Pékin a donc choisi de riposter par une guerre des devises à la stratégie de surtaxation sans préavis Donald Trump de 300Mds$ de produits chinois annoncée jeudi dernier.

La PBOC (qui définit le corridor de fluctuation quotidien du Yuan) a donc élargi la fourchette de près de 1,5%... et le fait vendre massivement.

Le 'Renmimbi' dévisse de -1,4%, vers 7,045/$, une des plus fortes chutes de la décennie en 24H, pour une parité qui est la plus basse jamais observé depuis 11 ans.

Le 'VIX' explose de +40% à à 24,70 et la jauge du stress double en 6 séances (on part de 12,15 lundi dernier à 15H30), passant de la zone de 'complaisance' à la zone 'panique' (un tel basculement en un laps de temps aussi court ne connait que quelques rares occurrences par décennie).

C'est peut-être l'écart qui résumera le mieux cette séance du lundi 5 août, la pire de l'année 2019, la pire depuis le 10 octobre 2018 (-820Pts) et en intraday, la pire depuis le 5 février 2018 (-1.180Pts).

Plus que les -3% du S&P500 (et c'est même pire après clôture) ou les -3,5% du Nasdaq, 100% des valeurs du Dow Jones et du Nasdaq-100 ont fini dans le rouge.
Ce sont pas moins de 98% des valeurs du S&P500 qui terminent sur une perte avec des corrections sectorielles qui assomment beaucoup de gestions très investies sur les valeurs à fort PER, avec -4,2% sur les 'technos'.

La chute des rendements des FED funds vers de nouveaux planchers annuels (-13Pts sur les T-Bonds à 1,74%) débouche le recul de -3% des valeurs financières exposées au crédit (mais Goldman Sachs chute également de -3,7%).

La perspective d'un ralentissement économique plombe de -3% le secteur 'énergie'... lequel représente plus de 20% des émissions 'high yield'... qui commencent à brûler les doigts aux gérants avides de rendement, jusqu'à l'aveuglement.
Il n'y a aucune liquidité sur la plupart des émissions classées 'BBB-' ou 'BB'... le piège se referme: il n'y a que des vendeurs potentiels et aucune contrepartie dans un contexte d'aversion au risque tel que celui qui surgit avec un VIX à +40%.

Au-delà de la riposte -bien prévisible- chinoise aux dernières menaces de taxes douanières de Donald Trump, c'est surtout l'arme employée, celle de la guerre des changes, qui traduit le degré de colère de Pékin: il y avait toute une infinité de réponses plus ou moins agressive... et faire plonger le Yuan, c'est très 'agressif'.

Car le 'Renmimbi' était depuis plus de 10 semaines parfaitement stabilisé par la PBOC au sein d'une étroite fourchette 6,85/6,93 face au Dollar (démentant les accusations récurrentes de Trump de manipulation de la devise à à la baisse).

Et la Chine suspend également ses importations de produits agricoles américains, puis poursuit ses exportations de Fentanyl vers les USA (Donald Trump considère que c'est un poison), ne semble plus tenter d'éviter une grave escalade des tensions commerciales.

'La Chine a répondu aux Etats-Unis : les entreprises publiques n'importeront plus de denrées agricoles américaines, le CNY s'est fortement déprécié et la PBOC ouvre les cordons de la bourse', souligne ainsi LBPAM.

'Si les instruments utilisés sont très classiques, l'ampleur de la réaction inquiète. La crainte principale est alors que nous entrions dans une période longue de tensions fortes comme actuellement, dans ce cas l'économie serait très affectée', poursuit-il.

Sur le front des statistiques US, passé complètement au second plan, l'indice ISM non-manufacturier (du tertiaire) chute de -1,4Pts, à 53,7 le mois dernier contre 55,1 en juin, alors que les économistes l'attendaient quasi stable autour de 55.
Si la composante des nouvelles commandes s'est repliée, passant de 55,8 en juin à 54,1 en juillet, le sous-indice de l'emploi s'est quant à lui amélioré, à 56,2 contre 55 le mois précédent... une mince consolation.

Une petite revue d'effectifs des grands perdants du jour pour terminer: le Nasdaq alignait une 6ème séance de repli consécutif dans le sillage de C.Trip -8,1%, JD.Com -6,6%, Nvidia -6,5%, Twitter -5,8%, Align Techno -5,5%, Cadence Design -5,3%, Apple -5,2%, Microchip -5%, AMD -4,9%, Applied Materials -4,4%, Facebook -3,9%, Oracle -3,7%, Cisco -3,5%, MSFT -3,4%, Paypal et Qualcomm -3,3%...

Les pétrolières ont pâti d'un baril qui perd -1,5% (à 54,9 sur le NYMEX) avec Range -8%, Valero -6,6%, Diamond Back -6,2%, Marathon Oil -5,9%, Hess -5%, Apache ou Devon -4%, Halliburton, Occidental ou Conoco -3,5%...

Seulement 2% de valeurs ont fini en hausse ou à l'équilibre au sein du S&P500, dont la très défensive Tyson Food +5,1%, Newmont Mining +1,4%, puis les 2 fournisseurs d'armement du Pentagone, Raytheon et Northrop +0,5%.


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