Il y a pas mal de trucs qui ne se passent pas du tout comme prévu dans le monde. La piste de la récession américaine ne fonctionne pas du tout. Celle de l’effondrement de la dette privée à cause de la hausse des taux non plus. Pas plus que la disparition des cryptomonnaies. Même l’évaporation définitive de David Cameron a échoué, c’est dire. Tout fout tellement le camp qu'une guerre au Proche-Orient ne fait pas monter le pétrole. Pire, il chute. Je suis à deux doigts de rejoindre James Galbraith quand il affirme que les économistes de l’ancienne école sont de gros nuls.

Le gros événement de la veille sur les marchés financiers est le plongeon de 5% des cours pétroliers. La hausse des stocks aux Etats-Unis a joué cette semaine le rôle de catalyseur pour une prise de conscience que la production globale semble excessive au regard du contexte économique. Une fois balayé le clignotant rouge du bon sens qui pousse à penser que si la demande est faible, c'est que l'économie va mal, les investisseurs en ont vite conclu que cet accès de faiblesse est de bon augure pour les prix. Donc pour la désinflation. Donc pour l'assouplissement de la politique monétaire.

Assez logiquement, les actions du secteur énergétique ont pris une bonne claque hier. Cela a contribué à faire clôturer la plupart des marchés européens en baisse. La France a été pénalisée par l’onde de choc de l’avertissement de Burberry, qui a mis sous pression le secteur du luxe parisien, surreprésenté dans le CAC40. Le plongeon du pétrole a douché les espoirs de Londres ou d’Amsterdam de briller. Seuls le DAX allemand, l'IBEX espagnol et l'OMX Copenhague danois sont parvenus à surnager.

Aux Etats-Unis, les trois principaux indices ont clôturé sur des variations inférieures à 0,15%, en légère hausse pour le S&P500 et le Nasdaq et en légère baisse pour un Dow Jones lesté par les plongeons de Cisco et Walmart, torpillés pour leurs résultats trop faibles. La queue de saison des publications de résultats provoque de la volatilité ciblée, mais ne modifie guère le courant global consistant pour les investisseurs à se laisser porter par l'espoir d'une série de baisses de taux l'année prochaine aux Etats-Unis.

Ce matin, le marché déblatère sur les mauvais chiffres d'Applied Materials, les bons de The Gap et la chute d'Alibaba, qui renonce à son, potentiellement, lucratif projet de scinder sa division cloud.

Mais trêve de Grande Histoire, intéressons-nous plutôt à une petite histoire. Le 17 novembre est la date anniversaire de l'entrée en bourse de Renault en 1994. Le constructeur avait passé les 50 années précédentes au purgatoire de l'Etat français, pour bons et loyaux services rendus à l'occupant allemand. Il y a 29 ans, les particuliers avaient pu toucher les actions à 165 francs pièce, alors que les zinzins, les investisseurs institutionnels, avaient dû s'acquitter de 176 francs. Le prix de 165 FRF correspond à 25,15 EUR, à comparer à 35,70 EUR aujourd'hui. En données brutes, l'action a donc gagné 42% en 29 ans. Pas fameux, puisque cela correspond à une moyenne annuelle de 1,22%. Surtout si l'on prend en compte une inflation annuelle moyenne de 1,6% sur la période : le rendement réel est négatif.

Heureusement, il y a eu quelques coupons pour améliorer (un peu) le bilan. En réinvestissant la totalité des dividendes versés pendant 29 ans pour acheter des actions Renault, le rendement annuel moyen passe à 3,59%. Après inflation, le bilan reste positif, mais on n'est pas sur du Microsoft. Le rendement réel ressort à 1,94% par an. Contre 1,3% au Livret A par exemple ou 7,25% pour le S&P500.

Bref, Renault n'est pas l'affaire du siècle en bourse. A moins bien sûr d'être un talentueux funambule capable d'exploiter les montagnes russes du titre, puisqu'on est quand même sur un dossier qui a oscillé entre 100,80 (en mars 2018) et 12,77 EUR (en mars 2020) sur les six dernières années. Les amateurs de chiffres n'auront pas manqué de noter que pour ses 30 ans de bourse, l'année prochaine, Renault va vraisemblablement se scinder en deux, avec d'un côté les véhicules thermiques et de l'autre les véhicules électriques sous bannière Ampère.

