"Low hiring, low firing". C’est l’expression que l’on entend beaucoup aux Etats-Unis pour décrire la dynamique du marché du travail. Traduction, un équilibre dans lequel il y a, en même temps, peu d’embauches et peu de licenciements.

On le constate d’abord du côté des créations d’emploi, tombées à une moyenne de 29 000 sur les 3 derniers mois, contre plus de 200 000 en début d’année. C’est ce qu’a aussi montré la dernière enquête du cabinet Challenger. En septembre, les employeurs américains ont annoncé moins de licenciements, mais les plans d'embauche pour cette année sont au plus bas depuis 2009.

Deux indicateurs simples illustrent l’état actuel du marché du travail : le taux d’embauche et le taux de démission, tous deux orientés à la baisse.

Taux d’embauche et taux de démission. Source : Apollo Global Management

D’un côté, il y a donc moins d’embauches. Parce que les incertitudes (notamment liées aux droits de douane) poussent les entreprises à la prudence, que l’arrivée de l’IA est déjà responsable d’une baisse des offres d’emploi pour les jeunes diplômés, et que l’administration Trump veut réduire la taille du gouvernement. Or, c’est le secteur public qui a tiré les créations d’emploi ces dernières années.

Créations d’emploi dans les secteurs publics (bleu) et privés (vert). Source : Apollo Global Management

De l’autre côté, ce contexte incite les employés à rester à leur poste. Ils sont dans une position moins favorable qu’à la sortie de la pandémie de Covid, où la pénurie de main d’œuvre leur permettait d’obtenir de meilleurs salaires en changeant d’emploi.

A cela s’ajoute le fait qu’il y a simplement moins d’offres de travail, c’est-à-dire moins de personnes disponibles pour travailler, parce que l’administration Trump a nettement durci la politique migratoire. Il ne s’agit pas simplement de fermer les frontières mais aussi d’expulser 1 million de personnes par an, ce qui ne sera pas sans conséquence sur des secteurs comme l’hôtellerie/restauration ou encore la construction.

Le résultat, c’est un équilibre assez étrange entre de faibles créations de postes et un taux de chômage qui reste stable.

Pour la Fed, c’est une situation où les risques à la baisse sur l’emploi augmentent, ce qui justifie d’assouplir la politique monétaire. Après une baisse de 25 points de base en septembre, les marchés (comme la plupart des membres du FOMC) anticipent deux baisses supplémentaires d’ici à la fin de l’année.

Mais tout cela doit encore être confirmé par les données. Données qui sont…elles aussi à l’arrêt. En effet, depuis le début du shutdown, le 1er octobre, le Bureau des statistiques du travail (BLS) est fermé. Le rapport mensuel sur l’emploi n’a donc pas été publié la semaine dernière.