Les prix de l'or se sont envolés vers de nouveaux records, dépassant les 3 900 $ l'once lundi, portés par les anticipations de nouvelles baisses des taux d'intérêt américains et par l'afflux d'investisseurs cherchant refuge face à l'incertitude économique et politique.
L'or au comptant a atteint un sommet historique à 3 958,57 $ l'once, enregistrant une hausse de 48 % depuis le début de l'année, après un gain de 27 % en 2024.
« Les investisseurs naviguent entre l'évolution de la politique de la Fed et les développements politiques mondiaux, et l'or joue son rôle traditionnel de valeur refuge », explique Joseph Cavatoni, stratégiste principal au World Gold Council.
La Réserve fédérale américaine a abaissé ses taux d'intérêt pour la première fois cette année en septembre, et les marchés anticipent deux nouvelles baisses d'ici la fin de l'année.
Des taux d'intérêt plus bas réduisent le coût d'opportunité de la détention d'actifs comme l'or, qui ne verse ni intérêt ni dividende, tout en affaiblissant le dollar.
Les conflits au Moyen-Orient, la guerre en Ukraine et en Russie, ainsi que les inquiétudes concernant l'indépendance de la Fed, ont également renforcé la demande pour l'or en tant que valeur refuge.
À cette incertitude s'ajoutent la démission du nouveau Premier ministre français, Sébastien Lecornu, et de son gouvernement, survenue lundi quelques heures seulement après leur entrée en fonction, tandis que le shutdown du gouvernement américain entrait dans son sixième jour.
L'élan de la hausse de l'or vers de nouveaux records est également soutenu par les achats des banques centrales et la progression des flux vers les fonds indiciels (ETF) adossés à l'or physique.
« Tant que le niveau d'incertitude restera élevé, les flux vers les ETF devraient se poursuivre », estime Michael Haigh, responsable mondial de la recherche sur les matières premières chez Société Générale.
La demande mondiale d'ETF sur l'or a atteint 587,8 tonnes métriques entre janvier et septembre, contre une sortie nette de 6,8 tonnes sur l'ensemble de l'année 2024, selon le World Gold Council.
LA TENDANCE HAUSSIÈRE DE L'ARGENT
L'argent a grimpé à 48,55 $ l'once, son plus haut niveau depuis mai 2011.
Sa progression est soutenue par les mêmes facteurs que l'or, mais aussi par une forte demande industrielle et un marché au comptant tendu.
« L'argent effectue en quelque sorte un rattrapage, après avoir sous-performé l'or pendant plusieurs trimestres avant la mi-2025 », analyse Aakash Doshi, responsable mondial de la stratégie sur l'or chez State Street Investment Management.
L'inscription de l'argent sur un projet de liste des minéraux critiques américains a suscité des spéculations sur de possibles droits de douane, attirant l'attention du marché.
L'argent devrait afficher un cinquième déficit structurel annuel consécutif en 2025, avec un manque estimé à 117,6 millions d'onces troy, selon le Silver Institute.

















