Les efforts visant à parvenir à un accord de sécurité entre la Syrie et Israël ont rencontré un obstacle de dernière minute en raison de l'exigence israélienne d'ouvrir un « corridor humanitaire » vers la province méridionale syrienne de Sweida, ont indiqué quatre sources proches des négociations.

Ces dernières semaines, la Syrie et Israël étaient proches de s'entendre sur les grandes lignes d'un pacte après plusieurs mois de discussions menées sous l'égide des États-Unis à Bakou, Paris et Londres, discussions qui s'étaient accélérées à l'approche de l'Assemblée générale des Nations unies à New York cette semaine.

L'accord visait à instaurer une zone démilitarisée incluant la province de Sweida, théâtre en juillet d'affrontements confessionnels qui ont coûté la vie à des centaines de membres de la communauté druze, une branche de l'islam.

ISRAËL AFFIRME QU'IL PROTÉGERA LES DRUZES DE SYRIE

Israël, qui compte une minorité druze de 120 000 personnes dont les hommes servent dans l'armée israélienne, a déclaré vouloir protéger cette communauté et a mené des frappes militaires en Syrie sous la bannière de sa défense.

Lors de précédentes discussions à Paris, Israël avait demandé l'ouverture d'un corridor terrestre vers Sweida pour l'acheminement de l'aide, mais la Syrie avait rejeté cette requête, la considérant comme une atteinte à sa souveraineté.

Israël a réintroduit cette demande à un stade avancé des négociations, selon deux responsables israéliens, une source syrienne et une source américaine informée du dossier.

La source syrienne et la source à Washington ont indiqué que la relance de cette exigence israélienne avait compromis l'annonce d'un accord prévue cette semaine. Ce nouvel obstacle n'avait pas été rapporté jusqu'à présent.

Le département d'État américain, le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ainsi que le ministère syrien des Affaires étrangères n'ont pas répondu aux questions concernant les contours de l'accord ou les points de blocage.

AUCUN ÉCHANGE DEPUIS LA SEMAINE DERNIÈRE

L'émissaire américain Tom Barrack, qui joue le rôle de médiateur entre la Syrie et Israël, a déclaré mardi que les deux ennemis de longue date étaient proches de conclure un « accord de désescalade », dans lequel Israël cesserait ses attaques et la Syrie s'engagerait à ne pas déplacer de machines ou d'équipements lourds près de la frontière israélienne.

Selon lui, cet accord constituerait une première étape vers l'accord de sécurité que les deux pays négocient. Un diplomate au fait du dossier a estimé que les États-Unis semblaient « réduire leurs ambitions, passant d'un accord de sécurité à un accord de désescalade ».

S'exprimant peu avant Barrack lors d'un événement à New York, le président syrien Ahmed al-Sharaa, ancien chef d'al-Qaïda ayant mené les forces rebelles qui ont pris Damas l'an dernier, a exprimé sa crainte qu'Israël ne cherche à faire traîner les négociations.

« Nous avons peur d'Israël. Nous sommes inquiets à propos d'Israël. Ce n'est pas l'inverse », a-t-il déclaré.

Un responsable syrien a confié à Reuters que les discussions avant l'ouverture de l'Assemblée générale de l'ONU étaient « positives », mais qu'aucun nouvel échange n'avait eu lieu avec les responsables israéliens cette semaine.

S'adressant à l'Assemblée générale des Nations unies vendredi, Benjamin Netanyahu a affirmé croire en la possibilité d'un accord avec la Syrie qui respecterait sa souveraineté et garantirait la sécurité d'Israël ainsi que celle des minorités de la région.

Son bureau a indiqué mercredi que la conclusion des négociations en cours était « conditionnée à la préservation des intérêts d'Israël, incluant notamment la démilitarisation du sud-ouest syrien et la protection des Druzes en Syrie ».

La Syrie et Israël sont ennemis depuis la création d'Israël en 1948. Un accord de désengagement signé en 1974 avait instauré une étroite zone démilitarisée surveillée par l'ONU.

Mais depuis que les rebelles ont renversé l'ancien dirigeant syrien Bachar al-Assad le 8 décembre dernier, Israël a mené des frappes inédites contre des installations militaires syriennes à travers le pays et déployé des troupes dans le sud syrien.

Israël a affiché une hostilité ouverte envers Sharaa, invoquant ses liens passés avec al-Qaïda, et a fait pression sur les États-Unis pour maintenir la Syrie faible et fragmentée.

Au fil des mois de négociations, la Syrie a plaidé pour un retour à l'accord de désengagement de 1974. À la mi-septembre, Sharaa avait qualifié cet accord de « nécessité » devant des journalistes. Il avait alors précisé qu'Israël devrait respecter l'espace aérien et l'unité territoriale de la Syrie, tout en évoquant la possibilité de violations israéliennes.

« Nous pourrions parvenir à un accord à tout moment, mais un autre problème se pose alors : Israël s'y tiendra-t-il et le mettra-t-il en oeuvre ? Nous le verrons dans la prochaine phase », a-t-il déclaré.