SAADA, Yémen, 21 janvier (Reuters) - Trois enfants et une
soixantaine d'adultes ont été tués vendredi dans des raids
aériens au Yémen, a déclaré l'ONG Save the Children, alors que
la coalition menée par l'Arabie saoudite intensifie ses
opérations contre les zones contrôlées par les rebelles houthis.
Les trois enfants ont été tués lorsque des missiles ont
frappé la ville portuaire de Hodeida, dans l'ouest du pays, a
précisé l'ONG.
D'après un témoin interrogé par Reuters, une frappe aérienne
a touché également une prison de la province de Saada, dans le
nord du pays, tuant plusieurs personnes dont des migrants
africains.
Selon la chaîne de télévision yéménite Al Masirah, contrôlée
par les Houthis, des dizaines de personnes ont été tuées et
blessées lors de l'attaque. La chaîne a également montré des
images d'hommes tentant de dégager les décombres pour atteindre
les personnes piégées sous les gravats, ainsi que de blessés à
l'hôpital al-Djamhouri de Saada.
Aucun bilan précis n'a encore été annoncé de source
officielle.
La coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite qui
intervient au Yémen depuis 2015 a déclaré vendredi que le
rapport ferait l'objet d'une enquête approfondie.
"Nous prenons ce rapport très au sérieux et il fera l'objet
d'une enquête approfondie, comme tous les rapports de cette
nature, selon un processus indépendant approuvé par la
communauté internationale. Tant que cette enquête est en cours,
il serait inapproprié de faire d'autres commentaires", a réagi
le porte-parole de la coalition saoudienne, Tourki al-Malki.
La coalition sous commandement saoudien a intensifié ses
frappes aériennes sur des cibles militaires houthies, après que
le mouvement chiite, soutenu par l'Iran, a mené lundi un assaut
sans précédent contre les Émirats arabes unis, pays membre de
l'alliance, tiré des missiles et envoyé des drones contre des
villes saoudiennes.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné vendredi dans une
déclaration l'attaque contre les Émirats arabes unis et d'autres
sites en Arabie saoudite, en soulignant "la nécessité de tenir
pour responsables les auteurs, organisateurs, financiers et
commanditaires de ces actes de terrorisme répréhensibles et de
les traduire en justice".
Internet a été coupé vendredi dans tout le Yémen (à
l'exception de la ville d'Aden, dans le sud du pays), une panne
attribuée par les médias houthis à un raid de la coalition
saoudienne sur une installation de télécommunications dans la
province de Hodeïdah.
Jeudi, la coalition avait fait état d'opérations visant des
"capacités militaires des Houthis" à Hodeïdah, des plates-formes
de lancement de missiles balistiques dans la province
d'Al-Baïda, dans le centre du pays, et des cibles militaires à
Sanaa, la capitale yéménite, sous contrôle houthi.
Le conflit, dans lequel la coalition intervient depuis mars
2015, a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé des
millions d'autres et poussé le Yémen au bord de la famine.
"La coalition s'engage à respecter le droit international et
la réponse proportionnée dans toutes ses opérations militaires",
a dit l'ambassadrice des Émirats arabes unis auprès des Nations
unies, Lana Nousseibeh.
L'envoyé des Nations unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a
exprimé pour sa part vendredi sa vive inquiétude face à
l'escalade militaire.
(Reportage du bureau de Reuters au Yémen, rédigé par Ghaida
Ghantous; version française Diana Mandiá, édité par Sophie Louet
et Jean-Stéphane Brosse)