Bruxelles (awp/afp) - L'activité du secteur privé s'est contractée en octobre dans la zone euro, victime d'une détérioration de la conjoncture dans les services liée à l'aggravation de l'épidémie de Covid-19, selon la première estimation vendredi de l'indice PMI composite du cabinet Markit.

Ces chiffres font craindre un nouveau plongeon de l'économie européenne dans la récession au dernier trimestre, après l'embellie qui avait suivi l'effondrement du printemps.

L'indice PMI s'est replié à 49,4 points en octobre, au plus bas depuis 4 mois, après 50,4 en septembre. Un chiffre inférieur à 50 signifie que l'activité se contracte, alors qu'elle progresse à l'inverse si le chiffre est supérieur à ce seuil.

Si l'industrie a poursuivi son redressement (indice sectoriel à 57,8, après 57,1 en septembre), elle n'a pas pu compenser les difficultés des services (largement majoritaires dans l'économie européenne) qui se sont enfoncés plus profondément dans le rouge (à 46,2 contre 48 le mois précédent).

L'activité "est repartie en baisse à travers la zone euro en octobre, la détérioration accentuée des services ayant pris nettement le dessus sur l'accélération de la production manufacturière dans un contexte d'inquiétudes croissantes au sujet du Covid-19", a commenté Markit dans un communiqué.

Parmi les différents pays, les économies plus manufacturières ont logiquement mieux résisté.

Ainsi, l'Allemagne voit son indice reculer seulement très légèrement, passant de 54,7 à 54,5, soit "une solide expansion pour le quatrième mois consécutif".

A l'inverse, l'activité recule et de façon encore plus marquée en France, avec un indice passant de 48,5 à 47,3.

"L'Allemagne a été le seul point lumineux, alors que la France et le reste de la région dans son ensemble ont subi un déclin plus prononcé", a souligné Markit.

"La deuxième vague fait de gros dégâts en France tandis que l'économie allemande touche les dividendes de sa capacité à mieux contenir les infections", a déclaré Jack Allen-Reynolds, analyste de Capital Economics.

Il estime que "la force du secteur manufacturier est au moins un point positif" même si "les chiffres d'aujourd'hui soutiennent notre prévision d'une stagnation de l'activité économique dans la zone euro au quatrième trimestre".

Les nouvelles mesures prises dans de nombreux pays européens pour freiner l'épidémie, comme les reconfinements partiels, la fermeture des bars et restaurants, l'interdiction des rassemblements ou les couvre-feux "frappent le secteur des loisirs plus durement que les autres pans de l'économie et cela se traduit par un impact disproportionné sur les services", a expliqué Bert Colijn, économiste de la banque ING.

"Avec le nombre de cas de contamination qui continuent d'augmenter à un rythme inquiétant, des mesures encore plus restrictives ne peuvent vraiment pas être exclues" et pourraient conduire à une deuxième récession "redoutée" en fin d'année après l'effondrement du printemps, a-t-il estimé.

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a d'ailleurs prévenu vendredi matin que le Produit intérieur brut français risquait de rechuter au dernier trimestre.

afp/al