Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales évoluaient dans le rouge jeudi, les investisseurs étant pris de doute sur l'évolution des taux d'intérêt américains après des indicateurs économiques positifs. Ils vont désormais attendre un chiffre d'inflation crucial aux Etats-Unis vendredi.

A Wall Street, vers 18h05, le Dow Jones reculait de 0,15%, l'indice Nasdaq perdait 0,21% et l'indice élargi S&P 500 lâchait 0,33%. En Europe, la Bourse de Paris a cédé 0,41%, tandis que Francfort a baissé de 0,56% et Londres de 0,39%. La Bourse suisse a quant à elle vu son indice phare SMI terminer sur un chute de 0,86%.

"Un faisceau de chiffres" positifs sur l'économie américaine "a jeté un froid sur le marché et sur la probabilité d'une baisse rapide des taux" de la Réserve fédérale américaine (Fed), a signalé à l'AFP Andrea Tueni, de Saxo Banque. Aux Etats-Unis, une révision en nette hausse de la croissance du PIB à 3,8% en rythme annuel au deuxième trimestre, dopée par une consommation dynamique, a surpris les investisseurs d'autant plus que d'autres indicateurs comme les commandes de biens durables et les demandes hebdomadaires d'allocations chômage ont été meilleurs que prévu.

Ces données ont "amené un questionnement au niveau des attentes de baisse des taux de la Fed", a commenté Andrea Tueni. Le débat sur les intentions de la banque centrale américaine "risque de se poursuivre" avec la publication vendredi de l'indice d'inflation PCE, mesure favorite de la Fed, a encore prévenu l'analyste.

Par ailleurs, "de nouveaux commentaires d'officiels de la Fed ont encore atténué" l'optimisme des investisseurs et leur appétit pour les actifs plus risqués comme les actions, "les marchés revoyant à la baisse certaines probabilités de baisse de taux", a commenté Daniela Sabin Hathorn, analyste de Capital.com. Une fracture s'est nettement dessinée en début de semaine au sommet de la Réserve fédérale, entre les défenseurs assumés d'une détente des taux et les partisans de la prudence, soucieux de l'inflation.

Mary Daly, présidente de la Fed de San Francisco, a par exemple "reconnu la nécessité de nouvelles baisses de taux, mais a souligné l'incertitude entourant leur calendrier", note Patrick Munnelly, analyste de Tickmill Group. Son collègue Austan Goolsbee, président de la Fed de Chicago, a au contraire temporisé: "Je pense que nous devons faire preuve d'une certaine prudence et éviter d'adopter une attitude trop volontariste", a-t-il dit sur la chaîne de télévision CNBC.

D'autres membres de la Réserve fédérale devaient s'exprimer dans la soirée. Ailleurs dans la sphère monétaire, la banque centrale suisse a sans surprise laissé son taux d'intérêt directeur inchangé à 0% face à des perspectives qui se "sont assombries" et restent "incertaines" pour l'économie suisse depuis que Washington a imposé des droits de douane de 39% au pays alpin.

Sur le marché obligataire, le rendement de l'emprunt américain à dix ans remontait à 4,19% vers 15H45 GMT. A deux ans, l'échéance la plus sensible aux évolutions de politique monétaire à court terme, il s'établissait à 3,66%.

Le dollar se redressait légèrement sur le marché des changes, à 1,1674 dollar pour un euro (+0,55%).

Enquête sur SAP

La Commission européenne a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête ciblant le géant allemand des logiciels pour entreprises SAP (-1,75% à Francfort) qu'elle soupçonne de possibles infractions à la concurrence. Dans un communiqué, la Commission précise que ses investigations portent sur de potentiels abus de position dominante que commettrait SAP dans la maintenance et les services de support associés à ses logiciels dits ERP.

Les cours du pétrole, nettement dans le rouge en première partie de séance, remontaient la pente. Vers 17h55, le prix du Brent de la mer du Nord ne reculait plus que de 0,13% à 69,22 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI, ne cédait plus que 0,18% à 64,87 dollars le baril.

Le changement de tendance s'est amorcé après que Donald Trump a demandé au président turc, Recep Tayyip Erdogan, reçu à la Maison Blanche, de ne plus acheter de pétrole russe, selon une information de Bloomberg.

afp/vj