Il y a énormément d'actualités économiques à développer aujourd'hui, mais commençons par ce qui s'est passé hier soir à 22h00 à la clôture de Wall Street. Ce qui saute aux yeux, c'est le gros décalage entre un Dow Jones qui a terminé à l'équilibre (+0,01%) et un Nasdaq 100 en baisse marquée de -2,26%. La raison, c'est l'explosion en vol de deux des plus grosses capitalisations de l'indice, Microsoft et Alphabet, qui ont perdu respectivement 7,7% et 9,6%, après l'annonce de résultats et de perspectives éloignés de ce que prévoyaient les investisseurs. Le duo a emporté d'autres actions dans sa chute, en particulier Amazon (-4%) et Meta Platforms (-5,6%). Meta Platforms qui va encore faire les gros titres parce qu'il faut ajouter 19% de baisse à la chute précitée depuis que le groupe de Mark Zuckerberg a publié dans la nuit des résultats très en-deçà des attentes. Depuis plusieurs trimestres, Meta est le grand malade du quintet, avec une chute boursière qui dépasse 60% depuis le début de l'année. Apple a sauvé l'indice technologique d'une déroute totale en grappillant 0,4% hier.

Les ex-GAFAM, qu'il a fallu rebaptiser AMAMA à cause des changements de noms de Facebook et Google, sont en train de perdre leur cape d'invincibilité. C'est une bonne leçon d'humilité pour le marché et un rappel utile pour tous les investisseurs : rien n'est éternel. Apple et Amazon auront l'occasion de redorer le blason du secteur, ce soir après la clôture.

A l'inverse le vénérable Dow Jones a pu sauver les meubles hier en s'appuyant sur la vieille garde, les Coca-Cola, 3M Company ou UnitedHealth. Ces valeurs profitent du changement d'ambiance dont je parlais en début de semaine autour de la trajectoire de la politique monétaire, qui laisse penser que le discours va à nouveau s'adoucir dans les semaines à venir, pour ramener la Fed dans une posture plus favorable à l'activité économique et donc aux marchés financiers. D'autres banques centrales ont commencé à adopter une position moins extrême face à l'inflation, ce qui alimente la machine des prophéties autoréalisatrices dont se nourrit parfois le marché : hier dans l'après-midi, la Banque du Canada a relevé ses taux de 50 points alors que le marché misait sur 75 points. Et cette nuit, la Banque du Brésil a maintenu le statu quo comme elle l'avait fait lors de la réunion précédente. Des signes qu'il y a moins de panique et plus de pragmatisme du côté des banquiers centraux. Les taux obligataires racontent une histoire identique mais non dénuée de risques : le rendement de la dette américaine à trois mois a convergé ces derniers jours vers celui de la dette à 10 ans (autour de 4%), ce qui illustre à la fois le sentiment du marché selon lequel la fin du cycle de resserrement monétaire approche ET l'arrivée d'une récession. Enfin en théorie, puisque ça reste de l'économie, une science pas tout à fait exacte.

Aujourd'hui, ce sera au tour de la BCE de descendre dans l'arène. Un relèvement du taux de refinancement de 1,25 à 2%, soit 75 points de base, a les faveurs des pronostics. L'annonce aura lieu à 14h15, selon le nouvel horaire en vigueur depuis cet été, et la conférence de présentation débutera à 14h45. Très honnêtement, je ne sais pas si la Banque centrale européenne peut avoir une grosse influence sur l'histoire de fond que sont en train de se raconter les investisseurs. Intuitivement, je dirai que non parce qu'elle n'est pas la plus avancée du cycle. Cela ne signifie pas que les annonces du jour n'auront pas d'impacts, mais ils pourraient être circonscrits à certains secteurs (la banque notamment) ou limités dans la durée. Soyons clairs, je parle du niveau purement "marchés financiers", parce que le relèvement des taux aura évidemment des répercussions dans l'économie réelle, en particulier sur les coûts de financement des ménages et des entreprises.

La BCE n'est pas le seul rendez-vous des investisseurs avec la macroéconomie aujourd'hui puisque les Etats-Unis annonceront la première estimation de leur PIB du troisième trimestre à 14h30, en même temps que les dernières commandes de biens durables mensuelles. Là encore, on est toujours dans le schéma "mauvaise nouvelle ? Bonne nouvelle !" puisque des chiffres médiocres renforceraient la conviction des investisseurs que la Réserve Fédérale devra lever le pied pour ne pas endommager trop sévèrement l'économie américaine. Quant aux résultats de sociétés, ils tombent dru avec près de 60 valeurs du S&P500, soit 12% de l'indice et autant d'entreprises du Stoxx Europe 600, soit 10% de l'indice. Il s'agit probablement de la journée de publication la plus chargée de la saison des trimestriels en cours. Vous en avez un aperçu un peu plus bas ou directement dans l'agenda Zonebourse. Il faut aussi souligner que le Crédit Suisse a dégainé ce matin le gros plan de transformation rendu nécessaire par sa gestion calamiteuse de la dernière décennie et qu'Elon Musk a visité le siège de Twitter qu'il va probablement racheter d'ici demain soir (il est entré dans le bâtiment en portant un lavabo avec lui, pour faire un jeu de mots à deux balles apparemment).

