Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales progressent lundi, à l'exception de Paris, en net repli après la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu, qui ravive l'incertitude budgétaire et politique en France et fait grimper le coût d'emprunt du pays.

Vers 12H15 GMT, Paris lâchait 1,30% après avoir fondu de plus de 2% juste après que le Premier ministre français Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron, moins de 24 heures après avoir présenté une nouvelle équipe gouvernementale.

Cette démission surprise "reflète l'instabilité politique croissante en France et accroît encore le risque de paralysie politique", a commenté Thomas Gillet, analyste principal pour la France chez Scope Ratings.

Pour Antoine Andreani, qui dirige la recherche chez XTB France, "les investisseurs craignent un effet domino sur la politique économique et budgétaire", alors que se pose la question d'une dissolution de l'Assemblée nationale.

Conséquence aggravante de cette incertitude, le coût auquel la France emprunte a grimpé, au dessus de celui de l'Italie et s'éloignant davantage de celui de l'Allemagne, qui fait référence en Europe.

Le rendement de l'emprunt français à dix ans est monté à un plus haut depuis mars, à 3,61% après l'annonce, avant de se stabiliser à 3,57% vers 12H00 GMT.

Le "spread", ou l'écart entre les taux d'emprunt français et allemand sur les marchés, a quant à lui atteint 89 points de base, soit 0,89 point de pourcentage, "un niveau correspondant aux moments de tension maximale", selon les analystes français de Saxo.

Si l'écart entre le rendement de la dette française à 10 ans et son équivalent allemand se maintient à ce niveau, il s'agirait de la plus forte différence depuis janvier.

"Si on avait encore des interrogations sur la dégradation de la note française par les agences de notation, désormais on n'a plus de doute", a dit à l'AFP John Plassard, analyste de Cité Gestion Private Bank.

Autre victime du jour, l'euro reculait nettement de 0,55% à 1,1675 dollar pour un euro.

Les investisseurs vont guetter les propos de Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), qui doit tenir une audition devant le Parlement européen.

Parmi les actions les plus affectées figuraient les banques françaises, dont la chute était à "100% attribuable à cette décision politique", a indiqué à l'AFP Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marché chez IG France.

Vers 12H15 GMT, BNP Paribas baissait de 3,90%, la Société Générale de 4,97% et le Crédit Agricole de 3,84%.

En dehors de la place financière française, aux prises avec une crise politique qui dure depuis juin 2024, les autres Bourses européennes gagnaient du terrain: Francfort grappillait 0,29%, Londres avançait de 0,20%, Milan était quant à elle stable (-0,06%).

A Wall Street, le Nasdaq se dirigeait vers une ouverture en hausse de 0,70%, le S&P pointait vers une progression de 0,31%, tandis que le Dow Jones devrait augmenter de 0,19%.

Par ailleurs, dans les échanges d'avant-bourse à la Bourse de New York, le titre AMD s'envolait de presque 25% après qu'OpenAI a conclu un accord stratégique avec le groupe américain de semi-conducteurs, dont il va devenir actionnaire et à qui il a passé commande d'une quantité massive de puces électroniques.

L'or dépasse les 3900 dollars

Dans ce contexte, les investisseurs se ruent toujours sur l'or mais aussi les cryptos qui "servent de protection contre l'irresponsabilité fiscale et l'instabilité politique", selon Patrick Munnelly, stratégiste chez Tickmill Group.

L'once de métal jaune évolue à de nouveaux sommets, à 3935 dollars vers 12H00 GMT.

Le bitcoin qui a atteint le record absolu de 125'326 dollars ce week-end, navigue au-dessus des 124.000 dollars.

Pétrole en hausse

Les cours du pétrole sont en hausse du fait d'une augmentation de la production plus faible qu'attendu par l'Opep+ dimanche.

Le baril de Brent de la mer du Nord prend 1,65% à 65,60 dollars et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate gagne 1,72% à 61,93 dollars vers 12H00 GMT.

afp/jh