L'indice Dow Jones a cédé 115,98 points, soit 0,43%, à 26.806,14 et le S&P-500, plus large, a perdu 14,46 points ou 0,48% à 2.975,95, s'éloignant encore de son record de 2.995 points atteint mercredi dernier à la veille du jour férié de l'Independence Day.

Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 63,41 points (0,78%) à 8.098,38.

En l'absence d'indicateurs, les investisseurs ont continué de réagir à la statistique meilleure que prévu des créations d'emplois publiée vendredi, qui a remis en cause leurs anticipations en matière de baisse des taux. Selon le baromètre FedWatch de CME Group, la probabilité d'une baisse de taux d'un demi-point à la fin du mois n'est plus que de 8%, contre environ 20% il y a une semaine, alors que celle d'un assouplissement d'un quart de point se monte désormais à 92%.

"Les chiffres de l'emploi donnent l'impression qu'il n'y a pas besoin de baisser les taux, et pourtant l'activité industrielle marque le pas", commente John Carey, chez Amundi Pioneer Asset Management à Boston.

Dans ce contexte, les intervenants attendent l'audition semestrielle du président de la Fed, Jerome Powell, mercredi et jeudi au Congrès. La banque centrale publiera en outre mercredi le compte rendu de sa dernière réunion monétaire de juin, la suivante étant programmée pour les 30 et 31 juillet.

Chris Larkin, responsable du trading chez E*TRADE Financial, dit n'attendre rien de marquant de l'audition de Jerome Powell mais estime qu'une surprise avec la statistique de l'inflation de juin, publiée jeudi, pourrait en revanche faire bouger le marché.

Les investisseurs se positionnent aussi pour le début des publications de résultats du deuxième trimestre, à partir de la semaine prochaine. Les bénéfices des sociétés du S&P 500 sont pour l'instant prévus en repli de 0,1% sur un an, selon les estimations d'analystes compilées par Refinitiv IBES.

Les volumes sont restés peu étoffés avec 5,74 milliards d'actions qui ont changé de mains, à comparer à une moyenne de 6,77 milliards sur les 20 dernières séances.

VALEURS

Apple a cédé 2,06%, la plus forte baisse du Dow Jones, après un abaissement de recommandation de Rosenblatt Securities qui conseille désormais de vendre la valeur en prédisant une détérioration des fondamentaux du fabricant de l'iPhone dans les six à 12 prochains mois.

Boeing, en repli de 1,33%, a également pesé sur la tendance dans la crainte que l'annulation d'une commande de 737 MAX par la compagnie saoudienne flyadeal n'amène d'autres acheteurs à en faire de même, l'appareil n'étant pas près de reprendre les airs après avoir été interdit de vol à la mi-mars.

General Electric, dont les moteurs produits par sa coentreprise CFM avec le français Safran équipent entre autres le 737 MAX, est retombé de 2,86% après un rebond de 17% depuis la mi-avril.

Six des 11 grands indices sectoriels S&P 500 ont fini en repli, la plus forte baisse étant pour les matériaux (-1,06%).

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes avaient auparavant fini en baisse modérée, déprimées elles aussi par les espoirs qui s'amenuisent d'une baisse d'ampleur des taux américains en fin de mois.

Le CAC 40 a cédé 0,08% à 5.589,19 points à Paris, le Footsie britannique a abandonné 0,05% et le Dax allemand 0,20%. L'indice paneuropéen EuroStoxx 50 a reculé de 0,12%, le FTSEurofirst 300 de 0,07% et le Stoxx 600 de 0,05%.

Deutsche Bank a chuté de 5,39%, sa plus mauvaise séance depuis cinq mois, au lendemain de l'annonce d'un vaste plan de restructuration qui devrait se traduire par une nouvelle perte annuelle pour la première banque d'Allemagne.

A Paris, Sodexo (-4,18%) a accusé la plus forte baisse du SBF 120 après avoir averti sur ses résultats.

Après la clôture, le groupe chimique allemand BASF a averti lui aussi sur un deuxième trimestre "considérablement" inférieur aux attentes, en annonçant en outre 6.000 suppressions d'emplois.

TAUX

Le rendement des Treasuries à 10 ans a fléchi de moins d'un demi-point de base à 2,039% après avoir atteint vendredi un plus haut d'une semaine à 2,068%, dans de faibles volumes qui avaient amplifié la réaction du marché.

L'écart de rendement entre les obligations à deux et 10 ans s'est resserré jusqu'à 14,9 points de base contre 16,9 vendredi soir.

"Dire que le marché est en mode d'attente avant l'audition de Powell mercredi serait un euphémisme", commente Ian Lyngen, responsable de la stratégie taux chez BMO Capital Markets.

CHANGES

Le dollar est resté soutenu après le rapport mensuel sur l'emploi qui éloigne la perspective d'un geste agressif de la Fed sur ses taux.

L'indice dollar, qui mesure la valeur du billet vert face à un panier de six devises de référence, a grignoté 0,11% à 97,395, proche de son plus haut de trois semaines de 97,443 atteint vendredi.

L'euro/dollar a abandonné 0,13% à 1,1209 et le dollar s'est apprécié de 0,25% contre le yen, à 121,90.

Du côté des devises émergentes, la livre turque a perdu 1,9% face au dollar en réaction au limogeage, samedi, du gouverneur de la banque centrale Murat Cetinkaya.

Avec la hausse de la devise américaine, l'or a faibli de 0,33% sur le marché au comptant, juste sous les 1.395 dollars l'once.

PÉTROLE

La fermeté du dollar a aussi pesé sur les cours du pétrole qui ont terminé sur une note irrégulière à New York, effaçant leurs gains en fin de séance après avoir profité modérément des tensions autour du programme nucléaire iranien.

Le contrat août sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a conservé en clôture un gain de 0,26% à 57,66 dollars le baril mais le Brent a cédé 0,19% à 64,11 dollars.

(Véronique Tison pour le service français avec April Joyner à New York et les contributions de Medha Singh et Uday Sampath à Bangalore)