New York (awp/afp) - Wall Street a terminé en forte baisse lundi, victime d'inquiétudes croissantes des investisseurs quant à un ralentissement de la croissance américaine, à deux jours d'une décision importante de la banque centrale des Etats-Unis sur ses taux.

Selon les résultats définitifs à la clôture, l'indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 2,11% pour terminer à 23.592,98 points.

L'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a reculé de 2,27%, à 6.753,73 points.

L'indice S&P 500 a cédé 2,08%, à 2.545,94 points.

Avec le recul subi par le Nasdaq lundi, les trois principaux indices de Wall Street s'inscrivent désormais en baisse sur l'ensemble de l'année et le S&P 500 a fini par la même occasion à son plus bas niveau depuis octobre 2017.

"L'oeil du cyclone des inquiétudes vient de la crainte que la croissance américaine ne ralentisse l'an prochain", a observé Karl Haeling, de LBBW.

Cette crainte a précipité la chute des marchés la semaine dernière et a de nouveau fait plonger les indices lundi alors que deux indicateurs américains, l'activité manufacturière dans la région de New York et l'humeur des constructeurs immobiliers, ont déçu les observateurs.

De plus, certaines entreprises ont subi de fortes secousses pour des raisons très précises: Goldman Sachs (-2,76%) est sous le coup de poursuites pénales de la Malaisie dans le scandale financier 1MDB et Johnson & Johnson (-2,90%) continue à souffrir d'informations de presse l'accusant d'avoir délibérément caché pendant plusieurs décennies que son talc contenait parfois de l'amiante.

Par ailleurs, des propos plutôt pessimistes d'un professionnel du marché très respecté à Wall Street, Jeffrey Gundlach, à la chaîne de télévision américaine CNBC, ont aggravé la déprime des courtiers, d'après plusieurs observateurs.

"Je suis assez convaincu qu'il s'agit d'un marché déprimé", a confié M. Gundlach, au moment où les investisseurs scrutent chaque signe permettant de dire si un rebond des indices est à attendre à l'issue d'une fin d'année particulièrement chaotique à Wall Street.

Marché déprimé

Un marché déprimé, ou "bear market", représente dans le jargon financier la chute de plus de 20% d'un indice boursier par rapport à son récent plus haut. Le Russell 2000, qui regroupe les entreprises à petite et moyenne capitalisation, a été le premier indice majeur de Wall Street à franchir ce pas lundi, à -20,8% par rapport à son dernier plus haut du mois d'août.

C'est dans ce contexte délicat que la banque centrale américaine (Fed) devrait augmenter à nouveau ses taux d'intérêt à l'issue d'une réunion mercredi, malgré la farouche opposition du président, Donald Trump, qui a vivement critiqué l'institution lundi sur Twitter.

"La meilleure décision que pourrait prendre la Fed serait de monter ses taux mais de se montrer très conciliante lors de la conférence de presse de son président", Jerome Powell, qui sera donnée juste après l'annonce sur les taux, a indiqué M. Haeling.

"Pour adoucir son rythme de hausse des taux (l'an prochain), la Fed devra admettre que l'économie américaine va croître de manière moins énergique que ses précédentes estimations", ont estimé quant à eux les analystes de DataTrek.

"Mais, dans le même temps, elle ne devra pas soulever trop d'incertitudes sur la croissance future", ont-ils tempéré, rendant l'équation délicate pour l'institution.

Parmi les autres valeurs du jour, le géant aéronautique Boeing (-0,82%) et le brésilien Embraer ont annoncé lundi avoir validé les modalités de leur accord de partenariat qui prévoit la création d'une co-entreprise valorisée à 5,26 milliards de dollars, dans l'attente du feu vert de l'Etat brésilien.

Alphabet (-2,48%), la maison mère de Google, a annoncé lundi son intention d'investir plus d'un milliard de dollars (880 millions d'euros) pour établir un nouveau site à New York, dans le quartier de West Village à Manhattan.

Sur le marché obligataire, le taux sur la dette à dix ans des Etats-Unis évoluait à 2,855% vers 21H45 GMT, contre 2,890% vendredi à la clôture, et celui à 30 ans à 3,114%, contre 3,143% en fin de semaine dernière.

alb/jum/cj