New York (awp/afp) - La Bourse de New York a terminé dans le rouge jeudi après l'annonce d'importantes taxes américaines sur l'acier et l'aluminium importés d'Europe, du Canada et du Mexique, une décision aussitôt suivie de mesures de rétorsion ravivant le spectre d'une guerre commerciale.

Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 1,02% à 24.415,84 points.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a cédé 0,27% à 7.442,12 points.

L'indice élargi S&P 500 a abandonné 0,69% à 2.705,27 points.

Washington a imposé jeudi de forts tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium en provenance de l'Union européenne, mais aussi du Canada et du Mexique, les deux principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis.

Tous les pays frappés ont promis de riposter, Ottawa annonçant par exemple des taxes sur 16,6 milliards de dollars canadiens (12,8 mds USD) de produits américains.

"Tout ce qui porte atteinte au libre-échange a tendance à faire monter les prix et à faire baisser la productivité. Dans une économie dont la croissance n'est pas encore à 3%, cela représente un pas dans la mauvaise direction", a estimé Jack Ablin, responsable des investissements pour Cresset Wealth Advisors.

La réaction des marchés est toutefois selon lui restée assez mesurée car "cette administration fait maintenant face à un problème de crédibilité dans le mesure où ils changent sans cesse de position", et les investisseurs voient dans ses dernières décisions "surtout une tactique de négociation".

"Le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross a déjà souligné que les discussions se poursuivaient et le marché estime sans doute que des concessions vont être faites vu le poids et la force des Etats-Unis dans le commerce mondial", a aussi avancé Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services.

- GM bondit grâce aux véhicules autonomes -

De plus, les effets de toute décision de cette nature peuvent être selon lui à double tranchant.

"Le producteur américain d'aluminium Alcoa par exemple a aussi une grande partie de ses activités au Canada", a-t-il souligné. Son titre a perdu 0,97% jeudi.

Le producteur d'acier US Steel a progressé de 1,71% mais ses concurrents AK Steel Holdings et Steel Dynamics ont respectivement lâché 1,31% et 0,92%.

Les tensions commerciales ont en tout cas relégué au second plan des indicateurs américains plutôt de bon augure, entre la stabilisation de l'inflation à +2% sur un an en avril, la nette progression des dépenses des ménages américains ce même mois et le repli des demandes hebdomadaires d'allocations chômage.

Le marché obligataire se stabilisait: le rendement des bons du Trésor à 10 ans évoluait vers 20H35 GMT à 2,860% contre 2,855% mercredi soir et ceux sur les bons à 30 ans à 3,024% contre 3,027% à la précédente clôture.

Parmi les valeurs en vue, General Motors a bondi de 12,87% après l'annonce d'un investissement de 2,25 milliards de dollars du groupe japonais Softbank dans la filiale du constructeur américain dédié aux véhicules autonomes.

Waymo, la filiale d'Alphabet/Google (+1,61%) aussi spécialisée dans les véhicules autonomes et qui souhaite ouvrir un service de taxis sans chauffeur cette année, a annoncé la commande de 62.000 monospaces au groupe Fiat Chrysler (FCA).

Sears Holding, qui chapeaute les magasins Sears et Kmart, a chuté de 12,46%. Le groupe, qui a fait part d'une perte nette de 424 millions de dollars au premier trimestre et d'une baisse de ses ventes à magasins comparables de 11,9%, prévoit d'en fermer 72 "dans un futur proche".

La holding du milliardaire Warren Buffett, Berkshire Hathaway, a reculé de 1,32%. Le groupe a confirmé à la chaîne d'informations financières CNBC avoir proposé d'investir, sous condition, 3 milliards de dollars dans Uber, une offre qui ne s'est pas concrétisée.

Le patron d'Uber, Dara Khosrowshahi, a pour sa part affirmé mercredi à CNBC continuer à se préparer pour une entrée en Bourse en 2019.

afp/rp