Les exportations chinoises ont connu leur plus net recul depuis deux ans en décembre et les importations ont baissé aussi, laissant penser que le ralentissement de l'économie de la Chine se poursuivra en 2019 et auguernat d'une dégradation de la demande mondiale.

Les statistiques officielles publiées lundi montrent aussi que la Chine a enregistré en 2018 un excédent commercial au plus haut depuis plus d'une décennie avec les Etats-Unis, ce qui pourrait inciter Washington à faire monter la pression dans le conflit commercial avec Pékin.

L'indice Dow Jones a perdu 86,11 points, soit 0,36%, à 23.909,84 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 13,65 points (0,53%) à 2.582,61 points. Le Nasdaq Composite a laissé 65,56 points, soit 0,94%, à 6.905,92 points.

La Bourse avait récemment monté dans l'espoir de voir la question commerciale sino-américaine réglée et que la Réserve fédérale marque une pause dans son cycle de resserrement monétaire, espoir qui avait permis au S&P-500 de gagner 10% par rapport à son creux de la veille de Noël.

Le "shutdown", soit la fermeture de certaines administrations fédérales américaines, n'a pas contribué à rendre le marché optimiste.

Ce shutdown est le plus long de l'histoire des Etats-Unis, provoqué par un conflit budgétaire entre Donald Trump et la Chambre des représentants à majorité démocrate; il est entré lundi dans sa quatrième semaine sans qu'une issue soit en vue.

Le chef de la Maison blanche ne semble pas enclin à agir pour rouvrir les ministères dont 800.000 fonctionnaires sont au chômage technique ou sous astreinte sans percevoir leurs salaires depuis le 22 décembre.

Les investisseurs doivent enfin prendre connaissance des derniers résultats de sociétés trimestriels, qui commencent tout juste à tomber.

Les analystes pensent que les sociétés constituant l'indice S&P-500 auront enregistré une croissance de 14,3% des bénéfices au quatrième trimestre, selon des données IBES de Refinitiv. Ils projetaient une hausse de 20,1% en octobre. Sur l'ensemble de 2019, c'est une hausse de 6,3% qui est attendue, bien moins que les 23,4% anticipés pour 2018.

Le volume a été de 6,8 milliards de titres échangés contre 8,83 milliards en moyenne durant les 20 dernières séances.

VALEURS

Citigroup, qui a ouvert le bal des résultats trimestriels des banques, a annoncé lundi une baisse inattendue de ses revenus au quatrième trimestre 2018 en raison d'une contraction marquée de son activité dans l'obligataire.

JPMorgan Chase (+1,1%) et Wells Fargo (+1,2%) publient leurs comptes demain mardi.

L'action a toutefois fini en hausse de près de 4%, le PDG John Gerspach ayant dit que le ralentissement chinois n'était pas particulièrement perturbant pour les opérations internationales et que la banque avait constaté une amélioration des conditions de trading dans les tout premiers jours du trimestre.

"Puisque les banques ont été en première ligne au cours d'une année 2018 rude, les investisseurs vont se focaliser sur toute tendance rassurante ou tout commentaire encourageant", a dit Yousef Abbasi (INTL FCStone).

PG&E a dégringolé de plus de 52%, ayant annoncé un prochain dépôt de bilan à la suite des feux de forêt en Californie en 2017 et en 2018.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aucun indicateur majeur aux Etats-Unis.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé dans le rouge lundi, dans un contexte d'inquiétudes pour la croissance mondiale au moment où démarre une nouvelle saison de résultats trimestriels d'entreprises.

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,39% à 4.762,75 points. Le Dax allemand a reculé de 0,29% et le Footsie britannique a cédé 0,91%, pénalisé par la hausse de la livre sterling. L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 0,48%, le FTSEurofirst 300 0,62% et le Stoxx 600 0,48%.

TAUX

Les rendements des Treasuries sont finalement partis vers le haut dans des échanges peu fournis, le marché obligataire étant en phase de consolidation après les fortes variations des deux dernières semaines.

Les rendements des titres à deux et 10 ans étaient tombés à un plus bas d'une semaine en matinée, en réaction aux médiocres statistiques chinoises et européennes.

Les déclarations de Richard Clarida, le vice-président de la Réserve fédérale, qui ne voit pas de récession à l'horizon, ont également contribué au tassement des cours des obligations.

Le rendement du 10 ans ressort à 2,702% contre 2,699% vendredi soir. Hausse aussi du rendement à 30 ans, à 3,051% contre 3,036%, mais baisse du deux ans, à 2,537% contre 2,545%.

CHANGES

La statistique commerciale chinoise a alimenté une aversion au risque qui a été préjudiciable au dollar et a au contraire favorisé le yen, une monnaie refuge en période troublée.

Après une année 2018 radieuse pour le billet vert, dopé par quatre hausses de taux, 2019 s'annonce pour le moment moins sémillante, les investisseurs s'attendant à présent à ce que la Fed marque une pause dans son cycle de resserrement monétaire, voire y mette fin purement et simplement.

Le yen a gagné 0,35% à 108,16 dollar, l'euro est stable à 1,1466 dollar, tandis que l'indice du dollar fléchit de 0,08% à 95,591.

PÉTROLE

La mauvaise statistique chinoise, de par ses implications pour la croissance mondiale et donc pour la demande pétrolière a également pesé sur le marché pétrolier Nymex.

A SUIVRE MARDI 15 JANVIER :

Déclaration à 15h00 GMT de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), au Parlement européen à l'occasion de la présentation du rapport annuel de l'institut d'émission.

Vote à la Chambre des communes sur le projet d'accord de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Publication des résultats trimestriels de JPMorgan Chase et de Wells Fargo avant l'ouverture de Wall Street.

(avec Mehda Singh et April Joyner, Gertrude Chavez-Dreyfuss, Stephanie Kelly, Kate Duguid; Wilfrid Exbrayat pour le service français)