Les procureurs géorgiens ont inculpé lundi cinq figures de l'opposition pour tentative de renversement du gouvernement, après que des manifestations samedi ont dégénéré en affrontements entre la police et les protestataires dans la capitale de ce pays du Caucase du Sud, peuplé de 3,7 millions d'habitants.

Des partisans de l'opposition géorgienne s'étaient rassemblés samedi dans le centre de Tbilissi, certains leaders promettant une « révolution pacifique » le jour des élections locales, boycottées par les principaux blocs d'opposition.

Quelques minutes avant la fermeture des bureaux de vote, un groupe plus restreint de manifestants a tenté de prendre d'assaut le palais présidentiel, avant d'être repoussé par la police anti-émeute à coups de gaz lacrymogène et de canons à eau.

Les chefs d'accusation retenus contre les cinq hommes sont passibles d'une peine maximale de neuf ans de prison. Les autorités ont affirmé que les manifestations constituaient une tentative de prise de pouvoir.

Parallèlement, le ministère géorgien de l'Intérieur a annoncé avoir interpellé treize personnes en lien avec les troubles.

Le vice-ministre de l'Intérieur, Alexandre Darakhvelidze, a précisé que ces arrestations étaient liées à des infractions portant sur la tentative de renversement du gouvernement, la subversion de l'ordre constitutionnel et la participation à des troubles publics de masse.

La Géorgie est secouée par des mouvements de protestation depuis plus d'un an, les partisans de l'opposition accusant le parti au pouvoir, Rêve géorgien, d'autoritarisme et de vouloir ramener le pays, autrefois l'un des plus pro-occidentaux parmi les ex-républiques soviétiques, dans le giron de la Russie, des accusations que le parti rejette.

Le mouvement de contestation s'est essoufflé ces derniers mois, même si des manifestations nocturnes continuent de bloquer l'avenue centrale Roustavéli à Tbilissi.

En octobre 2024, le parti Rêve géorgien a remporté une victoire confortable lors des élections législatives. L'opposition a dénoncé des fraudes, tandis que les autorités ont assuré que le scrutin était libre et équitable.

Sous la direction de Rêve géorgien, les relations avec les pays occidentaux se sont détériorées. En novembre, le parti a annoncé la suspension des négociations d'adhésion à l'Union européenne, mettant brusquement fin à un objectif national de longue date.

Rêve géorgien affirme ne pas être pro-russe et souhaite à terme rejoindre l'UE, tout en maintenant la paix avec Moscou et en préservant ce qu'il qualifie de valeurs orthodoxes chrétiennes traditionnelles de la Géorgie.

Le parti est largement perçu comme étant sous le contrôle de l'ex-Premier ministre milliardaire Bidzina Ivanichvili, sanctionné par les États-Unis pour, selon eux, sa promotion des intérêts russes.