La Chine a lancé une enquête antitrust visant le fabricant américain de semi-conducteurs Qualcomm concernant son rachat de la société israélienne Autotalks, a annoncé vendredi le régulateur chinois du marché.
L'Administration d'État pour la régulation du marché (SAMR) a indiqué que l'enquête porterait sur une possible violation de la législation antitrust chinoise par Qualcomm, qui aurait omis de déclarer légalement certains éléments liés à l'acquisition du concepteur de puces israélien.
Le titre Qualcomm a chuté de plus de 5 % après que le président américain Donald Trump a également menacé d'augmenter les droits de douane contre la Chine et d'annuler une rencontre prévue avec le président Xi Jinping.
Les entreprises des deux pays évoluent sur une ligne de crête alors que les États-Unis et la Chine se disputent la première place dans la course intense à l'intelligence artificielle, où le commerce des semi-conducteurs est devenu un point de friction majeur.
Qualcomm a finalisé le rachat d'Autotalks en juin et a intégré la technologie V2X à sa gamme automobile Snapdragon, au moment même où la Chine prévoit de standardiser la communication « vehicle-to-everything » dans plusieurs régions pilotes d'ici 2026, selon Stephen Wu, fondateur et associé gérant de Carthage Capital.
« La Chine aurait pu infliger à Qualcomm une sanction symbolique pour avoir agi sans préjudice, mais elle pourrait finalement opter pour une sanction plus lourde. Cette combinaison signale une pression sur les chaînes d'approvisionnement américaines en puces et dans l'automobile », ajoute Wu.
TENSIONS COMMERCIALES ENTRE LA CHINE ET LES ÉTATS-UNIS
Basé à San Diego, Qualcomm avait annoncé en juin avoir finalisé l'acquisition d'Autotalks, qui conçoit des puces de communication destinées à prévenir les accidents automobiles, sans toutefois en préciser le montant ni la manière dont certains obstacles réglementaires avaient été levés.
Qualcomm avait déclaré en 2024 qu'il renoncerait à l'offre sur Autotalks après avoir échoué à obtenir les approbations réglementaires dans les délais impartis.
Qualcomm et Autotalks n'ont pas immédiatement répondu aux sollicitations de Reuters concernant l'enquête chinoise.
En 2015, le principal fournisseur de puces pour téléphones mobiles avait déjà accepté de payer une amende de 975 millions de dollars pour clore une affaire antitrust en Chine.
Cette nouvelle enquête intervient alors que Pékin a accusé le mois dernier le fabricant américain de puces d'IA Nvidia d'avoir enfreint la loi antimonopole chinoise.
« L'enquête s'ajoute à un examen réglementaire plus large visant les fabricants américains de puces en Chine », explique Parth Talsania, analyste chez Equisights Research.
« Qualcomm tire une part notable de son chiffre d'affaires des clients chinois dans la téléphonie et l'automobile. Nous pensons que cette annonce accentue la prudence des investisseurs face aux risques géopolitiques et réglementaires », ajoute Talsania.
En 2024, Qualcomm a réalisé 46 % de son chiffre d'affaires auprès de clients dont le siège se trouve en Chine.
Les deux enquêtes pourraient accentuer les tensions entre la Chine et les États-Unis, alors que les deux pays peinent à dépasser la trêve tarifaire instaurée dans le cadre de leur guerre commerciale.



