Quant aux plus anciens, ils se souviennent probablement de l’existence du titre participatif Renault (on le retrouve ici). Le TP Renault, c’est un peu comme un Mox Sapphire pour un joueur de Magic, ou un bon vinyle des années 70 dans son édition originale pour un amateur de 33 tours : il est mythique. Mais pas si rare. Ces titres perpétuels avaient été émis en 1983 et 1984, dix avant l’introduction en bourse, à 1000 francs pièce par la Régie Renault. Leur particularité ? Une rémunération annuelle minimum de 9%, dont 6,75% de fixe et 2,25% de variable minimum, voire plus en fonction de la progression du chiffre d’affaires. Vous avez les détails ici. Personnellement, je venais à peine de maîtriser la lecture en 1983, qui plus est en montagne où l’on est réputé être plus bas de plafond qu'ailleurs, aussi n’ai-je rejoint le clan des initiés qu’en 2004, lorsque Renault tentât vainement de retirer les TP de la cote via une OPA. Tout est là, même le design Powerpoint de l’époque. La valeur nominale de ces titres était de 152,45 EUR (après le passage à l’euro) et le cours à la date de l’OPA de 377,90 EUR. A titre indicatif, le coupon total versé chaque année a oscillé entre 13,86 et 19,84 EUR de 1984 à 2004, soit entre 9,1% et 13% du nominal. Renault a proposé 450 EUR par titre, mais l’opération n’a pas permis d’atteindre le niveau requis pour sortir les titres de la cote. En 2023, il restait en circulation quasiment 800 000 des 2 millions de TP émis en 1983 et 1984.Ils ont obtenu une rémunération de 23,66 EUR en tenant compte des revenus de l’année 2022, pour une cotation de 280 EUR actuellement, soit un rendement de 8,5%. Notez qu’il existe encore des titres participatifs d’autres vieilles possessions de l’Etat : BNP Paribas, Sanofi et Saint-Gobain notamment.

Quittons le petit bout de la lorgnette française pour revenir sur les marchés actions internationaux. Les marchés d'Asie Pacifique clôturent en ordre dispersé. Le Nikkei 225 japonais gagne 0,5% et l'Inde surnage. Mais Hong Kong coule de 2%, emporté par Alibaba, tandis que la Corée du Sud cède 1% et que l'Australie recule de 0,1%. Les indicateurs avancés européens sont positionnés pour un rebond.

Les temps forts économiques du jour

Au programme, une seconde estimation de l’inflation européenne d’octobre (11h00) et les permis & mises en chantier aux Etats-Unis en octobre (14h30). Tout l'agenda ici.

