Pffff. Les Etats-Unis ont connu hier une séance boursière particulièrement éprouvante, avec des pertes exceptionnelles sur certains dossiers. Le sentiment général est que Wall Street, dont la résistance était remarquable depuis quelques semaines, a finalement craqué sous le poids des signaux micro et macroéconomiques adverses. D'ailleurs, il n'y a qu'à se pencher pour ramasser plein de symboles : passage dans le rouge des indices S&P 500 et Dow Jones en 2018, entrée en correction du Nasdaq Composite (soit une baisse de plus de 10% sur les derniers pics), plus mauvais mois boursier aux Etats-Unis depuis février 2009…
 

Vers 6h00 ce matin, le bilan ressemblait à ça (Copie d'écran Bloomberg - Cliquer pour agrandir)

Je l'évoquais déjà cette semaine, la question qui se pose désormais est de savoir si la "correction" se transformera en "bear market", c’est-à-dire en marché baissier très prononcé. Il ne faut pas avoir la mémoire courte : depuis le point bas de la crise de 2007 (début mars 2009 pour les indices), les marchés américains ont connu cinq de ces phases de correction, dont la plus importante en avril 2011 avait quasiment totalisé -20%. Cela n'a pas empêché la plus longue phase d'expansion boursière de l'histoire. Depuis 1974, seules quatre phases de correction sont devenues des "bear markets" (1980, 1987, 2000, 2007), comme le montre le tableau ci-dessous dressé hier soir par Charles Schwab (la définition est médiocre mais l'illustration est évocatrice). Et encore étaient-elles généralement accompagnées d'une récession économique, ce qui n'est pas le schéma dominant actuel, loin de là.
 

80% des phases de correction ne sont pas devenues des marchés baissiers depuis 1974 (Source Charles Schwab - Cliquer pour se piquer les yeux)
 
La journée verra les publications des résultats d'Amazon, Alphabet, Intel et Merck (post-séance pour les "technos"), qui pèsent à elles quatre plus de 2 000 milliards de dollars. En Europe, le brasseur Anheuser Busch Inbev, le fonds souverain norvégien Equinor et le constructeur allemand Daimler seront les têtes d'affiche. En France, Orange, Schneider, Saint Gobain et Ipsen sont sur les tablettes. Compte tenu des écarts modérés constatés hier sur les marchés européens (+0,11% pour le FTSE, -0,29% pour le CAC40 notamment), les indicateurs de préouverture auraient pu être pires en Europe. Le CAC40 a démarré en baisse de -0,4% à 4 935 points. 
 
Les temps forts économiques du jour
 
L'indice Ifo allemand (10h00 : consensus 103,2) précèdera la décision de la BCE sur ses taux (13h45 : consensus statu quo), suivie de la traditionnelle conférence de présentation de l'institution (14h30). Aux Etats-Unis, les commandes de biens durables (14h30 : consensus core +0,3%), la balance commerciale (14h30 : consensus -74,9 milliards de dollars), les stocks des grossistes (14h30) et les demandes hebdomadaires d'allocations chômage (14h30 : consensus 208 000) seront suivis des ventes immobilières (16h00 : consensus -0,2%).
 
L'euro est descendu à 1,1407 USD. L'once d'or poursuit son ascension à 1 236 USD. Le WTI gagne 0,2% à 66,27 USD et le Brent 0,1% à 75,65 USD.
 
Les principaux changements de recommandations
                                                                                                                       
  • Crédit Suisse réduit de 67 à 40 CHF son objectif sur AMS en passant de surperformance à neutre.
  • Société Générale passe de conserver à acheter sur Anglo American, revalorisé de 1 750 à 1 890 GBp.
  • Berenberg reste à conserver sur Atos, dont l'objectif recule de 135 à 90 EUR.
  • GSC Research démarre le suivi d'Axel Springer à conserver en visant 62 EUR.
  • Citi passe de conserver à acheter sur Banco Bilbao Vizcaya Argentaria, en visant 5,75 EUR.
  • Société Générale passe de conserver à acheter sur Bic avec un objectif inchangé de 89,90 EUR.
  • Berenberg passe de conserver à acheter sur Dassault Aviation, revalorisé de 1 525 à 1 660 EUR.
  • AlphaValue reste à alléger sur Eurofins malgré un objectif relevé de 417 à 438 EUR.
  • Jefferies rehausse de 205 à 245 GBp son objectif sur Greencore, en restant acheteur.
  • Société Générale revalorise Kering de 505 à 524 EUR en restant acheteur.
  • Jefferies abaisse de 10 à 8,50 EUR son objectif sur Kloeckner en restant à conserver.
  • HSBC revalorise Novartis de 79 à 84 CHF en restant à conserver.
  • Société Générale passe d'acheter à conserver sur Rio Tinto, dont l'objectif recule de 4 050 à 3 830 GBp.
  • Oddo BHF passe de neutre à acheter sur Rolls-Royce, revalorisé de 1 050 à 1 120 GBp.
  • MainFirst passe de neutre à surperformance sur Sartorius AG en abaissant de 150 à 145 EUR son objectif.
  • HSBC revalorise Scor de 42 à 44 EUR en restant acheteur.
  • HSBC passe d'alléger à conserver sur Spie, malgré un objectif ramené de 15 à 14 EUR.
  • CFRA passe d'achat à achat fort sur STMicroelectronics en ramenant de 25,80 à 21 EUR son objectif.
  • JP Morgan reste à surpondérer sur STMicroelectronics en ramenant de 23 à 17 EUR son objectif.
  • Barclays abaisse de pondération en ligne à souspondérer son objectif sur Telia avec un objectif révisé de 40 à 38 SEK.
  • Jefferies abaisse de 38,50 à 34 EUR son objectif sur UPM, mais reste acheteur.
  • Jefferies réduit de 35 à 32 EUR son objectif sur Valeo, en restant à conserver.
  • MainFirst passe de surperformance à neutre sur Valeo, en visant 35 EUR contre 69 EUR précédemment.
 
L’actualité des sociétés
 
Les publications d'entreprises continuent. Si Capgemini a relevé ses prévisions, échappant aux tendances qui ont envoyé ses rivales Atos et Sopra au tapis, Peugeot a délivré une publication plus mitigée. TechnipFMC a publié légèrement en-deçà des prévisions. Alten, Korian, Mersen, Latécoère, Coface ou Solocal ont aussi annoncé leurs chiffres. Les retards sur l'usine Airbus d'Hambourg sont dus en partie aux nouvelles variantes de l'A321neo, a confirmé Guillaume Faury. Air France va désormais discuter avec son personnel navigant. Genfit songe toujours à une cotation aux Etats-Unis. Bouygues négocie le rachat de Keyyo
 
Dans le luxe, Moncler emboîte le pas de Kering en annonçant des chiffres solides. Dans les semiconducteurs, après les déceptions Texas Instruments et STMicroelectronics, les chiffres d'AMD sont eux aussi médiocres. Microsoft en revanche dépasse les attentes. Tesla a engrangé ses premiers bénéfices et Ford s'en tire plutôt bien. Amgen casse les prix de 60% sur son anticholestérol Repatha aux Etats-Unis, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la concurrence, notamment Sanofi. Boeing a ouvert sa première usine européenne au Royaume-Uni, à Sheffield.