(Actualisé tout du long)

ADEN, 11 août (Reuters) - Les séparatistes du sud du Yémen ont pris le contrôle d'Aden, fief du gouvernement reconnu par la communauté internationale, fragilisant la coalition menée par l'Arabie saoudite qui tente de briser l'emprise des rebelles chiites houthis, alignés sur le régime iranien et occupant le nord du pays.

Les combats entre les troupes soutenant le gouvernement et des milices séparatistes sudistes ont repris à l'aube pour la quatrième journée consécutive.

Selon un porte-parole des insurgés, des rebelles se sont emparés samedi du palais présidentiel où siège habituellement le gouvernement. Ce représentant a précisé que le bâtiment inoccupé était tombé sans résistance.

Les séparatistes se sont installés chez le ministre de l'Intérieur, Ahmed al Mayssari, qui a fui son domicile à la faveur d'une accalmie dans les combats au cours de la nuit précédente, ont indiqué des sources à Reuters.

La coalition saoudienne a menacé samedi soir de prendre des mesures militaires pour mettre un terme aux combats et a ordonné aux séparatistes de se retirer des camps militaires gouvernementaux qu’ils ont saisis dans la ville portuaire du sud.

Le gouvernement du président Abd Rabbou Mansour a qualifié de "coup d'Etat" la décision du Conseil de transition du Sud (CTS), soutenu par les Emirats arabes unis.

Même si les séparatistes ont un programme opposé au gouvernement de Hadi, ils faisaient partie de la coalition qui intervient au Yémen depuis mars 2015.

"Nous appelons toutes les composantes et formations militaires de la (CTS) (...) à retourner immédiatement à leurs positions et à se retirer de celles qu'elles ont saisies", dit un communiqué du porte-parole de la coalition, le colonel Turki al Malki.

La coalition saoudienne a ordonné un cessez-le-feu immédiat à compter de 13 heures locales et s'est dit prête à utiliser la force contre ceux qui le violeraient, précise-t-il.

Dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche, un porte-parole du CTS indique avoir accepté le cessez-le-feu proposé par la coalition.

NEUF CIVILS ET 20 COMBATTANTS MORTS EN QUATRE JOURS

Les tensions se sont exacerbées la semaine dernière lorsqu'un missile tiré sur un défilé militaire a provoqué la mort de 36 séparatistes. Les affrontements ont éclaté à l'issue des funérailles de plusieurs miliciens, organisées en présence de centaines de personnes sur une colline proche du palais présidentiel.

Neuf civils et vingt combattants ont été tués après quatre jours d'affrontements entre les séparatistes et les forces gouvernementales, selon un bilan des forces médicales.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a invité le gouvernement yéménite et les autres parties impliquées à Aden à se réunir à Ryad pour laisser place à la "prudence et au dialogue" et resserrer les rangs contre les Houthis.

Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a appelé les parties en conflit à cesser les hostilités et à engager un dialogue.

L'Onu tente de mener une médiation pour apaiser les tensions dans l'ensemble du pays et notamment pour mettre en oeuvre une trêve dans la cité portuaire d'Hodeïdah, principal point d'entrée de l'aide humanitaire au Yémen.

Les Houthis, qui contrôlent Sanaa, Hodeïdah et d'autres villes importantes, multiplient les attaques contre des cibles saoudiennes. (Mohammed Mukhashef, avec Stephen Kalin à Ryad, Nayera Abdallah et Samar Hassan au Caire, Maher Chmaytelli et Tuqa Khalid à Dubaï; Pierre Sérisier et Arthur Connan pour le service français)