Le gros sursaut de Wall Street vendredi n'a pas permis au S&P500 d'afficher un bilan hebdomadaire positif. Il échoue à -0,66%, malgré les gains de 1,9% affichés vendredi. Pour le Nasdaq en revanche, l'envolée de 2,86% en clôture a permis de ramener l'indice dans le vert sur la semaine, avec une petite hausse de 0,67%. Les valeurs technologiques américaines enchaînent ainsi une troisième semaine de progression en 2023. En Europe en revanche, le Stoxx Europe 600 a échoué tout près du but pour la passe de trois : la semaine se solde par un repli de 0,1%. Même situation pour le CAC40 français, qui n'a pas pu rattraper son -2,3% de la séance de jeudi, seule journée baissière d'ailleurs la semaine dernière, mais suffisante pour annihiler les gains minimes des quatre autres journées de bourse.

Les marchés américains se sont réveillés vendredi après un milieu de semaine morose. Les investisseurs se sont à nouveau appuyés sur leur triple moteur préféré du moment : un atterrissage économique en douceur, une reprise en Chine et la normalisation de la politique monétaire de la banque centrale américaine. Ce qui s'en va et qui revient (si vous aussi vous voulez l'avoir dans la tête, c'est par ici), c'est cet appétit pour le risque à un moment charnière pour les marchés. Il me faut aussi pointer l'écoute assez sélective des investisseurs. Ils n'ont pas prêté grande attention à la frange dure des banquiers centraux de la Fed, qui a martelé que le chemin est encore long pour triompher de l'inflation. En revanche vendredi, ils ont parfaitement entendu plusieurs autres membres de la banque centrale, manifestement plus détendus, qui ont appelé à une modération des tours de vis monétaires. D'où la belle accélération des actifs à risque pour clôturer la semaine, avant d'entrer dans le dur de la saison des résultats d'entreprises à partir de demain.

En effet, il y aura cette semaine une grosse vingtaine de publications de résultats en provenance des très grandes entreprises. Appelons-le le "club des 100" à défaut d'autre chose, puisque je n'ai retenu que les sociétés dont la capitalisation dépasse 100 Mds$. Parmi elles, Microsoft, Johnson & Johnson ou Danaher demain. Tesla, ASML et Abbott mercredi, puis Visa, LVMH, Mastercard et Intel jeudi. Avant Chevron et American Express vendredi. Pour mémoire, les sociétés américaines des secteurs traditionnels publient généralement avant l'ouverture de Wall Street (soit à la mi-journée en Europe), tandis que les technologiques sont abonnées à la post-clôture (soit après 22h00 heure européenne). Outre ASML et LVMH, l'agenda européen compte cette semaine quelques autres entreprises emblématiques, comme Diageo, SAP, Atlas Copco, STMicroelectronics, Sartorius Stedim Biotech ou Nokia.

Pourquoi c'est important ? Parce que les résultats et les prévisions des entreprises constituent la réalité du terrain pour des investisseurs qui jonglent depuis quelques semaines avec des courants macroéconomiques contradictoires. La qualité des chiffres jouera sur le moral et la perception des financiers. Quand je parle de réalité du terrain, je parle de réalité des sociétés cotées, qui n'est pas entièrement représentative de la situation économique générale. Si elles sont confrontées à la même toile de fond que la PME du quartier, elles disposent de bien plus de leviers pour présenter leur situation sous un jour favorable.

L'autre élément important de la semaine, ce sont les festivités du nouvel an lunaire en Asie. Plusieurs marchés boursiers importants sont fermés ce matin. Shanghai n'ouvrira pas de la semaine. Les cotations ne reprendront que mercredi à Séoul et jeudi à Hong Kong. D'autres places comme Singapour et Taiwan sont aussi fermées pour des durées plus ou moins longues.

J'ajoute quelques nouvelles du weekend qui se retrouvent parmi les unes de la presse :

  • L'Allemagne et la France s'emploient à montrer la solidité de leurs liens lors du sommet Franco-Allemand, alors que l'Europe se déchire une fois de plus, cette fois sur la question de la livraison de chars lourds à l'Ukraine.
  • L'Etat français est parvenu à monter aux forceps à plus de 90% du capital et des droits de vote d'EDF, ce qui devrait ouvrir la voie à une procédure de retrait de la cote et marquer la fin de la parenthèse boursière désastreuse de l'énergéticien français.
  • Une tuerie au fusil d'assaut fait dix morts en Californie, plus le tireur qui s'est donné la mort par la suite.
  • Les Pays-Bas confirment la fermeture en octobre 2023 du plus grand du champ gazier européen terrestre, à Groningen, en raison des risques sismiques. La fermeture était prévue de longue date mais elle a été reportée plusieurs fois. Le champ pourrait toutefois rester opérationnel jusqu'en octobre 2024, en fonction de la situation de l'approvisionnement en gaz en Europe après la saison hivernale.

