Si l'action Alphabet, société-mère de Google, monte fortement en réaction aux solides résultats trimestriels attendus, le moteur de recherche pourrait ravir à Apple le titre de première capitalisation boursière mondiale.

Ce serait un pied-de-nez de l'histoire à la fois à Apple et à Exxon Mobil, qui, comme Google, publiera ses trimestriels la semaine prochaine, dans la mesure où Apple avait délogé le groupe pétrolier lorsqu'il avait atteint en 2011 le plus haut échelon de la richesse boursière.

Possible illustration d'un mouvement se portant des sociétés traditionnelles vers les fleurons de la high tech, Facebook a publié cette semaine un chiffre d'affaires en hausse de plus de 50%, tandis qu'un autre pétrolier, Chevron, a publié sa première perte trimestrielle en plus de 13 ans.

Un constat s'impose depuis plusieurs années: les sociétés battent généralement le consensus grâce à des réductions de coûts et à des rachats de titres. Mais lorsqu'il est question de leur chiffre d'affaires, elles sont beaucoup moins nombreuses à surprendre agréablement les analystes.

C'est peut-être la raison pour laquelle les investisseurs ne réagissent pas autant aux comptes des sociétés qu'ils le font à des événements macroéconomiques comme les fortunes économiques de la Chine ou les péripéties du marché pétrolier.

Certes, les investisseurs continuent de privilégier les valeurs qui dépassent les attentes et de liquider celles qui déçoivent mais les écarts ne sont plus aussi importants, observe Jonathan Gould (RBC Capital Markets).

L'EMPLOI SURVEILLÉ DE PRÈS

Alphabet publiera ses résultats lundi. L'action a fluctué (à la hausse ou à la baisse) de 5,5% en moyenne à la suite de ses huit précédents rapports des comptes trimestriels. Avec une capitalisation qui approche 517 milliards de dollars, une telle variation à la hausse propulserait Alphabet au-delà des 536 milliards de dollars de capitalisation d'Apple.

Quoi qu'il en soit, le marché est optimiste pour le géant de l'internet. "Alphabet a livré de solides résultats les deux derniers trimestre, au-delà des attentes des analystes", dit Peter Garnry (Saxo Bank). "Les résultats stupéfiants de Facebook au quatrième trimestre laissent présager de solides chiffres dans le mobile et la vidéo pour Google".

Une kyrielle de sociétés plus traditionnelles annonceront leurs trimestriels la semaine prochaine, dont General Motors, Pfizer, Merck, ConocoPhillips ou encore Occidental Petroleum.

Pour ce qui concerne les statistiques, les chiffres de l'emploi de janvier viendront clore, vendredi, une semaine qui aura déjà absorbé des données importantes sur l'activité industrielle, sur celle du BTP, sur les ventes de l'automobile, sur le secteur des services et sur l'inflation.

En prélude, le département du Commerce a annoncé vendredi que la croissance de l'économie américaine avait ralenti plus que prévu au quatrième trimestre, sous le coup d'un nouvel effet de stocks négatif et d'un commerce extérieur plombé par la vigueur du dollar et la faiblesse de la conjoncture mondiale.

"L'industrie est faible à l'évidence, des pans manufacturiers entiers sont en récession. C'est donc le consommateur qui nous permet de garder la tête hors de l'eau, suivant l'évolution des composantes du PIB", commente Don Ellenberger (Federated Investors).

"Tout indice d'une faiblesse quelconque dans les chiffres de l'emploi ou de tout autre indicateur de l'emploi la semaine prochaine serait vraiment préoccupant".

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Rodrigo Campos