New York (awp/afp) - Wall Street a nettement reculé lundi à la clôture d'une séance marquée par une chute des valeurs technologiques dans le sillage d'un nouveau plongeon d'Apple et de la société de semi-conducteurs Nvidia.

L'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a cédé 3,03% à 7.028,48 points, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average lâchant de son côté 1,56% à 25.017,44 points, et l'indice élargi S&P 500 1,66% à 2.690,73 points, effaçant ses gains sur le mois de novembre.

"Il s'est agi principalement d'un naufrage des valeurs technologiques", a affirmé Peter Cardillo de Spartan Capital.

Géant de la cote, Apple a poursuivi lundi sa déroute boursière en abandonnant 3,96%, après qu'un article du Wall Street Journal a expliqué que le fabricant de l'iPhone avait réduit les commandes pour la production de ses derniers modèles de smartphones dévoilés cette année.

"Cela a été un signal assez clair au marché", a réagi M. Cardillo.

Depuis la publication de ses résultats trimestriels début novembre, les notes d'analystes se sont succédé pour faire part de prévisions moins optimistes qu'auparavant, précipitant d'autant la chute du titre.

A l'esprit des investisseurs depuis plusieurs semaines, la crainte d'une fin d'année morose a fait tomber le cours d'Apple de plus de 20% depuis son plus haut historique du 3 octobre.

Le PDG d'Apple, Tim Cook, a également estimé qu'une règlementation pour encadrer le secteur de la high tech et des réseaux sociaux allait être "inévitable" pour protéger les données des utilisateurs, dans une interview diffusée dimanche.

Dégringolade à deux chiffres

L'inquiétude liée à Apple a affecté le secteur des semi-conducteurs, qui produit notamment des composants pour la marque à la pomme. Mais celui-ci a surtout été à la peine dans le sillage des résultats financiers en fin de semaine dernière de l'un de ses principaux membres, Nvidia.

Son cours a dégringolé de 12,0% lundi après avoir déjà perdu 18,7% vendredi.

L'ensemble des valeurs technologiques ont souffert de toutes ces inquiétudes, à l'instar de Netflix (-5,45%), Alphabet (maison mère de Google, -3,82%), Amazon (-5,09%) et Facebook (-5,72%), le réseau social terminant avec 131,55 dollars à son plus bas depuis février 2017.

"Il semble y avoir une réévaluation du prix en Bourse de ces entreprises à forte croissance", a indiqué Sam Stovall de CFRA.

Après avoir mené Wall Street à des sommets historiques cette année, les grandes valeurs technologiques traversent désormais un automne très chahuté, caractérisé par des plongeons à deux chiffres depuis début octobre, et emportant l'ensemble des secteurs, du fait de leur poids.

La chute de ces géants, sur fond de prévisions de résultats décevants, est de nature à relancer les interrogations sur un éventuel ralentissement à venir de la croissance.

Le marché a également souffert lundi de la contraction d'un indice de confiance des constructeurs américains pour novembre, sur fond de hausse des taux d'intérêt de la banque centrale américaine (Fed).

"Pour faire simple, le marché immobilier est en train de stagner, voire de reculer", a constaté M. Cardillo.

Les hausses de taux de la Fed renchérissent par capillarité les coûts d'emprunt qu'imposent les banques aux ménages et aux entreprises dans le pays, et notamment sur le marché immobilier.

"Nous sommes à peu près certains d'augmenter encore un peu les taux mais c'est au regard d'une économie très forte", a justement déclaré lundi à ce sujet le numéro deux du comité monétaire de la Fed, John Williams.

A l'ouverture de Wall Street lundi, les observateurs prédisaient une semaine plutôt calme en raison des célébrations de Thanksgiving aux Etats-Unis qui verront les marchés fermer jeudi et clôturer plus tôt vendredi.

Mais certains, à l'instar de JJ Kinahan de TD Ameritrade, ont alerté sur le fait que des volumes plus faibles pouvaient ouvrir la voie à une volatilité plus élevée.

"Un vieux proverbe dit que Thanksgiving appartient à ceux qui parient sur une chute de Wall Street et Noël à ceux qui misent sur un rebond", a expliqué de son côté M. Stovall.

afp/rp