Francfort (awp/afp) - La hausse des salaires en zone euro devrait être "très forte" dans l'année à venir en dépassant les références historiques et rattrapant en partie l'inflation débridée depuis 2021, selon un article de la Banque centrale européenne (BCE) publié lundi.

"La croissance des salaires au cours des prochains trimestres devrait être très forte par rapport aux tendances historiques", affirment les auteurs d'un article publié dans le bulletin mensuel de l'institut monétaire.

Cette croissance va refléter "un certain rattrapage entre les salaires et les taux élevés d'inflation" observés depuis l'année 2021, notent-ils.

En zone euro, la hausse annuelle des prix à la consommation est certes retombée en décembre sous la barre symbolique des 10% après un an et demi de hausse ininterrompue.

Mais le travail de sape des prix sur les salaires fait qu'à ce jour "les salaires réels sont beaucoup plus faibles" qu'en 2019, "avant la pandémie" de Covid-19, expliquent les auteurs.

Au deuxième trimestre 2022, le taux d'évolution annuel réel des salaires était négatif, à -5,2%, en zone euro, selon leur article.

Cela pourrait amener les syndicats à "exiger des augmentations salariales plus importantes lors des prochains cycles de négociations", en particulier dans les secteurs à salaires modérés, ajoutent les auteurs.

En Allemagne, le syndicat des services Verdi réclame en ce moment une hausse de 15% des salaires pour les quelque 160.000 salariés du géant du courrier Deutsche Post, et de 10,5% pour les 2,5 millions de fonctionnaires de l'Etat fédéral et des communes.

Les fortes hausses de salaires à venir vont aussi refléter la bonne santé du marché de l'emploi, malgré le ralentissement de l'économie, relève la BCE.

Les salaires bruts en zone euro devraient avoir augmenté de 4,5% en 2022 et devraient progresser de 5,2% cette année, selon les dernières prévisions de la BCE.

Dans un entretien accordé au Monde, publié le 22 décembre, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, disait s'attendre à un rattrapage "normal" de l'inflation, mais excluait "pour le moment" une spirale "salaires-prix" qui serait néfaste pour ramener l'inflation à 2%, la cible de la BCE.

A moyen terme, une "pression à la baisse" va de nouveau affecter la croissance des salaires en raison du ralentissement économique et de l'incertitude sur fond de guerre russe en Ukraine, concluent les auteurs de l'article de la BCE.

afp/al