L'exécutif communautaire a en revanche légèrement relevé ses prévisions d'inflation pour cette année et l'année prochaine mais la hausse des prix ralentirait à nouveau en 2020.

La Commission européenne a confirmé sa prévision d'une croissance de 2,1% cette année au sein de la zone euro contre mais ne table plus que sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 1,9% en 2019 contre 2,0% en juillet. Pour 2020, la CE prévoit une poursuite du ralentissement de la croissance à 1,7%.

Pour l'ensemble de l'Union, ses prévisions d'automne donnent une croissance de 2,1% du PIB cette année comme en juillet et de 1,9% en 2019 (2,0%).

Concernant les deux principales économies de l'UE, l'Allemagne et la France, la CE a abaissé un peu plus nettement ses prévisions pour la première que pour la seconde.

La prévision de croissance du PIB allemand a été abaissée à 1,7% pour cette année et 1,8% pour 2019 contre 1,9% pour les deux années en juillet.

Pour la France, la prévision de croissance pour 2018 a été confirmée à 1,7% et abaissé à 1,6% pour 2019 contre 1,7%.

Concernant l'Italie, dont la Commission européenne a rejeté le projet de budget 2019 prévoyant un déficit public à 2,4% du PIB, la prévision de croissance pour cette année a été ramenée à 1,1% contre 1,3% en juillet tandis que celle pour l'année prochaine a été légèrement relevée à 1,2% contre 1,1%. Pour 2020, la CE s'attend à une croissance du PIB italien de 1,3%

Ses prévisions sont sensiblement inférieures à celles retenues par le gouvernement italien qui table sur une croissance de 1,5% l'année prochaine et de 1,6% en 2020.

"La croissance économique en Europe a atteint un pic en 2017", relève Marco Buti, directeur général des Affaires économiques et financières de la Commission dans sa présentation des prévisions d'automne.

"En l'absence de chocs majeurs, le PIB devrait continuer à croître à un rythme modéré mais la trajectoire devant nous est semée d'incertitudes et de risques nombreux et interconnectés", prévient-il en référence aux tensions commerciales, aux turbulences dans les marchés émergents et à l'éventualité d'un Brexit sans accord.

"Certains risques identifiés se matérialisent (...) d'autres risques baissiers sont croissants et interconnectés et pourraient conduire à une situation bien pire que prévue", avertit-il.

Une surchauffe de l'économie alimentée par "une stimulation budgétaire procyclique" pourrait conduire à une hausse plus rapide que prévu des taux d'intérêt, ce qui aurait de nombreuses répercussions négatives au-delà des Etats-Unis, préviennent aussi les équipes de la Commission.

LES PRÉVISIONS D'INFLATION RELEVÉES

La Commission, qui s'attend à une croissance de 1,2% de l'économie britannique en 2019 et 2020, fondée sur "une hypothèse purement technique" au vu des incertitudes entourant la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, souligne qu'un Brexit désordonné impacterait négativement l'ensemble du bloc.

"Les doutes sur la qualité et la soutenabilité des finances publiques dans des Etats-membres très endettés pourraient se propager aux secteurs bancaires nationaux, soulevant des inquiétudes sur la stabilité financière et pesant sur l'activité économique", ajoutent les équipes de la Commission en référence notamment à l'Italie.

La Commission prévoit que le déficit des finances publiques à l'échelle de l'ensemble de la zone euro atteindra 0,6% du PIB cette année puis 0,8% en 2019 et 0,7% en 2020.

Il devrait en revanche atteindre 2,6% en France cette année, 2,8% l'année prochaine et 1,7% en 2020.

Dans le projet de loi de finances rectificative présenté mercredi en conseil des ministres, le gouvernement français a maintenu ses prévisions d'une croissance de 1,7% et d'un déficit public à 2,6% du produit intérieur brut cette année.

Dans le projet de loi de finances pour 2019, le gouvernement prévoit une croissance de 1,7% l'année prochaine et un creusement du déficit public à 2,8% du PIB.

Pour l'Italie, la Commission européenne table sur un déficit public à 1,9% du PIB cette année qui atteindrait 2,9% du PIB en 2019 et 3,1% en 2020.

La prévision d'inflation au sein de la zone euro a été revue en hausse pour cette année et l'année prochaine à 1,8% dans les deux cas, contre 1,7% pour les deux années en juillet.

L'inflation ralentirait en revanche en 2020, selon les prévisions de la Commission qui anticipent une hausse des prix de 1,6% à cet horizon, un chiffre toujours très inférieur à l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE) d'une inflation légèrement inférieure à 2,0% l'an à moyen terme.

La BCE a laissé sa politique monétaire inchangée la semaine dernière et réaffirmé son intention de mettre fin à son programme exceptionnel de soutien au crédit et aux marchés en dépit de la dégradation des perspectives de croissance et des turbulences liées à la politique budgétaire italienne.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Francesco Guarascio