New York (awp/afp) - Alors que la tension et l'incertitude continuaient de planer sur les résultats de l'élection présidentielle américaine, la Bourse de New York manifestait jeudi un optimisme débordant, comme depuis le début de la semaine, semblant trouver son compte face à la possibilité d'un enlisement politique.

L'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones Industrial Average (DJIA), prenait 2,17% à 28.452,92 points vers 15H45 GMT.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, gagnait 2,18% à 11.843,31 points et l'indice élargi S&P 500, le plus représentatif du marché américain, était en hausse de 2,18% à 3.518,57 points.

Wall Street avait déjà fini en forte hausse mercredi, attentive aux résultats d'un scrutin présidentiel ultra-serré entre le président républicain sortant Donald Trump et le démocrate Joe Biden: le Dow Jones avait pris 1,34% et le Nasdaq 3,85%.

A mesure que les votes par correspondance étaient dépouillés dans les derniers Etats-clés, M. Biden était bien positionné pour accéder à la Maison Blanche.

Mais plus que le nom du prochain président américain, les investisseurs accueillaient positivement un probable blocage politique au Congrès où les républicains pourraient garder le contrôle du Sénat et les démocrates conserver leur avantage à la Chambre des représentants.

Les marchés sont de plus en plus persuadés "qu'il y aura un Congrès scindé en deux avec une majorité démocrate à la Chambre et une majorité républicaine au Sénat", souligne Patrick O'Hare de Briefing.com.

Dans un tel scénario, "si c'est le président Trump qui l'emporte, il n'y aura pas de changement défavorable de la politique fiscale. Le marché pense que, si l'ancien vice-président Biden l'emporte, il n'y aura pas non plus de changement défavorable de la politique fiscale", ajoute l'expert.

Avec un Sénat contrôlé par les républicains, une administration démocrate aurait du mal à faire adopter des hausses d'impôts sur les grandes fortunes et les grandes entreprises ainsi que des taxes plus importantes sur les profits boursiers, comme cela est prévu dans le programme de M. Biden.

Autre sujet que le marché observe avec attention: de nouvelles mesures d'aides pour soutenir entreprises et ménages américains frappés par les conséquences du coronavirus.

Les deux partis n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un texte de compromis avant la présidentielle.

"Le marché estime que tout plan de relance devrait être plus modeste (voire beaucoup plus modeste) que le paquet d'environ 2.000 milliards de dollars envisagé avant l'élection et qu'il est possible qu'il faille attendre jusqu'à 2021", note M. O'Hare.

Cela se répercutait sur le marché obligataire, où le taux sur les bons du Trésor américain à 10 ans reculait depuis le début de la semaine, signe de l'intérêt des investisseurs pour un actif réputé pour la sûreté de ses rendements.

La Big Tech à la fête

Confrontés à la possibilité d'une croissance au ralenti, les acteurs du marché se réfugiaient également vers les géants américains du numérique, qui semblent offrir des perspectives plus réjouissantes.

Un Congrès divisé éloignerait les risques de démantèlement de ces mastodontes, sous le coup de plusieurs enquêtes et poursuites judiciaires aux Etats-Unis, notamment pour abus de position dominante.

Les titres d'Apple, de Facebook et d'Amazon montaient de plus de 2% à Wall Street.

Parmi les autres valeurs du jour, le constructeur automobile américain General Motors (+2,39%) était orienté à la hausse, porté par des résultats trimestriels où la demande aux Etats-Unis pour ses 4x4 de ville et ses pick-up a grimpé.

Le laboratoire pharmaceutique américain Merck (+2,09%) montait après l'annonce du rachat du spécialiste des traitements anti-cancéreux VelosBio pour 2,75 milliards de dollars

Au rang des indicateurs, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont un peu baissé, 751.000 personnes s'étant inscrites au chômage la semaine dernière aux Etats-Unis, soit 7.000 de moins que la semaine précédente.

Les acteurs du marché attendaient aussi l'issue jeudi de la réunion monétaire de la Réserve fédérale (Fed). Elle pourrait faire part de nouvelles mesures de soutien à l'économie, qui montre des signes d'essoufflement.

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