Contrôlé par Vincent Bolloré, Louis Hachette possède d'un côté Prisma Media, numéro un de la presse magazine en France, et, de l'autre, les deux tiers du capital de Lagardère. 

Ce dernier est propriétaire de Hachette, troisième éditeur mondial ; d'un portefeuille de médias qui détient, entre autres, le JDD, Europe 1 et RFM ; quelques actifs accessoires, comme Le Casino de Paris ou les Folies Bergère ; enfin, et surtout, un pôle ‘travel retail’, qui chapeaute notamment les célèbres kiosques Relay présents dans toutes les gares et aéroports.

Si la situation de Prisma est préoccupante, avec un chiffre d'affaires en érosion continue et des opérations déficitaires, celle de Lagardère est meilleure. La situation est stabilisée chez les éditions Hachette, tandis qu’elle demeure tout à fait excellente pour le pôle travel retail ; c'est lui qui tire l'ensemble vers le haut, et permettait au groupe Louis Hachette de générer un cash-flow libre consolidé de 421 millions d'euros l'an dernier.

La récente actualité du groupe a été marquée par deux changements de périmètre notables – la cession finalisée de Paris Match à LVMH, ainsi que le rachat début octobre des éditions du Routard – et par un refinancement bien exécuté qui maintient la dette nette juste sous le seuil de 2 milliards d'euros, en transférant une partie de la dette bancaire à des investisseurs obligataires.

Couplée à une capitalisation boursière de 1,5 milliard d'euros, ceci porte la valeur d'entreprise à 3,5 milliards d'euros, soit un multiple d'environ huit fois le profit cash réalisé l’an dernier. Comme Canal+ et Havas, Louis Hachette est donc valorisé à un multiple à un chiffre de son cash-flow libre. On pourrait aussi raisonnablement estimer que le seul pôle travel retail vaut à lui seul la valeur d'entreprise de l'ensemble consolidé.

Louis Hachette se distingue cependant des deux autres anciennes filiales de Vivendi par une comptabilité moins lisible ; une structure plus complexe, avec des actifs tous stratégiques mais de qualité très inégale ; un drôle de concert Bolloré-Lagardère au capital ; et un positionnement en eaux troubles de ses activités médias, souvent accusées de se trouver au confluent de l'information et de l'influence.

Voir aussi Havas annonce la distribution d'un dividende et un plan de rachats d'actions et Groupe Canal Plus : Débuts hésitants, précédemment publiés dans ces mêmes colonnes.