New York (awp/afp) - Wall Street baissait fortement mercredi à l'ouverture, lestée par la dégringolade des taux sur le marché obligataire, signe que les investisseurs craignent un fort ralentissement de la croissance.

Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, perdait 1,26%, à 25.700,76 points, aux alentours de 14H30 GMT, après avoir perdu plus de 2% peu après l'ouverture.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, lâchait 0,47%, à 7.796,56 points, et l'indice élargi S&P 500 reculait de 0,85%, à 2.857,34 points.

La Bourse de New York avait connu un rebond mardi en dépit de la vivacité des tensions commerciales sino-américaines: le Dow Jones avait pris 1,21% et le Nasdaq 1,39%.

Mais les investisseurs semblaient surtout troublés mercredi par la chute des taux sur le marché obligataire.

Le plus regardé, le taux d'intérêt à 10 ans sur la dette américaine, est temporairement passé sous le seuil de 1,6%, pour la première fois depuis 2016.

Le taux à 30 ans descendait lui à 2,133% vers 14H30 GMT, s'approchant de son plus bas niveau historique atteint en juillet 2016.

"La vitesse avec laquelle les rendements des obligations ont chuté témoigne des inquiétudes croissantes des investisseurs d'une (possible) récession", a souligné Karl Haeling, de LBBW.

En période de repli, la demande pour des actifs considérés plus sûrs, comme les obligations, a tendance à augmenter, faisant monter leur valeur mais baisser leur rendement.

"Quand l'économie ralentit, on achète des obligations. Quand elle accélère, on achète des actions", a expliqué Grégori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.

"La baisse des taux obligataires montre que les investisseurs craignent une récession, ou au moins un ralentissement de l'économie, qui pourrait être aggravé par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine", a poursuivi l'expert.

Ces craintes ont d'ailleurs poussé les banques centrales d'Inde, de Thaïlande et de Nouvelle-Zélande à abaisser leur taux.

En Europe, le taux allemand à dix ans (Bund), considéré comme la référence pour les taux longs, a atteint un nouveau plus bas historique de -0,592% en séance.

Le rendement obligataire de même maturité de la France a, de son côté, crevé un plancher, à -0,328% en milieu de journée mercredi.

"Le montant global de la dette avec un rendement négatif continue d'augmenter sous l'impulsion des taux obligataires allemands. Cela fait pression sur le rendement à 10 ans des bons du Trésor américain", a commenté Nicholas Colas, de DaTrek.

Autre valeur refuge pour les acteurs du marché, l'once d'or a franchi mercredi la barre des 1.500 dollars, pour la première fois depuis 2013.

Le président américain Donald Trump a réitéré mercredi, dans une longue série de tweets, ses diatribes contre la Banque centrale américaine (Fed), exigeant qu'elle réduise les taux "plus vite et plus fort" et la traitant d'"incompétente".

Il a toutefois écarté un peu plus tard les préoccupations concernant Wall Street. "J'aurais peut-être anticipé encore plus" la réaction du marché, a-t-il déclaré à la presse. "En fin de compte, cela ira beaucoup plus haut parce que la Chine était comme un boulet pour nous".

Le secteur bancaire américain souffrait particulièrement de la baisse des principaux indices de Wall Street: Goldman Sachs reculait de 2,4%, JPMorgan Chase de 3,26% et Bank of America de 3,61%.

Le sous-indice représentant les valeurs financières au sein du S&P 500 lâchait 2,83%.

Par ailleurs, Disney perdait 4,99% après avoir annoncé mardi des résultats trimestriels inférieurs aux attentes notamment à cause de l'acquisition mal digérée de 21 Century Fox.

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