Les marchés américains sont parvenus hier, à défaut de rebondir, à réduire leurs pertes en fin de parcours, pour clôturer sur des contractions anecdotiques. C'est la première fois en sept séances que le Nasdaq affiche une variation inférieure à 1%. Une stabilisation obtenue alors même que le patron de la Fed, Jerome Powell, a récité dans l'après-midi son nouveau mantra : il va falloir se faire un peu mal avant que ça aille mieux, pour éviter que ce soit encore pire après. En langage powellesque, cela signifie que la Fed est prête à mettre les marchés financiers et l'économie sous une pression accrue en relevant les taux directeurs jusqu'à avoir obtenu un résultat suffisamment probant sur la réduction de l'inflation. Le président de la Fed a introduit le terme "douleur" ("pain" en anglais) récemment dans son vocabulaire. Il en a quand même profité hier pour laisser entendre qu'une hausse de taux de 75 points de base en juillet, le nouvel épouvantail des marchés, n'est pas à l'ordre du jour. De la douleur oui, mais pas de sadisme. On en est arrivé au stade où les investisseurs vendraient leur mère contre une bonne nouvelle, donc cette mise à jour n'est pas étrangère au petit regain de confiance de Wall Street hier en fin de parcours.

Quant à l'Europe, elle fait toujours preuve d'une résistance un peu suspecte. Elle glisse quand même, n'exagérons rien, mais pour une fois son complexe d'infériorité technologique lui sert à quelque chose : il n'y a pas beaucoup de Coinbase ou de Roku à brûler de ce côté-ci de l'Atlantique. Hier donc sur le vieux continent, les indices ont perdu une partie de leur rebond de la veille, en terminant toutefois assez loin de leurs planchers du jour, ce qui n'est déjà pas si mal. L'occasion de plonger plus en détail sur deux incongruités, l'OMX Oslo et le PSI20 portugais, qui affichent des gains de 4% et 1,5% respectivement depuis le 1er janvier, alors que l'indice large européen STOXX Europe 600 a perdu 13%.

C'est en effet une bonne occasion d'aborder la question de la diversification. Vous vous demandez peut-être comment, sur un même continent, il est possible de se retrouver avec une telle disparité de performances. En l'occurrence, la géographie n'a pas un impact direct sur la réponse, qui tient essentiellement à la composition des indices. Prenons l'OMX Oslo : l'indice norvégien compte plus de 50% de valeurs du secteur de l'énergie, dont près de 30% pour le champion local, Equinor. En réalité, le dossier devrait même peser la moitié de l'indice, mais son poids a été réduit pour limiter son influence dans les fluctuations. Personne n'a pu sauver sa peau jusqu'ici en 2022 sans être fortement exposé aux énergies fossiles. J'écrivais plus haut que la géographie n'a pas d'impact direct, mais c'est un peu faux : Equinor a un poids disproportionné sur l'échiquier norvégien parce que le pays a du pétrole. En toute cas c'est ce qui a permis à l'OMX Oslo de gagner 4% cette année, alors que le CAC40 perdait 12,5%. J'oubliais, il faut aussi noter la très bonne performance des quatre producteurs de saumon de l'indice, classés dans la catégorie de la consommation non-cyclique, donc des acteurs jugés défensifs. Là aussi, la géographie rejoint la spécialisation : il est plus compliqué d'élever du saumon dans le Golfe de Saint-Tropez. La recette norvégienne pour surperformer ? Du pétrole et du saumon.

Le cas du PSI20 Portugais est aussi intéressant. L'indice lisboète fait la part belle aux services collectifs, puisque les énergéticiens EDP et EDP Renovaveis pèsent un quart du total. Les deux autres poids lourds sont le distributeur alimentaire Jeronimo Martins et le groupe pétrolier Galp. De ces quatre acteurs, seul Galp est en hausse en 2022, mais en nette hausse. La bonne tenue de l'indice s'explique aussi par la progression de trois entreprises classées dans les matériaux de base, la Semapa, Altri et The Navigator Company. Ce sont trois acteurs de l'industrie du papier, comme leur nom ne l'indique pas vraiment. Si l'on ajoute à cela la progression du groupe télécom NOS et celle de la grande banque locale, la Banco Comercial Português, on comprend pourquoi le PSI20, très "old school" dans sa composition, a tiré son épingle du jeu en début d'année.

