Le cadre légal : deux fois pas an, sous trois ou quatre mois

Commençons par la base. Les sociétés cotées sur un marché réglementé (comme Euronext Paris) sont soumises à un règlement européen qui fixe les délais maximums pour la publication des comptes.

  • Résultats annuels : dans les quatre mois qui suivent la clôture de l’exercice. Pour une société clôturant au 31 décembre, la date limite est donc le 30 avril.
  • Résultats semestriels : dans les trois mois suivant la fin du semestre, soit avant le 30 septembre pour un exercice calé sur l’année civile.

Ces rapports doivent être accompagnés d’un certain nombre de documents, dont un rapport de gestion, un rapport des commissaires aux comptes et un communiqué financier diffusé publiquement. C'est l'une des contreparties des avantages d'être coté en bourse : la société accède à un marché de capitaux, mais elle est tenue d'être transparente.

En revanche, depuis 2014, il n'y a plus d'obligation de publication de résultats trimestriels. L’Union européenne a estimé que ce reporting trop fréquent encourageait une vision court-termiste de la performance. Ce sujet est d'ailleurs en débat un peu partout, notamment aux Etats-Unis où Donald Trump a plaidé contre les trimestriels à plusieurs reprises et pour la dernière fois en septembre 2025. Sur ce sujet, lire "Faut-il en finir avec les résultats trimestriels ?".

Mais dans la pratique, presque tout le monde continue à le faire.

La pratique : les entreprises publient plus qu’elles ne doivent

Les grandes entreprises cotées, qu'elles fassent partie des indices les plus en vue (S&P 500, Stoxx Europe 600, FTSE 100, CAC 40, DAX…) ou d'indices moins prestigieux (SBF 120, MDAX, SMI MID…) continuent de publier quatre fois par an, par habitude et par souci de transparence.

Celles qui seraient tentées de mettre fin aux publications trimestrielles ne le font pas par peur d'effrayer les investisseurs et de créer une pression négative sur leurs titres. En effet, le marché réagit négativement à toute offensive contre la transparence. Même si, objectivement, il est malsain de gérer une société sur la seule base du respect d'un bénéfice par action projeté à trois mois.  

Le calendrier typique des publications ressemble à ceci :

  • Février / mars : résultats annuels ou du 4e trimestre (concentration maximale 20 janvier / 31 mars). On parle du T4 (trimestre 4, ou Q4 en anglais)
  • Avril / mai : résultats du 1er trimestre (concentration maximale 15 avril / 20 mai). On parle du T1 (Q1)
  • Juillet / août : résultats semestriels (concentration maximale 15 juillet / 15 août). On parle du T2 (Q2)
  • Octobre / novembre : résultats du 3e trimestre (concentration maximale 15 octobre / 20 novembre). On parle du T3 (Q3)

Si vous voulez accéder à un calendrier exhaustif pour vous rendre compte par vous-mêmes, l'agenda Zonebourse des sociétés est ultra-complet (en toute objectivité !). 

Les directions financières savent qu’un investisseur mal informé est un investisseur méfiant. Résultat : la communication financière s’est transformée en rituel.

Voici venu le moment de citer une spécificité du marché français et de quelques autres marchés européens. Historiquement, les anglo-saxons publient chaque trimestre la totalité de leur compte de résultats. En France, certaines entreprises publient uniquement leur chiffre d'affaires pour les échéances du premier et du troisième trimestre, histoire de donner au marché une tendance, mais sans les résultats qui vont avec. Cette pratique est encore répandue au sein des PME et des ETI, mais n'est plus la norme chez les plus grosses entreprises, qui ont adopté le standard anglo-saxon.  

Et les plus petites valeurs ?

Toutes les sociétés ne sont pas soumises aux mêmes obligations. Sur Euronext, le marché réglementé est soumis aux règles précitées. Mais les opérateurs boursiers ont aussi développé des marchés avec des règles allégées pour les entreprise plus petites.

Par exemple sur Euronext Growth, qui est un marché régulé mais non réglementé, le régime est un peu allégé, avec des rapports annuel et semestriel obligatoires dans un délai de quatre mois. Toutefois, leur contenu est moins exigeant que sur le marché réglementé.

Sur Euronext Access, qui correspond à l'ancien marché libre (non réglementé et peu régulé), seule la publication d’un rapport annuel synthétique est exigée. 

Au-delà du délai, les grosses différences entre les marchés réglementés et les autres tiennent surtout à la masse de documents qu'il faut publier. Mais ce n'est pas l'objet de cet article. 

Délais

Résumé des principaux délais et obligations

Et si une entreprise dépasse les délais ?

En France, l’Autorité des marchés financiers (AMF) veille sur le marché réglementé, et l'opérateur boursier fait la police sur les différents systèmes de cotation qu'il opère. Un retard de publication peut valoir un rappel à l’ordre, voire une suspension de cotation si la situation paraît grave. Mais ces cas sont rares : les entreprises préfèrent publier un communiqué succinct (“les comptes sont en cours d’audit”) pour annoncer un retard de publication, plutôt que de risquer la sanction. A une époque, l'AMF publiait régulièrement la liste des mauvais élèves, mais il semble qu'elle ait stoppé cette pratique.

Ça, c’est pour la théorie. En pratique, une société qui publie ses résultats en retard doit immédiatement activer une petite lumière rouge dans l'esprit des investisseurs. La plupart du temps, cela révèle une mauvaise gestion ou des difficultés comptables. Plus rarement, le retard peut être excusé parce qu'il s'explique par une opération importante (acquisition, cession...) survenue juste avant la clôture, qui complique la finalisation des comptes. Mais retenez ceci : une entreprise bien gérée respecte toujours les délais. Et plus elle publie tôt dans la saison, plus son système de gestion est efficient.