Les marchés boursiers mondiaux se sont raffermis lundi, après avoir surmonté une chute initiale provoquée par l'effondrement du gouvernement français, un événement qui a pris les marchés de court. Parallèlement, des développements politiques au Japon ont soutenu les actions japonaises, mais pesé sur le yen.

Le nouveau Premier ministre français, Sébastien Lecornu, a présenté sa démission lundi, à peine 14 heures après la nomination de son gouvernement.

À 11h50 GMT, l'indice paneuropéen STOXX 600 progressait de 0,13 %, tandis que le CAC 40 français restait en baisse de 1,2 %, après avoir plongé jusqu'à 2,2 % plus tôt dans la séance.

Les contrats à terme sur l'indice S&P 500 américain gagnaient 0,3 % avant l'ouverture, l'indice au comptant ayant atteint un niveau record vendredi.

LES VALEURS TECHNOLOGIQUES SOUTENUES PAR UN ACCORD SUR LES PUCES IA

L'enthousiasme autour de l'intelligence artificielle contribue en partie à la solidité des marchés, les indices restant proches de leurs sommets historiques malgré la persistance du « shutdown » du gouvernement américain. Les valeurs technologiques européennes ont été légèrement soutenues après l'annonce, lundi, d'un accord entre AMD et OpenAI concernant la fourniture de puces IA, progressant de 1,1 %.

L'attention des investisseurs restait centrée sur la France, où les banques étaient particulièrement affectées. BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole perdaient entre 3,8 % et 4,8 %.

« La principale inquiétude du marché concerne surtout la suite des événements, car si Emmanuel Macron décide de nommer un nouveau Premier ministre, ce serait le sixième en deux ans », souligne Michael Brown, stratégiste senior chez Pepperstone.

Toute nouvelle nomination serait confrontée aux mêmes difficultés arithmétiques au Parlement et aux mêmes obstacles pour faire adopter le budget, ajoute Brown.

L'instabilité politique française s'est accentuée depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022, aucun parti ou coalition ne disposant d'une majorité à l'Assemblée nationale.

L'euro reculait de 0,6 % à 1,1678 dollar, tandis que la livre sterling cédait 0,33 % à 1,3426 dollar.

L'OR ATTEINT UN SOMMET HISTORIQUE

Au Japon, les actions ont bondi de plus de 5 % pour atteindre un record absolu, tandis que le yen s'est effondré lundi, après l'élection de Sanae Takaichi -- réputée pour ses positions budgétaires et monétaires accommodantes -- à la tête du parti au pouvoir, la plaçant en position de devenir la première femme Première ministre du pays.

Parallèlement, l'or a grimpé à un sommet historique proche de 4 000 dollars, tandis que le bitcoin a atteint un record dimanche, les investisseurs se tournant de plus en plus vers des actifs alternatifs en tant que valeur refuge, alors que le blocage du gouvernement américain suscite l'inquiétude.

L'indice Nikkei japonais a franchi pour la première fois la barre des 48 000 points après la victoire de Takaichi face au plus modéré Shinjiro Koizumi lors du scrutin pour la direction du Parti libéral-démocrate samedi, alimentant les attentes en matière de relance budgétaire.

« Takaichi apparaît très favorable à la croissance et aux marchés, ce qui s'est ressenti sur la Bourse japonaise ce matin... Cela devrait dynamiser davantage les marchés actions asiatiques », analyse Rory McPherson, directeur des investissements chez Magnus Financial Discretionary Management.

Le yen a chuté jusqu'à 2 % au-delà de 150 pour un dollar pour la première fois depuis le 1 er août, et jusqu'à 1,8 % à un plus bas historique face à l'euro, à 176,25.

Les inquiétudes concernant la situation financière du Japon ont propulsé le rendement des obligations d'État à 30 ans à un niveau record.

RECUL DES TAUX À COURT TERME SUR LES OBLIGATIONS JAPONAISES

Dans le même temps, les rendements des obligations japonaises à court terme sont tombés à un plus bas de deux semaines, les opérateurs réduisant leurs anticipations de relèvement des taux par la Banque du Japon.

La probabilité implicite d'une hausse des taux par la BoJ d'ici la fin de l'année est passée de 68 % vendredi à 41 %.

Il y a un an, Takaichi avait qualifié de « stupide » la décision de la BoJ de relever ses taux, même si son discours s'est récemment fait plus mesuré, affirmant simplement que la politique de la banque centrale devait s'aligner sur celle du gouvernement.

« Nous pensons que les craintes de certains investisseurs, selon lesquelles la prochaine administration pourrait adopter une expansion budgétaire extrême ou exercer des pressions politiques sur la BoJ, sont exagérées », estiment les économistes de Morgan Stanley MUFG Securities dans une note, soulignant que la position de Takaichi semble proche de l'approche prudente du gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, en matière de normalisation monétaire.

La plupart des autres grandes places financières de la région étaient fermées en raison de jours fériés, notamment la Chine continentale, la Corée du Sud et Taïwan.

L'or s'échangeait en fin de séance autour de 3 936 dollars, après avoir progressé jusqu'à 1,5 % plus tôt pour atteindre un record juste au-dessus de 3 944 dollars.

Le bitcoin évoluait autour de 124 249 dollars, après avoir grimpé à 125 653,32 dollars dimanche.

Les cours du pétrole ont progressé après l'annonce par l'OPEP+ dimanche d'une augmentation de la production de 137 000 barils par jour à partir de novembre, soit la même hausse modérée qu'en octobre, sur fond de craintes persistantes de surabondance de l'offre.

Avant la réunion, des sources indiquaient que la Russie plaidait pour une hausse de 137 000 barils par jour afin d'éviter une pression à la baisse sur les prix, tandis que l'Arabie Saoudite aurait préféré une augmentation deux, trois ou même quatre fois supérieure pour regagner plus rapidement des parts de marché.

Les contrats à terme sur le Brent gagnaient 0,6 % à 64,92 dollars le baril.