La Banque nationale suisse (BNS) a fortement augmenté ses achats de devises étrangères au cours du deuxième trimestre, selon des données publiées mardi, alors que la banque centrale réagissait aux pressions d'appréciation sur le franc suisse après l'annonce par le président Donald Trump de nouveaux tarifs sur les importations américaines en avril.

La banque centrale a acheté pour 5,06 milliards de francs suisses (6,36 milliards de dollars) de devises étrangères entre avril et juin, soit son niveau trimestriel d'interventions sur le marché des changes le plus élevé depuis plus de trois ans.

La BNS s'est refusée à tout commentaire.

Flux vers les valeurs refuges

En avril, le franc s'est envolé de 7 % face au dollar américain et de 2,2 % contre l'euro. Les opérateurs de marché ont expliqué cette hausse par des flux entrants vers le franc, dans un contexte d'incertitude accrue autour de la politique tarifaire américaine, qui a pesé sur le dollar et soutenu les monnaies refuges.

« La BNS est très probablement intervenue pour lisser la volatilité des changes après que le président américain Donald Trump a annoncé ses tarifs réciproques en avril », a déclaré Karsten Junius, économiste chez J.Safra Sarasin.

« Ces mesures ont considérablement accru l'incertitude politique et la volatilité des marchés, ce qui a pu entraîner des flux vers le franc. »

La BNS achète des devises étrangères afin de limiter les pressions à la hausse sur le franc, en augmentant l'offre de francs sur le marché.

Une forte appréciation du franc peut compromettre l'objectif de stabilité des prix de la BNS -- une inflation annuelle comprise entre 0 et 2 % -- en rendant les importations moins chères.

L'intensification des interventions de la BNS sur le marché des changes au deuxième trimestre contraste avec les faibles achats totalisant 1,26 milliard de francs sur les cinq trimestres précédents.

La BNS confrontée à des choix difficiles

Le président de la BNS, Martin Schlegel, a déclaré la semaine dernière que la banque continuerait d'utiliser l'ensemble de ses outils, y compris les interventions sur les devises, pour atteindre son objectif d'inflation, si nécessaire.

Lundi, la BNS et le département du Trésor américain ont réaffirmé qu'ils ne ciblaient pas les taux de change à des fins concurrentielles, après que Washington a ajouté la Suisse à une liste de pays surveillés pour pratiques monétaires et commerciales jugées déloyales en juin.

Charlotte de Montpellier, économiste à l'ING Bank, estime que cette déclaration ne devrait pas modifier la position de la BNS, qui continuera probablement d'utiliser les interventions sur les changes à l'avenir.

« La BNS fait actuellement face à deux mauvaises options. Soit elle accentue ses interventions sur le marché des changes, ce qui attirerait une attention négative aux États-Unis, soit elle abaisse les taux d'intérêt en dessous de 0 %, ce qu'elle souhaite vraiment éviter », explique-t-elle.

(1 dollar = 0,7957 franc suisse)