Quel final ! Une irrésistible algo-bulldozer a été enclenché à une heure de la clôture : il a propulsé d'un seul élan et sans le moindre accroc baissier le Russel jusque vers 1.229Pts (+4,4%) et le Dow Jones de 23.878 jusque vers 24.242, soit +3%.

Mais surtout, le Dow Jones engrange +26,4% depuis la précédente séance des 'sorcières' du 20 mars, ce qui doit constituer un record absolu.

Tout avait commencé dans la soirée de jeudi (vers 22H30) par la publication d'un article sur le site de Barron's qui indique que 125 patients auraient été apparemment 'guéris' (le rapport évoque une 'amélioration rapide' de l'état des malades) par le Remdesivir (développé par Gilead qui a bondi de +10%) alors que de nombreux tests précédents n'attestaient d'aucune efficacité de ce médicament sur le Covid19... mais Wall Street faisait immédiatement mine de prendre très au sérieux cette piste... tranchant avec le scepticisme qui prévalait jusqu'ici.

Le Dow clôture le terme boursier d'avril au coude à coude avec le Nasdaq-100 (+0,8%) qui engrange +26,5% en 4 semaines... mais qui parvient à repasser positif de +1% sur l'année 2020.

Le message est clair : avec le récent déferlement 'd'argent magique', avec la FED aux commandes, qui pilote la valorisation de toutes les classes d'actifs, la crise du Covid-19 n'existe pas, le 'Grand Confinement' n'a jamais eu lieu, les dividendes attendus seront au rendez-vous.

Tout se passe comme si l'économie n'allait pas ralentir, comme si les 'buybacks' allaient continuer de doper artificiellement les dividendes, comme si la visibilité restait est tout aussi limpide sur les 3 ou 4 prochaines années qu'au soir du 31 décembre 2020.

Autrement dit, le marché est une entité administrée qui n'a plus aucun pouvoir d'anticipation ni d'évaluation des bons ou des mauvais business : tout se vaut, le risque de faillite n'existe plus.

Et comme ce vendredi fut la journée des paradoxes, l'effondrement du pétrole de -10% sous les 18$ (au plus bas depuis avril 1999) s'accompagne d'une flambée historique des valeurs pétrolières qui gagnent plus de 10% en moyenne.
Wall Street semble faire le pari qu'un grand plan de sauvetage du secteur (gros pourvoyeur d'emplois) est en préparation (alors qu'il est considéré comme non viable depuis 2014).
Les spectaculaires hausses qui suivent démontrent qu'il ne manque plus que la signature pour sa mise à exécution: Marathon Petroleum +16%, Valero +15%, Hess +14,8%, ROG +14,6%, Halliburton et Conoco +13,5%, Apache +13,4%, Diamondbak +12,5%, Occidental +11,7%, Noble +11,3%, Exxon +10,4%... à moins qu'il ne s'agisse que d'une vague de rachats de 'short' d'une puissance inégalée depuis 2010.

Mais l'hypothèse d'un sauvetage tient la corde à en juger par la flambée du secteur financier (+5,4%) et des établissements de crédit : Citizen's Financials s'envole de +15,6%, PNC financial +12,1%, Citigroup +12,4%, Keycorp +11%, JP Morgan +9%, Bank of America +8,7%, Wells Fargo +5,5%...

Le Dow Jones a bénéficié du rebond de Boeing (+14,7%) qui annonce -sous le pression de Donald trump, rouvrir son site de production de Seattle, alors que des centaines d'avions déjà construits (majoritairement des 737-Max) n'ont plus d'acquéreurs après des annulations de commandes en cascade depuis l'été dernier

Le Nasdaq (+1,38% mais +6% sur la semaine), a été freiné, une fois n'est pas coutume par Apple et Amazon -1,4%, puis Netflix (-3,4%).
Goldman Sachs annonçait qu'il passe à 'vendre' sur Apple après la clôture, estimant que le ralentissement économique pourrait freiner les dépenses des ménages plus sévèrement que prévu (les ventes d'i-Phones sont anticipée en baisse de -30% au T2), la nécessité de remplacer un appareil qui fonctionne parfaitement ne semble plus une priorité (un raisonnement qui peut s'étendre à beaucoup de secteurs très dépendants de la consommation).

La question cruciale est : Apple va t'il continuer ses 'buybacks' comme si de rien n'était (une véritable 'cash machine' pour ses actionnaires) quand la moitié des entreprises du S&P500, trop endettées, vont devoir y renoncer pour très longtemps.

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