La hausse s'est installée partout en Asie-Pacifique ce matin, après la clôture américaine en fanfare vendredi. Le Nikkei 225 japonais boucle la première séance de la semaine sur un gain de 1,3% pendant que l'ASX200 australien grappille 0,07%. En Inde, le SENSEX s'adjuge 0,7%. Plusieurs marchés sont donc fermés pour les festivités du nouvel an. Les marchés européens sont attendus en hausse ce matin. Le CAC40 gagnait 0,27% à 7015 points à l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Peu de rendez-vous sur l'agenda aujourd'hui, hormis l'indice des indicateurs avancés aux Etats-Unis, qui n'est pas très suivi (16h00) Christine Lagarde doit prendre la parole à 18h45 lors d'une réunion organisée par la Bourse de Francfort. Tout l'agenda ici.

L'euro a repris de l'altitude à 1,089 USD. L'once d'or reste ferme à 1928 USD. Le pétrole aussi, avec un Brent de Mer du Nord à 87,27 USD le baril et un brut léger américain WTI à 81,39 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans a rebondi à 3,46%. Le bitcoin évolue autour de ses meilleurs niveaux récents, proche de 22 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Almirall : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 18 à 16 EUR.
  • Associated British Foods : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 2180 GBp.
  • Berkeley : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 4651 GBp.
  • Boliden : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 500 SEK.
  • Cellnex : RBC passe de surperformance à performance sectorielle en visant 40 EUR.
  • Compagnie Financière Richemont : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 151 à 160 CHF.
  • Ericsson : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 66 à 65 SEK.
  • EQT : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 275 à 280 SEK.
  • Galapagos : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 43,70 EUR.
  • Genmab : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 2800 à 2850 DKK.
  • GVS : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 7,50 EUR.
  • Huber+Suhner : Research Partners passe d'acheter à conserver en visant 100 CHF.
  • Icade : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance.
  • Ipsen : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 126 à 124,20 EUR.
  • Komax : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 300 à 325 CHF.
  • Kudelski : UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 2 à 1,85 CHF.
  • Partners Group : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1540 à 910 CHF.
  • Pendragon : Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 25 GBp.
  • Rémy Cointreau : Citigroup passe de neutre à achat en visant 200 EUR.
  • Roche : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 429 à 400 CHF.
  • Sartorius Stedim Biotech : Crédit Suisse démarre le suivi à neutre en visant 360 EUR.
  • Tikehau : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 34 à 32 EUR.
  • Unibail : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance.
  • Vodafone : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 100 à 85 GBp.
  • Zealand Pharma : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 205 à 260 DKK.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les groupes de défense français (Thales, Safran, Dassault Aviation…) en première ligne après la loi de programmation militaire.
  • Airbus pourrait scinder son programme de drones Zephyr.
  • L'Etat français détient désormais plus de 90% du capital et des droits de vote d'Electricité de France, ouvrant la voie à une sortie de la cote.
  • Ipsen obtient des résultats positifs dans le cancer du pancréas avec Onivyde en association.
  • Gaztransport & Technigaz a annoncé vendredi que la Cour suprême de Corée a suspendu la mise en œuvre de la décision de la Haute Cour de Séoul rendue le 1er décembre, ouvrant la voie à une possible dissociation entre l'accord de licence technologique et d'assistance technique pour les chantiers navals clients qui en feraient la demande.
  • Altur rachète environ 295 000 de ses propres actions dans le cadre de l'OPRA à 7,20 EUR, soit la totalité des titres apportés.
  • Cellectis amende sa note convertible de 20 M$ dans le cadre de l'opération avec Cytovia.
  • Alan Allman Associates achète la société canadienne Luminet.
  • Haffner Energy adhère au consortium European Biochar Industry.
  • Figeac Aero a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Abbott a confirmé être sous enquête du département américain de la justice concernant la fermeture de son usine produisant du lait infantile.
  • Elliott entre au capital de Salesforce.
  • La division prêts à la consommation de Goldman Sachs dans le collimateur de la justice américaine.
  • Apple viserait à porter la part de production de l'Inde à 25%, selon les autorités locales.
  • Nokia et Samsung s'entendent sur un nouvel accord de licence de brevet 5G.
  • Alphabet, la maison-mère de Google, annonce un plan social de grande envergure avec la suppression d'environ 12 000 postes dans le monde.
  • Union Investment, un des actionnaires de Bayer, a critiqué dimanche le manque d'initiative du président du groupe.
  • Holcim rachète des activités dans les agrégats aux Etats-Unis.
  • Salzgitter veut supprimer environ 500 à 800 emplois d'ici 2033.
  • La FDA ne fera pas de revue accélérée pour le traitement d'Eli Lilly contre la maladie d'Alzheimer.
  • Elon Musk annonce un nouvel abonnement plus cher pour masquer les pubs sur Twitter (non coté).
  • Les propriétaires des supermarchés britanniques Asda et EG Group (non cotés) envisageraient une fusion.
  • Saga cherche à vendre son activité de souscription d'assurance, selon la presse britannique.
  • Principales publications du jour : Baker Hughes, SecunetTout l'agenda ici.

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