Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales progressent lundi, à l'exception de Paris, en net repli après la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu, le risque politique français revenant sur le devant de la scène.

Vers 13H50 GMT, Paris perdait 1,17% après avoir lâché plus de 2% juste après que le Premier ministre français Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron, moins de 24 heures après avoir présenté une nouvelle équipe gouvernementale.

Cette démission surprise "reflète l'instabilité politique croissante en France et accroît encore le risque de paralysie politique", commente Thomas Gillet, analyste principal pour la France chez Scope Ratings.

Pour Antoine Andreani, qui dirige la recherche chez XTB France, "les investisseurs craignent un effet domino sur la politique économique et budgétaire", alors que se pose la question d'une dissolution de l'Assemblée nationale.

Sur le marché de la dette, le coût auquel la France emprunte a grimpé, au-dessus de celui de l'Italie et s'éloignant davantage de celui de l'Allemagne, qui fait référence en Europe.

Le rendement de l'emprunt français à dix ans est monté à un plus haut depuis mars, à 3,61% après l'annonce, avant de se stabiliser à 3,57% vers 13H50 GMT. Il s'établissait à 3,51% vendredi à la clôture.

Le "spread", ou l'écart entre les taux d'emprunt français et allemand sur les marchés, a quant à lui atteint 0,89 point de pourcentage, "un niveau correspondant aux moments de tension maximale", selon les analystes de Saxo.

Si l'écart entre le rendement de la dette française à 10 ans et son équivalent allemand se maintient à ce niveau, il s'agirait de la plus forte différence depuis janvier.

Emporté par la crise politique française, l'euro reculait nettement de 0,55% à 1,1675 dollar pour un euro.

Parmi les actions les plus affectées figuraient les banques françaises, dont la chute était à "100% attribuable à cette décision politique", a indiqué à l'AFP Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marché chez IG France.

Vers 13H50 GMT, BNP Paribas baissait de 2,95%, Société Générale de 3,74% et Crédit Agricole de 2,99%.

En dehors de la place financière française, aux prises avec une crise politique qui dure depuis juin 2024, les autres Bourses européennes évoluaient dans le vert: Francfort prenait 0,25% et Londres restait autour de l'équilibre (+0,06%).

AMD s'envole à Wall Street

A Wall Street, dans les premiers échanges, le Dow Jones restait stable (+0,01%), le Nasdaq gagnait 0,37% et le S&P 500 0,18%, profitant de l'enthousiasme autour de l'intelligence artificielle (IA).

La start-up californienne OpenAI a conclu un accord stratégique avec le groupe américain de semi-conducteurs AMD, dont elle va devenir actionnaire et à qui elle a passé commande d'une quantité massive de puces électroniques, ont annoncé lundi les deux entreprises.

Le titre AMD s'envolait de 34,61% dès l'ouverture.

L'or frôle les 3950 dollars

Dans ce contexte, les investisseurs se ruent toujours sur l'or mais aussi les cryptos qui "servent de protection contre l'irresponsabilité fiscale et l'instabilité politique", selon Patrick Munnelly, stratégiste chez Tickmill Group.

L'once de métal jaune évolue à 3937 dollars vers 13H50 GMT après avoir touché un nouveau record lundi à 3949 dollars.

"Une source majeure de soutien pour l'or est la demande des banques centrales, motivée par la recherche de valeurs refuges et par des inquiétudes persistantes concernant l'érosion du pouvoir d'achat des devises dans le monde à cause de l'inflation", souligne Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.

Et "avec des conflits qui persistent en Europe et au Moyen-Orient, et des relations tendues entre les États-Unis et la Chine, de nombreuses banques centrales considèrent probablement l'or comme une couverture essentielle contre le risque géopolitique", note M. Razaqzada.

Le bitcoin, qui a touché un nouveau sommet historique à 125'689 dollars dimanche, évoluait à 124'799 dollars vers 13H50 GMT.

Le pétrole monte

Les cours du pétrole sont en hausse du fait d'une augmentation de la production plus faible qu'attendu par l'Opep+ (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés) dimanche.

Le baril de Brent de la mer du Nord gagnait 0,89% à 65,11 dollars et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate prenait 0,73% à 61,33 dollars vers 13H50 GMT.

afp/cw