dreyfuss; Wilfrid Exbrayat pour le service français)