(Actualisé avec accord sur l'aéroport, propositions de l'Onu, Premier ministre yéménite)

RIMBO, Suède, 12 décembre (Reuters) - Les négociateurs aux pourparlers sur le Yémen qui se déroulent depuis une semaine en Suède sous l'égide de l'Onu se sont entendus mercredi sur le principe de la réouverture de l'aéroport de Sanaa mais les discussions n'ont toujours pas abouti sur le statut du port d'Hodeïda.

La "version finale" de quatre projets d'accord portant sur ces deux sujets mais aussi sur le cadre d'une transition politique et sur la situation économique ont été remis aux représentants du gouvernement yéménite, soutenu par l'Arabie saoudite, et à ceux du mouvement chiite houthi, appuyé par l'Iran, a annoncé une porte-parole des Nations unies.

L'émissaire de l'Onu, Martin Griffiths, qui a réuni les belligérants pour la première fois depuis deux ans, espère recevoir une "réponse positive" à ses propositions avant la fin de la journée, a-t-elle ajouté.

A Aden, où le gouvernement du président en exil Abd-Rabbo Mansour Hadi s'est installé, le Premier ministre yéménite Maïn Abdoulmalik Saïd a dit douter qu'un accord puisse être trouvé sur Hodeïda d'ici la fin des pourparlers, jeudi.

"Nous en avons beaucoup parlé mais dans le peu de temps qu'il nous reste, nous ne pouvons pas débattre de tous les sujets pendant cette session. L'important est d'établir la confiance et nous pourrons ensuite discuter en détail du dossier Hodeïda", a-t-il déclaré.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prévoit néanmoins d'assister en personne à l'ultime séance de discussions, jeudi, et de rencontrer les représentants du gouvernement et des Houthis.

Signe de la volonté de la communauté internationale de mettre fin à ce conflit qui a poussé un pays entier au bord de la famine, les ambassadeurs des cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies disposant d'un droit de veto - Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie - ont aussi assisté mardi aux pourparlers, a-t-on appris de sources informées.

MISE EN GARDE DE TRUMP

Dans une déclaration à Reuters mardi, le président américain Donald Trump a de son côté indiqué qu'il pourrait ratifier une loi que le Sénat envisage de voter pour mettre fin au soutien des Etats-Unis à la coalition arabe qui intervient militairement au Yémen, en réponse à l'assassinat du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi en Turquie.

Il a toutefois conditionné l'arrêt du soutien américain à l'Arabie saoudite à un désengagement de l'Iran du conflit.

Pour Martin Griffiths, la priorité demeure d'éviter une offensive de grande ampleur contre Hodeïda, principale porte d'entrée des marchandises et de l'aide humanitaire au Yémen.

Griffiths essaie pour cela de convaincre les deux camps de retirer leurs forces, d'accepter la mise en place d'une autorité intérimaire qui gérerait la ville et les installations portuaires et d'autoriser le déploiement d'observateurs internationaux.

Les belligérants sont favorables à ce que l'Onu joue un rôle dans le port d'Hodeïda mais ne sont pas d'accord sur le statut de la ville: les Houthis, qui la contrôlent pour le moment, réclament qu'elle soit déclarée zone neutre, tandis que le gouvernement en exil considère qu'elle doit repasser sous son autorité.

"Le diable se cache dans les détails", commente un diplomate qui assiste aux discussions. "Jusqu'où se retirer, comment, qui dirige la ville et fournit les services publics?"

Les deux camps se sont en revanche entendus mercredi sur le principe d'une réouverture de l'aéroport de Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les Houthis, qui serait cependant limitée aux seuls vols intérieurs.

La semaine dernière, ils avaient donné leur accord à un échange de prisonniers qui pourrait concerner jusqu'à 15.000 personnes, selon les listes qu'ils se sont échangées mardi.

Les prochains pourparlers de paix pourraient se tenir au début de l'année prochaine. (Aziz El Yaakoubi, avec Maha El Dahan à ADEN Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)