Block 1 : Les actualités essentielles

Bitcoin bat des records : 1,19 Mrd USD d’entrées dans les ETF en une journée

Lundi, les ETF Bitcoin américains ont enregistré 1,19 Mrd USD d’entrées nettes, leur 2e meilleure journée depuis leur lancement. Une performance qui confirme l’engouement autour du BTC, récemment propulsé à un nouvel ATH au-dessus de 126 000 USD. Avec près de 164 Mrds USD sous gestion, ces ETF atteignent un nouveau sommet, tirés par l’intérêt institutionnel croissant. L’IBIT de BlackRock devient d’ailleurs l’ETF le plus rentable du gestionnaire, avec 244,5 millions USD de revenus annuels. La dynamique est clairement haussière : 98 milliards de dollars de capitalisation pour l’IBIT, soit 58% de part de marché, et une demande toujours plus forte des investisseurs pros.

Flux dans les ETF Bitcoin Spot
SoSo Value

Morgan Stanley recommande une exposition crypto dans ses portefeuilles pour la première fois

C’est une première : Morgan Stanley préconise une allocation crypto dans ses portefeuilles multi-actifs. Jusqu’à 4% pour les profils à haut risque, avec une exposition privilégiée au bitcoin (BTC) et à l’ether (ETH), selon une note de son Global Investment Committee. Objectif : profiter de la performance historique du BTC tout en maîtrisant la volatilité. La banque recommande l’usage d’ETF spot, jugés plus simples et sûrs que la détention directe de cryptos. Un pas mesuré mais symbolique : Morgan Stanley rejoint les grandes institutions qui officialisent une stratégie crypto.

Le BNB de Binance dépasse l’USDT et le XRP, et grimpe sur le podium des cryptomonnaies

Le BNB vient de franchir un cap historique : il devient la 3e cryptomonnaie la plus capitalisée, dépassant à la fois le stablecoin USDT de Tether et le XRP de Ripple. Sa capitalisation atteint 181 milliards de dollars après une hausse de 28,9% sur la semaine. L’ascension du BNB est portée par l’explosion de la plateforme Aster sur la BNB Chain, mais aussi par l’annonce choc de CEA Industries, qui a annoncé détenir plus de 480 000 BNB, soit plus de 480 millions USD. 

S&P lance un nouvel indice hybride mêlant cryptos et actions blockchain

Le géant S&P Dow Jones Indices vient de dévoiler le S&P Digital Markets 50, un nouvel indice qui combine 15 cryptomonnaies et 35 actions liées à la blockchain. Objectif : offrir aux investisseurs une exposition diversifiée à la fois aux actifs numériques et aux marchés financiers traditionnels. Chaque actif de l’indice est plafonné à 5% pour éviter toute domination excessive. Les actions doivent peser au moins 100 millions USD de capitalisation boursière, et les cryptos 300 millions USD. La version tokenisée de l’indice arrivera d’ici fin 2025 via la plateforme dShares de Dinari, permettant une exposition décentralisée et compatible blockchain. Un outil conçu pour séduire les institutionnels en quête d’exposition structurée aux marchés numériques.

Block 2 : L’Analyse Cryptique de la semaine

Intercontinental Exchange (ICE) — la maison-mère du NYSE, mastodonte à plus de 90 Mrds USD de capitalisation — dépose un chèque de 2 Mrds USD pour Polymarket, le site de paris prédictifs le plus scruté de la sphère crypto. Ticket potentiel : une valorisation entre 8 et 10 Mrds USD. Pour une plateforme née en 2020 autour de simples questions “oui/non”, c’est l’entrée officielle dans la cour des grands.

Au-delà du prestige, l’arrivée d’un opérateur boursier de rang mondial offrirait à Polymarket un sésame : regagner du terrain aux États-Unis, après des années passées en “offshore”. Cinq ans après sa création par un fondateur de 22 ans, Polymarket change donc d’échelle.

Le contexte

Polymarket permet de miser sur tout ce qui capte l’attention collective — politique, sport, pop culture. 

