Une bonne partie des responsables de la Fed estiment qu'il faudra encore rehausser les taux d'intérêt "à court terme", au vu du compte rendu de la réunion de politique monétaire des 31 octobre et 1er novembre publié mercredi.

Les responsables de la banque centrale se sont demandé pourquoi l'inflation restait depuis plusieurs années au-dessous de l'objectif de 2%; la plupart ont convenu que le dynamisme du marché du travail se traduirait sans doute par une remontée de l'inflation à moyen terme.

Pour autant, ces "minutes" n'ont rien appris de bien neuf au marché qui n'a guère réagi, comme l'a observé John Velis (Global Macro Strategy).

La veille, la président Janet Yellen s'était dite mardi "très incertaine" sur un rebond rapide de l'inflation qu'elle persiste néanmoins à prévoir, évoquant la possibilité de prix durablement bas dans les années à venir.

Une nouvelle hausse des taux de 0,25 point le mois prochain est considérée comme étant pratiquement acquise. Le resserrement monétaire de la banque centrale s'est fait de façon suffisamment progressive pour ne pas ébranler Wall Street, dont l'indice S&P-500 est en hausse de quelque 16% depuis le début de l'année.

Le Dow Jones a perdu 64,65 points, soit 0,27%, à 23.526,18 points. Le S&P-500 a cédé 1,95 point (0,08%) à 2.597,08 points. Le Nasdaq Composite a gagné 4,88 points (0,07%) à 6.867,36 points.

Les volumes ont été ténus à la veille de Thanksgiving, journée fériée durant laquelle Wall Street sera fermée. La Bourse ne sera ouverte que pour une demi-séance le lendemain ("Black Friday"). Le volume des échanges a été de l'ordre de 5,18 milliards de titres échangés, bien inférieur à la moyenne de 6,66 milliards des 20 dernières séances.

Aux valeurs, Hewlett Packard Enterprise a décroché de 7,22%, après avoir annoncé mardi le départ de sa directrice générale Meg Whitman, qui laissera les commandes du groupe à son numéro deux Antonio Neri le 1er février.

HP, l'autre société née de la scission du groupe informatique et qui a recueilli les pôles PC et imprimantes, a laissé 5% en raison de résultats trimestriels jugés peu brillants.

A l'inverse, le spécialiste des semiconducteurs Qualcomm a gagné 2,2%, son concurrent Broadcom (-0,44%)envisageant de relever son offre après avoir consulté plusieurs grands actionnaires de sa cible, ont déclaré mercredi des sources proches du dossier.

Les opérateurs télécoms Verizon et AT&T ont gagné respectivement 2,0% et 1,6% car ils devraient tirer parti du projet gouvernemental d'abroger la loi sur la neutralité d'internet telle qu'elle avait été mise en place par l'administration de Barack Obama.

Les "minutes" de la Fed, des statistiques en demi-teinte et des transactions techniques ont pesé sur le dollar qui est tombé à son plus bas depuis octobre face à un panier de devises, réalisant sa plus mauvaise performance depuis cinq mois.

Les nouvelles commandes de biens durables ont baissé de manière inattendue en octobre aux Etats-Unis, après trois mois consécutifs de hausse, mais la progression les livraisons montre toutefois que l'économie poursuit sur sa lancée.

Le moral des ménages américains s'est dégradé en novembre mais de façon un peu moins nette qu'estimé initialement, suivant les résultats définitifs de l'enquête mensuelle de l'Université du Michigan, mais cette dernière a aussi montré une dégradation des anticipations pour l'inflation sur le long terme.

L'indice du dollar a perdu 0,75% à un plus bas depuis le 20 octobre.

Les cambistes conviennent cependant que le net recul du dollar s'explique aussi en bonne part par des volumes anémiques à la veille de Thanksgiving et par des ordres qui se sont déclenchés automatiquement une fois que le dollar a touché certains seuils.

Volumes très réduits également sur le marché obligataires où les Treasuries ont légèrement monté à la suite de la publication du compte rendu de la Fed.

"Décembre (pour une hausse des taux) c'est du tout cuit", a dit Justin Lederer (Cantor Fitzgerald). "Après ça, il suffira de surveiller les statistiques d'inflation".

L'écart de rendement entre les papiers à deux et 10 ans est resté proche de son plus bas de 10 ans, à 58,5 points de base, après être tombé à 57,4 points de base mardi, le plus faible depuis la fin 2007.

Sur le marché pétrolier, les cours ont terminé en hausse mercredi sur le Nymex mais ont un peu réduit leurs gains en réaction à la statistique des réserves américaines.

(Avec Dion Rabouin et Karen Brettell)

par Sruthi Shankar et Rodrigo Campos