Enfin ça baisse. Vendredi, un message de Donald Trump sur Truth Social menaçant de droits de douane exorbitants sur la Chine a fait plonger les indices. Le S&P 500 a terminé en baisse de 2.7% et le Nasdaq de 3.5%.
Enfin, parce que jusqu’ici, les indices américains enchainaient les records (le S&P 500 en totalise 33 depuis le début de l’année), portées par la thématique de l’intelligence artificielle. Une dynamique quasi inarrêtable que l’on peut résumer par une statistique : le S&P 500 est resté à moins de 2.5% de ses records depuis juin.
Si les menaces de Donald Trump vendredi ont pu servir de prétexte à un marché qui ne corrigeait plus, cela marque néanmoins un regain de tensions entre les deux premières puissances mondiales.
Un tour d’Europe pour se détendre
En effet, après l’affrontement tarifaire en avril, la tension était progressivement retombée. Notamment grâce à une série de rencontres dans plusieurs villes européennes : Genève en mai, Londres en juin, Stockholm en juillet et Madrid en septembre.
Au-delà de l’extension de la trêve tarifaire, la relation semblait nettement se réchauffer avec l’accord sur la cession des activités américaines de TikTok, validé par Donald Trump et Xi Jinping lors d’un entretien téléphonique le 19 septembre. Après cet échange, Donald Trump avait également confirmé une rencontre avec Xi Jinping fin octobre en Corée du Sud, à l’occasion du sommet de l’APEC. Il avait également évoqué un déplacement en Chine l’année prochaine et une visite de Xi Jinping aux Etats-Unis.
Sur les marchés, l’impact de la saga des droits de douane s’est peu à peu amenuisé. Au fil des mois, des accords conclus avec certains partenaires commerciaux, et de la détente avec la Chine. A tel point que les dernières annonces de droits de douane, fin septembre, ne faisaient guère plus réagir.
Posture de négociations
Mais après des mois de désescalade, nous sommes peut-être à nouveau dans une phase d’escalade, dont le point de départ est l’annonce par Pékin jeudi de la mise en place de contrôles sur les exportations de technologies liées aux terres rares.
Vendredi, Donald Trump a répliqué en menaçant d’imposer des droits de douane supplémentaires de 100% à la Chine à compter du 1er novembre, assortis de nouveaux contrôles à l'exportation sur des logiciels stratégiques. Le président américain a également menacé de mettre en place des contrôles à l'exportation sur les pièces détachées d'avions Boeing.
Ce même jour, le régulateur chinois a annoncé l'ouverture d'une enquête antitrust contre Qualcomm, à la suite du rachat, en juin 2025, du concepteur israélien de puces Autotalks.
Enfin, la Chine a annoncé l'instauration de prélèvements sur les escales de navires construits ou immatriculés aux États-Unis, (la mesure vaut aussi pour ceux détenus par des entreprises dont au moins 25 % des actions ou des sièges au conseil d'administration sont détenus par des fonds d'investissement américains). Une mesure de réciprocité : en février le Bureau du Représentant américain au commerce (USTR) avait annoncé la mise en place de frais sur les navires construits à l’étranger. Une mesure qui doit entrer en vigueur mercredi.
Une fois tous ces points de tension listés, il faut les replacer dans le contexte de cette rencontre prévue entre Xi Jinping et Donald Trump à la fin du mois en Corée du Sud : chacun durcit un peu sa position en amont des discussions.
Dimanche, Donald Trump a d’ailleurs lui-même nuancé son propre message incendiaire de vendredi : "ne vous inquiétez pas à propos de la Chine, tout se passera bien !". Message reçu par les marchés. Les indices européens sont en hausse, quand le S&P500 progresse de presque 1.5% en préouverture.




