L'euro varie peu 1,0849 USD. L'once d'or s'échange à 1985 USD. Le pétrole a lourdement chuté hier, avec un Brent de Mer du Nord à 77,42 USD le baril et un brut léger américain WTI à 72,92 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 4,45%. Le bitcoin évolue autour de 36 310 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas: Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 220 à 215 EUR.
  • Alstom: Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 14 à 13,50 EUR. JP Morgan maintient son avis de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 22 à 18 EUR. Morningstar maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 25,30 à 17 EUR.
  • Anglo American: Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché et relève l'objectif de cours de 2480 à 2680 GBX.
  • Arkema: HSBC maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 114 à 111 EUR.
  • Asos: Citigroup maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 570 à 490 GBX. Peel Hunt maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 550 GBX à 375 GBX.
  • Bâloise Holding: HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 147 à 145 CHF.
  • Basf: HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 47 à 43 EUR.
  • Boliden: DNB Markets maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 330 à 380 SEK.
  • Burberry Group: Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 2730 à 2500 GBX. JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 2200 à 1800 GBX. Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 2100 à 1900 GBX. RBC Capital maintient sa recommandation de performance de secteur et réduit l'objectif de cours de 1900 GBX à 1700 GBX. Telsey Advisory Group maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours réduit de 2800 à 1800 GBX.
  • Cembra Money Bank: Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 77 à 72 CHF.
  • Continental: Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 71 à 70 EUR.
  • Covestro: HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 53 à 50 EUR.
  • Evonik Industries: Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 16,50 EUR à 17,50 EUR.
  • Johnson Matthey: HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 19 à 17 GBP.
  • KBC Groupe: Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 74 à 69 EUR.
  • Lanxess: HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 30 à 25 EUR.
  • Marks & Spencer Group: Morgan Stanley maintient son avis de surpondérer et relève l'objectif de cours de 280 GBX à 285 GBX.
  • Mercedes-Benz Group: Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 97 à 90 EUR.
  • Nagarro: Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 91 à 88 EUR.
  • Nibe Industrier: SEB Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 71 à 75 SEK.
  • Porsche: Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 141 à 124 EUR.
  • Puma: Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 90 à 85 EUR.
  • Renault: Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 51 à 48 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech: Morningstar maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 287 à 240 EUR.
  • Soitec: Susquehanna maintient une recommandation positive avec un objectif de cours réduit de 285 à 245 EUR.
  • Stellantis: Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 24 à 25 EUR.
  • Umicore: HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 30 à 26 EUR.
  • Varta: Goldman Sachs maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 16 à 17 EUR.
  • Vestas Wind Systems: JP Morgan passe de souspondérer à neutre avec un objectif de cours relevé de 140 DKK à 161 DKK.
  • Zurich Insurance Group: Citigroup reste à recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 430 à 457 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Kering émet 800 M£ d’obligations à 3 et 9 ans.
  • TotalEnergies dénonce le rapport de GreenFaith sur son projet en Ouganda et en Tanzanie.
  • Teleperformance émet 1,4 Md€ d’obligations à 5 et 8 ans.
  • Saint-Gobain émet 2 milliards d'euros d'obligations en deux tranches à 3 et 7 ans.
  • Eiffage signe un contrat de génie civil de plus de 4 milliards d'euros avec EDF.
  • Spie signe un accord pour l'acquisition de l'activité Grid Solutions de Strukton.
  • S&P relève la note d'Elis d'un cran, à "BBB-", pour une arrivée en catégorie d’investissement.
  • S&P relève la note de crédit de Vallourec de "BB-" à "BB", avec une perspective positive.
  • Verallia et Charwood Energy vont développer une centrale de production de syngaz
  • Quadient signe un partenariat avec Altares en France pour l’intégration de données décisionnelles enrichies à sa solution de gestion des comptes clients.
  • Boom Supersonic et Latecoere signent un accord stratégique pour Overture et Symphony.
  • Genfit se concentre sur le traitement de l'ACLF.
  • Les actionnaires d'Implanet valident le projet de levée de fonds.
  • Le petit coin de la dilution: Pharnext émet 0,5 M€ via son OCEANE-BSA.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Bastide, Wallix, Parrot, Jacques Bogart

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Alibaba chute de 8% à Hong Kong après ses résultats et surtout l'abandon de la scission de l'unité "cloud".
  • Applied Materials chute de 7% hors séance après ses trimestriels.
  • The Gap s'envole de 17% après ses résultats du T3.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'Etat de New York lancera un nouvel appel d'offres pour l'énergie éolienne en mer le 30 novembre.
  • Apple aurait pris du retard dans le développement des puces destinées à remplacer les modèles Qualcomm, selon plusieurs sources.
  • Chez General Motors, l'accord sur la hausse des salaires validé à une courte majorité.
  • Geely chercherait à vendre 100 millions d’actions Volvo, selon Bloomberg.
  • Google retarde la publication de l'IA Gemini qui vise à concurrencer OpenAI.
  • Meta lance des outils d'édition vidéo basés sur l'IA.
  • La Grèce a vendu 20% de National Bank of Greece à 5,30 EUR l'action.
  • Amazon lancera la vente de véhicules en ligne aux Etats-Unis l'année prochaine, en commençant par Hyundai.
  • IBM retire ses publicités de X après une avalanche de tweets controversés d'Elon Musk.
  • L'entreprise de soins de santé de 3M Company s'appellera Solventum après sa scission.
  • Anima rachète Kairos Partners à Julius Bär.
  • Le London Stock Exchange veut racheter 1 Md£ d’actions en 2024.
  • Foot Locker devient le partenaire marketing officiel de la National Basketball Association aux Etats-Unis.
  • Les principales publications du jour : Progressive Corporation, Generali, BekaertTout l’agenda ici.

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