Basée sur Polygon, Polymarket transforme l’actualité en prix. Chaque question devient un contrat binaire “oui/non” coté entre 0 USD et 1 USD ; à la résolution, l’issue gagnante paie 1 USDC. Le prix reflète la probabilité implicite (0,67 USD ≈ 67%). Plus l’événement approche, plus l’information se concentre, plus le prix devient un consensus monnayé. Contrairement à un sondage gratuit (facile à biaiser), déplacer un prix coûte du capital : la “vérité” y est chère, donc plus difficile à manipuler. C’est précisément cette friction vertueuse qui attire les opérateurs d’infrastructures. Politique, macro, crypto, culture : des milliers de micro-signaux qui, agrégés, forment un thermomètre en temps réel des probabilités perçues par le marché. Tout se règle on-chain en stablecoins : traçabilité, horodatage et impossibilité de "fabriquer" des faux tickets.

L’entreprise, soutenue notamment par Founders Fund (Peter Thiel), a pris la lumière en 2024 : plus de 2 Mrds USD de volumes autour de la présidentielle américaine et un track-record revendiqué pour avoir anticipé la victoire de Donald Trump.

Volumes sur Polymarket
Dune

Revers du succès : régulation. En 2022, un accord avec la CFTC a rendu la plateforme officiellement interdite aux usagers américains. Quelques jours après l’élection de 2024, le téléphone du fondateur-CEO Shayne Coplan était saisi par le FBI. Depuis, le climat a tourné : sous une administration jugée plus “crypto-friendly”, Coplan a partagé mi-juillet un article indiquant la fin des enquêtes du DoJ et de la CFTC — “Justice prevailed”, écrivait-il. En août, Donald Trump Jr. a rejoint le board consultatif de Polymarket et son fonds 1789 Capital est entré au capital. Dans la foulée, la société a racheté un petit exchange (la plateforme dérivés QCEX) et une chambre de compensation américaines, dûment licenciées — un puzzle réglementaire pour reposer un pied sur le sol US.

Pourquoi c’est clé

L’arrivée d’ICE, architecte d’infrastructures de marché, donnerait à Polymarket une crédibilité industrielle et un carnet d’adresses régulatoires. C’est aussi un pari sur une tendance qui déborde la niche crypto : les “prediction markets” s’installent dans la conversation grand public. Le concurrent Kalshi, valorisé 2 Mrds USD lors de sa dernière levée, bat des records de volumes sur ses contrats liés à la saison NFL — alimentés en partie par les clients de Robinhood, partenaire de Kalshi.

La zone de friction

Le glissement de ces marchés vers le sport crispe déjà l’industrie des jeux d’argent et plusieurs régulateurs d’États : pour eux, les paris sportifs relèvent de cadres locaux stricts, pas d’une plateforme de “prédictions”. La frontière entre finance, information et gambling va être contestée — devant les médias comme devant les tribunaux.

ICE n’arrive pas vierge dans ce théâtre : son PDG-président Jeffrey Sprecher est marié à Kelly Loeffler, alliée de Donald Trump, aujourd’hui à la tête de la Small Business Administration et ex-sénatrice de Géorgie. Autrement dit, le deal se joue à la croisée des réseaux politiques, des marchés et de la tech réglementée.

La lecture stratégique

  • Pour Polymarket : un parrainage “blue chip” et des capitaux pour durcir l’infra, sécuriser la conformité et étendre l’offre.

  • Pour ICE : un ticket sur une nouvelle brique d’infrastructure d’information-prix, à l’endroit précis où se forment les attentes collectives (élections, macro, sport).

  • Pour le marché US : un test grandeur nature — peut-on "institutionnaliser" les marchés de prédiction sans les dissoudre dans le droit des jeux ?

Et maintenant

Attendez-vous à une normalisation accélérée : licences, partenariats bancaires, procédures KYC costaudes… et une bataille d’interprétation juridique. Les prediction markets sortent de la zone d’ombre ; avec ICE à bord, ils pourraient devenir une nouvelle classe d’actifs : celle où l’on cote, en continu, la probabilité des choses. Pour ICE, c’est l’accès à une nouvelle matière première informationnelle — des probabilités “cotées” sur des événements réels — monétisable auprès de banques, gérants et médias. Pour Polymarket, c’est un saut de crédibilité, de conformité et de distribution.

Palmarès des cryptomonnaies
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Zonebourse

Block 3 : Lectures de la semaine

Les baleines du bitcoin : quand les géants financiers font onduler du marché des cryptomonnaies (Zonebourse)

L’autre problème de la Réserve fédérale (Project Syndicate, en anglais)

La crypto soutenue par le Kremlin a gagné 6 milliards de dollars malgré les sanctions américaines (FT, en anglais)