* H&M sous le feu des critiques en Chine pour ses propos sur le Xinjiang

* Appel au boycott d'internautes chinois contre les marques Nike, Adidas et la BCI

* Les entreprises doivent respecter les règles du marché-ministère chinois du Commerce

par Ryan Woo

PÉKIN, 25 mars (Reuters) - D'autres marques étrangères de vente au détail ont fait l'objet de critiques sur les réseaux sociaux en Chine jeudi, dans le sillage de l'offensive de Pékin contre H&M, en raison des préoccupations exprimées par la société suédoise sur la situation dans le Xinjiang.

En début de semaine, la Chine a démenti les allégations de violations des droits de l'homme commises par ses fonctionnaires dans la région occidentale du Xinjiang, après que l'Union européenne, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada ont imposé des sanctions à leur encontre lundi.

Pékin a répliqué par des sanctions contre des fonctionnaires, des universitaires et des institutions européennes.

Mercredi, les médias d'État chinois ont pointé du doigt H&M pour une déclaration rapportée par les médias l'année dernière, dans laquelle le détaillant suédois se disait profondément préoccupé par les informations de travail forcé au Xinjiang, et affirmait ne pas s'approvisionner en produits provenant cette région.

La raison pour laquelle la déclaration de H&M est revenue sur le devant de la scène n'a pas été clairement établie.

Les entreprises doivent respecter les règles du marché et corriger leurs erreurs, a déclaré jeudi le ministère chinois du Commerce, interrogé sur les réactions contre H&M.

Les allégations de travail forcé dans la région de l'extrême ouest sont sans fondement, a dit le porte-parole du ministère, Gao Feng, lors d'une conférence de presse à Pékin.

FRÉNÉSIE

La frénésie des réseaux sociaux, déclenchée par l'appel du gouvernement à empêcher les marques étrangères de ternir le nom de la Chine, a poussé les internautes à rechercher d'autres déclarations de détaillants étrangers sur le Xinjiang.

Nike s'est ainsi retrouvé sous le feu des critiques depuis mercredi, après que des internautes ont lu un communiqué où l'équipementier sportif se disait "préoccupé" par les rapports sur le travail forcé au Xinjiang et indiquait qu'il n'utilisait pas de coton provenant de la région. Son concurrent allemand Adidas se trouve dans la même situation.

De nombreux internautes ont déclaré qu'ils cesseraient d'acheter des produits Nike et soutiendraient les marques locales telles que Li Ning et Anta, tandis que d'autres sont allés jusqu'à demander à Adidas de quitter la Chine.

L'action Anta Sports Products a bondi de plus de 6% à la Bourse de Hong Kong jeudi, après avoir publié une déclaration indiquant qu'elle continuerait à utiliser du coton provenant du Xinjiang. Le titre Li Ning a quant à lui bondi de plus de 7%.

BOYCOTT

Les internautes ont également pris pour cible la Better Cotton Initiative (BCI), un groupe international qui promeut la production durable de coton, qui avait déclaré en octobre qu'elle suspendait son approbation du coton provenant du Xinjiang pour la saison 2020-2021, en invoquant des préoccupations relatives aux droits de l'Homme.

La Chine produit plus d'un cinquième du coton mondial et le Xinjiang représente environ 87% de la production chinoise.

"Si vous boycottez le coton du Xinjiang, nous vous boycotterons. Soit Adidas quitte la BCI, soit vous quittez la Chine", a écrit un internaute. Parmi les membres de la BCI figurent Nike, Adidas et le groupe japonais Fast Retailing .

Nike, Adidas et la BCI n'ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires.

En réponse aux critiques, H&M a déclaré mercredi qu'il respectait les consommateurs chinois et qu'il s'engageait à investir et à se développer à long terme en Chine.

Mais jeudi matin, H&M n'apparaissait pas sur certaines cartes de localisation de magasins chinois et une recherche sur Baidu Maps n'a donné aucun résultat. La boutique officielle du détaillant de vêtements suédois sur Tmall d'Alibaba, une plateforme de commerce électronique, était inaccessible.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Quotidien du Peuple, le principal journal du Parti communiste, a lancé une campagne sur les réseaux sociaux promouvant le coton du Xinjiang.

Muji, la marque de produits minimalistes qui appartient à Ryohin Keikaku, a déclaré jeudi au Global Times qu'elle utilisait du coton du Xinjiang, ce qui lui a valu les éloges des internautes chinois, qui ont salué son "instinct de survie". (Bureau de Pékin, Ryan Woo et Gabriel Crossley, version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)