Sur les marchés d'Asie-Pacifique, la tendance est mitigée. A Hong Kong, le Hang Seng reprend 1,8% en dépit des déboires technologiques américains. Tokyo est en légère baisse et Sydney en légère hausse. Le CAC40 perdait 0,4% à 6253 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

La BCE communiquera sur ses taux directeurs à 14h15, juste avant que les Etats-Unis n'annoncent la première estimation de leur PIB du T3 et les commandes de biens durables de septembre (14h30). Tout l'agenda macro ici.

L'euro s'installe à 1,0070 USD. L'once d'or remonte à 1664 USD. Le pétrole a rebondi, avec un Brent de Mer du Nord à 94 USD le baril et un brut léger américain WTI à 88 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est redescendu à 4,02%. Le bitcoin se négocie 20 700 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 87 EUR.
  • Ageas : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 50,10 EUR.
  • BASF : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 47 à 49 EUR.
  • Cellnex : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 58 à 40 EUR.
  • Dassault Systèmes : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif réduit de 29 à 28 EUR. J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 31 EUR.
  • Ferrari : HSBC passe de conserver à acheter.
  • Heineken : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 125 à 115 EUR.
  • Nokian Renkaat : SEB Equities passe de vendre à conserver en visant 10,50 EUR.
  • Novartis : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 90 à 83 CHF.
  • Orpea : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 7 EUR.
  • Patrizia : Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 8 EUR.
  • PostNL : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2,50 à 1,50 EUR.
  • Reckitt : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 8200 à 7050 GBp.
  • Thales : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 135 à 140 EUR.
  • Unicredit : AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 13,60 EUR.
  • UPM : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 37,25 à 39 EUR.
  • XP Power : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3770 à 1890 GBp.

En France

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Accor : vise le haut de sa fourchette d'objectifs d'excédent brut d'exploitation 2022.
  • Capgemini : vise le haut de sa fourchette de croissance en 2022 après le T3.
  • Carrefour : les performances sont en ligne avec les attentes du marché, indique le distributeur, qui prévoit de dépasser son objectif de génération de cash-flow libre.
  • Elis : réduit son objectif de marge du fait de l'inflation mais relève celui d'activité.
  • Rexel : relève ses objectifs de CA et d'Ebita pour 2022 après un T3 meilleur que prévu.
  • Schneider Electric : confirme ses objectifs 2022 après une hausse de ses ventes au T3.
  • STMicroelectronics : le chiffre d'affaires et la marge brute au T3 dépassent les attentes du marché.
  • TotalEnergies : a réalisé 9,9 Mds$ de bénéfice net au T3.
  • Unibail : la foncière relève son objectif de résultat net récurrent ajusté par action pour 2022.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Anheuser-Busch Inbev : resserre vers le haut sa prévision de croissance de l'EBITDA 2022.
  • Beiersdorf : le groupe de cosmétiques revoit nettement à la hausse ses prévisions de chiffre d'affaires pour l'ensemble de l'année.
  • Boeing : les pertes trimestrielles atteignent 3,3 Mds$, à cause des pertes sur certains programmes militaires.
  • Crédit Suisse : 4 MdsCHF de perte nette pour la banque au T3 et une augmentation de capital du même montant à venir. Les charges de restructuration devraient atteindre 2,9 MdsCHF d'ici 2024. La division SPG va être vendue à Pimco et Apollo.
  • Daimler Truck : relève ses perspectives pour 2022 après une augmentation des ventes au troisième trimestre.
  • Ford : le constructeur accuse un passif de 2,7 Mds$ ou T3, après une dépréciation sur sa filiale spécialisée dans la voiture autonome, fermée depuis.
  • Meta Platforms : Le titre plonge de 20% hors séance après des résultats médiocres.
  • Repsol : le bénéfice net du T3 ressort à 3,2 Mds€.
  • Samsung Electronics : Les bénéfices sont en baisse de 31% au T3, à cause de la baisse de la consommation.
  • Shell : le bénéfice net du T3 atteint 9,45 Mds$.
  • Unilever : la croissance organique dépasse les attentes à 10,6% au T3.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures