KYIV (Reuters) - Volodimir Zelensky a déclaré jeudi ne pas avoir connaissance du moindre détail du projet que prétend avoir Donald Trump pour mettre rapidement fin à la guerre en Ukraine, se disant toutefois convaincu qu'une cessation rapide des hostilités ne pourrait qu'impliquer d'importantes concessions pour son pays.

S'exprimant lors d'une conférence de presse au sommet de la Communauté politique européenne à Budapest, le président ukrainien s'est dit convaincu de la volonté de Donald Trump de mettre rapidement fin à la guerre déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022 mais il a ajouté qu'il n'avait parlé d'aucun plan en ce sens avec le futur président des Etats-Unis.

"Si c'est simplement aller vite, cela signifie des pertes pour l'Ukraine. Je ne comprends tout simplement pas encore comment il pourrait en être autrement. Peut-être ne savons-nous pas quelque chose, ne voyons-nous pas", a-t-il dit.

La victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine mardi intervient alors que la Russie progresse inexorablement depuis des semaines dans l'est de l'Ukraine et que, selon Kyiv et ses soutiens, des milliers de militaires nord-coréens appuient désormais l'effort de guerre de la Russie dans la région russe de Koursk, où l'armée ukrainienne a percé en août.

Les Etats-Unis, sous la présidence du démocrate Joe Biden, sont le principal soutien de l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie. Durant sa campagne électorale, Donald Trump a toutefois critiqué l'ampleur de ce soutien et affirmé qu'il mettrait un terme au conflit en 24 heures, sans dire comment.

ZELENSKY HOSTILE À TOUT CESSEZ-LE-FEU SANS GARANTIES

Volodimir Zelensky a été l'un des premiers dirigeants étrangers à féliciter Donald Trump après sa victoire. Les deux hommes se sont entretenus mercredi soir et le président ukrainien a qualifié leur discussion d'"excellente".

"Je crois que le président Trump veut vraiment une décision rapide. Veut, cela ne signifie pas que cela se produira. Et je (m'exprime) là sans formuler le moindre reproche, je dis juste que nous sommes là où nous sommes", a-t-il dit aux journalistes à Budapest.

Lors du forum du club Valdaï à Sotchi, Vladimir Poutine a pour sa part déclaré jeudi qu'il était prêt à discuter avec Donald Trump, jugeant que toute proposition destinée à faciliter une issue à la "crise ukrainienne" méritait de l'attention.

Dans une interview diffusée jeudi par NBC, Donald Trump a dit ne pas avoir encore parlé avec le président russe depuis sa victoire électorale, ajoutant néanmoins: "Je pense que nous parlerons."

A Budapest, Volodimir Zelensky a dit qu'il fallait se "préparer à toute décision". "Nous voulons une issue juste à la guerre. Je suis certain qu'une fin imminente de la guerre signifie des pertes", a-t-il ajouté.

Il a exprimé en termes vifs son opposition à l'idée d'un cessez-le-feu qui ne serait pas assorti de garanties de sécurité pour l'Ukraine. Kyiv exige de telles garanties pour empêcher Moscou de profiter d'un répit afin de préparer une nouvelle offensive de plus grande ampleur à l'avenir.

"C'est un défi très effrayant pour nos concitoyens: d'abord un cessez-le-feu puis on verra après. Qui êtes-vous ? Vos enfants sont-ils en train de mourir ?", a lancé Volodimir Zelensky, dont les propos semblaient adressés à Viktor Orban, hôte du sommet, où le Premier ministre hongrois a réitéré son appel à un cessez-le-feu comme première étape vers une résolution du conflit.

(version française Bertrand Boucey)

par Yuliia Dysa et Tom Balmforth