Je referme cette petite parenthèse indicielle pour revenir à l'actualité chaude. Les publications d'entreprises touchent à leur fin, du moins en ce qui concerne les gros dossiers. Les matières premières sont toujours agitées de soubresauts : le blé s'est renforcé après que les autorités américaines ont annoncé que la récolte ukrainienne sera inférieure d'un tiers à celle de l'année dernière, tandis que le pétrole reste haut perché malgré des indices concordants selon lesquels l'Union européenne n'arrivera pas à imposer l'unanimité sur la mise au ban du pétrole russe. En Chine, les officiels ont démenti un projet de confinement de Pékin, et celles de Shanghai ont bon espoir d'avoir évité la propagation du coronavirus d'ici la mi-mai. Il faut aussi noter ce matin que le dollar continue à pousser en direction de la parité avec l'euro et qu'il enfonce l'or, et qu'une contre-attaque est en cours de la part des cryptomonnaies.

Pour les investisseurs toujours à la recherche d'un point bas, la résistance affichée hier aux Etats-Unis est un signal d'optimisme. Les indices asiatiques se redressent fort en fin de semaine, avec un Nikkei 225 qui s'adjuge 2,55% ou un Hang Seng en hausse de 2%. Les indicateurs avancés européens et américains pointent vers le haut. Avec un niveau de nervosité toujours élevé, qui ne garantit pas que les indications de préouverture seront en phase avec la clôture ce soir. Mais vous commencez à connaître la chanson donc je ne vais pas m'appesantir là-dessus. Le CAC40 gagne 0,7% à 6250 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle européenne de mars sera publiée à 11h00 et l'indice de confiance des consommateurs américains à 16h00. Tout l'agenda "macro" ici.

L'euro a pris un nouveau coup de tatane après avoir tenu la distance ces derniers jours : il recule à 1,0398 USD. Malgré les tensions, l'once d'or n'intéresse pas grand monde et s'échange à 1826 USD. Le pétrole a l'air indéboulonnable, avec un Brent de Mer du Nord à 108,78 USD le baril et un brut léger américain WTI à 107,89 USD, avec un spread qui se réduit. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est stable à 2,89%. Le bitcoin rebondit après la stabilisation des indices américains, à 30 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Alpha Mos : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 3,60 EUR.
  • ArgenX : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 320 EUR.
  • Fortum : SEB passe de conserver à acheter en visant 19 EUR.
  • Hapag-Lloyd : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 300 EUR.
  • HeidelbergCement : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 72 à 70 EUR.
  • Home24 : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 9,20 à 6,80 EUR.
  • Genmab : Berenberg passe de vendre à conserver en visant 2200 DKK.
  • KBC : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 60 à 62 EUR.
  • Logitech : Julius Bär passe de conserver à acheter en visant 75 CHF.
  • Roche : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 360 CHF.
  • Salzgitter : Bankhaus Metzler passe d'acheter à conserver en visant 48 EUR.
  • SMA Solar : Bankhaus Metzler passe de conserver à acheter en visant 45 EUR.
  • SoftwareONE : Research Partners passe de conserver à acheter en visant 15 CHF.
  • TotalEnergies : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 58 EUR.
  • Ubisoft : Crédit Suisse réduit son objectif de 55 à 49 EUR.
  • Varta : Bankhaus Metzler reste à vendre avec un objectif réduit de 74 à 64 EUR.
  • Verbund : Oddo BHF passe de sousperformance à neutre en visant 80 EUR.
  • Vestas : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 165 DKK.

En France

Résultats des sociétés

  • Eutelsat : confirme ses prévisions de chiffre d'affaires pour l'exercice clos le 30 juin et ses autres objectifs.
  • Orpea : le chiffre d'affaires du T1 est en hausse de 9% à 1,12 Mds€. Il n'y aura pas de dividende cette année.
  • Rothschild : l'activité est en hausse de 7% au T1.La banque d'affaires est prudemment optimiste sur ses perspectives.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Deutsche Telekom : l'opérateur revoit ses prévisions à la hausse et le bénéfice net du premier trimestre dépasse les estimations.
  • Softbank : le titre gagne 10% à Tokyo malgré des pertes colossales.

Annonces importantes (et autres)

Lectures