New York (awp/afp) - Wall Street perdait du terrain peu après l'ouverture lundi, restant sur ses gardes face à la forte baisse des taux d'intérêt sur fond de montée des tensions entre Washington et ses partenaires commerciaux.

L'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones Industrial Average, reculait vers 14H15 GMT de 0,09%, à 24.792,72 points.

L'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, baissait de 0,86% à 7.388,77 points.

L'indice élargi S&P 500 lâchait 0,21%, à 2.746,38 points.

Sur le marché obligataire, le taux américain à dix ans poursuivait sa chute libre après avoir déjà fortement baissé ces derniers jours: il évoluait à son plus bas depuis septembre 2017, à 2,105%, alors même qu'il s'affichait encore à 2,5% début mai.

La chute de ce taux d'intérêt signifie que les investisseurs préfèrent délaisser les actifs réputés risqués, comme les actions, au profit d'investissements plus sûrs, tels que les obligations d'Etat américaines.

La Bourse de New York vient de fait d'enregistrer sa première baisse mensuelle de l'année: sur l'ensemble du mois de mai, le Dow Jones a perdu 6,69%, le Nasdaq 7,93% et le S&P 500 6,58%.

"L'effondrement des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine est l'élément principal ayant déclenché ce repli", rappelle Art Hogan de la société d'investissement National en soulignant que les indices se sont aussi repliés en mai car ils s'étaient auparavant redressés de plus de 25% par rapport au creux de fin 2018.

"Le marché est en train d'essayer de recalibrer l'impact des dégâts économiques provoqués par la guerre commerciale sino-américaine" et "l'incertitude repose aussi bien sur la durée de cet affrontement que sur l'ampleur de son escalade", estime le spécialiste.

De nouveaux droits de douane punitifs sur 60 milliards de dollars de produits américains importés chaque année en Chine ont notamment commencé à être appliqués samedi, en réponse aux dernières sanctions américaines prises début mai sur 200 milliards de dollars de produits chinois.

Pékin est ainsi passé résolument à la contre-offensive avec des menaces d'embargo sur certains métaux stratégiques, une "liste noire" d'entreprises étrangères, une hausse des droits de douane et une rhétorique guerrière.

Les autorités chinoises ont ainsi par exemple annoncé samedi qu'elles allaient enquêter sur le groupe de livraison américain FedEx (-0,95%), l'accusant d'avoir porté atteinte aux intérêts de ses clients.

En plus de ce conflit sino-américain, "la possibilité d'une deuxième guerre commerciale avec Mexico ajoute à l'incertitude du marché", remarque M. Hogan.

Après avoir annoncé jeudi son intention d'imposer dès le 10 juin des droits de douane progressifs sur l'ensemble des biens importés du Mexique, Donald Trump a en effet poursuivi tout le week-end ses attaques contre le Mexique, coupable à ses yeux de laxisme face à l'immigration clandestine.

La fin d'iTunes?

Sur le front des valeurs, le titre d'Alphabet, la maison mère de Google, chutait de 6,54% après des informations de presse évoquant une enquête anti-monopole aux Etats-Unis visant le moteur de recherche.

Selon le Washington Post, Amazon (-3,77%) pourrait pour sa part faire l'objet d'une attention accrue de la part de l'autorité américaine de la concurrence FTC.

Apple montait pour sa part de 0,75% alors que le groupe doit donner le coup d'envoi de sa conférence annuelle des développers au cours de laquelle il devrait annoncer la fin de son logiciel iTunes, sacrifié sur l'autel d'Apple Music.

Boeing, qui a annoncé dimanche que certains de ses moyen-courriers 737 pouvaient présenter une pièce défectueuse sur leurs ailes, reculait de 2,00%. L'avionneur a précisé ne pas avoir été informé de problème en vol lié à ce défaut.

Blackstone Group, qui a annoncé le rachat pour 18,7 milliards de dollars d'entrepôts industriels aux Etats-Unis auprès de GLP, groupe de logistique basé à Singapour, reculait de 0,05%.

Le fabricant de semi-conducteurs Cypress Semiconductors bondissait de 24,58% après l'annonce de son rachat par le groupe allemand Infineon dans une opération à 9 milliards d'euros.

Le groupe El Paso Electric s'envolait de 14,57% après son rachat par la banque JPMorgan Chase (+0,25%) pour environ 4,3 milliards de dollars.

La séance était aussi marquée par l'arrivée de l'action Corteva (-7,92%), sur le New York Stock Exchange sous le symbole CTVA, après sa séparation d'avec DowDuPont. Cette nouvelle société, officiellement indépendante depuis samedi, est entièrement consacrée à l'agriculture, vendant semences et produits chimiques.

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