Olivier Novasque, pouvez-vous tout d’abord nous rappeler quelle est la proposition de valeur de Sidetrade ? 

 "Nous offrons aux entreprises des solutions pour sécuriser leur croissance, tout en maximisant la création de valeur issue des relations financières clients. Concrètement, nous offrons la solution la plus avancée du marché dans l’Order-to-Cash, c’est-à-dire la gestion du cycle allant de la prise de commande à l’encaissement des fonds. Pourquoi ? Car notre plateforme Sidetrade s’appuie sur une gigantesque base de données mutualisée, le "Sidetrade Data Lake", unique au monde, enrichie quotidiennement par l’expérience collective de tous nos clients. "Aimie", nouvelle génération d’intelligence artificielle de Sidetrade, analyse quotidiennement plus de 7 200 Mrd$ de transactions inter-entreprises dans le cloud de la société pour prédire les comportements de paiement de plus de 40 millions de sociétés dans le monde. Aimie recommande les meilleures stratégies opérationnelles, automatise intelligemment les actions sur le cycle Order-to-Cash et facilite la dématérialise les transactions clients. Cela améliore de l’ordre de 30% la productivité des équipes financières et impacte directement aussi bien le compte de résultat que le bilan de nos clients. Cette approche innovante redéfinit les standards du Credit Management." 

Sidetrade vient d’annoncer l’acquisition de l’australien ezyCollect, la plus grosse de son histoire. Les synergies croisées semblent évidentes. Par ordre d’importance, qu’apporte-t-elle surtout à Sidetrade ? 

"L’intérêt principal de cette opération ezyCollect est qu’elle nous ouvre le marché des PME, un marché particulier que nous avions de la peine à adresser correctement avec notre offre Sidetrade et des équipes commerciales particulièrement adaptées aux grands comptes (cycle de vente beaucoup plus long, multiplicité des interlocuteurs au sein des grandes organisations dont le parcours décisionnel est complexe, etc.). EzyCollect est une plateforme idéale pour les PME, simple d’usage et simple à implanter, en 48h. Elle nous offre un formidable moyen de diffuser nos agents IA au cœur des PME, structures disposant de moyens de recouvrement limité malgré l’enjeu vital que représente le cash pour les petites entreprises. Doppé à l’IA autonome de Sidetrade dès le début 2026, ezyCollect n’aura pas d’équivalent sur son marché domestique actuel ni sur l’ensemble des marchés mondiaux sur lesquels Sidetrade est actuellement présent avec son offre grands comptes. Il ne s’agit donc pas d’absorber ezyCollect dans Sidetrade, mais de lui apporter de nouvelles fonctionnalités IA et d’adresser par l’intermédiaire de cette nouvelle offre « ezyCollect by Sidetrade » un nouveau type de clientèle. Par ailleurs, ezyCollect nous ouvre immédiatement les portes de l’Asie-Pacifique, l’une des régions économiques les plus dynamiques du monde, tout en renforçant notre capacité à accompagner les filiales de nos clients grands comptes multinationaux implantées dans cette zone. En somme, cette acquisition coche toutes les cases : complément géographique, produit, clientèle, tout en apportant un volume de CA et une dynamique de croissance rare sur le marché." 

La transaction est estimée à environ 37M€ financée par un emprunt de 25 M€ et la trésorerie disponible du groupe, soit 4,6x le CA estimé pour 2025 et 3,7x le CA attendu en 2026. Pourquoi ces multiples sont-ils inférieurs à ceux de Sidetrade malgré la qualité de cette cible rare ? Quelle est l’importance du complément de prix ? N’auriez-vous pas eu intérêt à payer cette acquisition au moins en partie en titres ? 

"Les 37 M€ de prix d’acquisition intègrent une part, quoique limitée, de paiement en action (environ 2.5 M€). C’est également le cas du complément de prix qui sera versé aux deux fondateurs que nous souhaitons fidéliser au moins jusqu’à fin 2028. Le montant du complément de prix, probablement de l’ordre de 2/3 M€ avec un plafond de 5M€, ne modifiera pas significativement le multiple de CA. Au regard du taux d’emprunt négocié pour financer cette acquisition, 3.1%, nous préférions conserver précieusement nos actions propres, comptant sur une appréciation de la valorisation années après années." 

Le rythme de croissance organique actuel (2.4% au 1er semestre) éloigne le seuil des 100 millions de dollars de revenu annuel, visé initialement pour fin 2026. A quel horizon imaginez-vous l’atteindre avec l’acquisition d’ezyCollect ?  

"Le contexte de marché de part et d’autre de l’Atlantique a nettement infléchi notre trajectoire de croissance, comme ce fut le cas la plupart des éditeurs SaaS. Mais les besoins sont plus que jamais là et nous estimons ce ralentissement ponctuel. Notre position concurrentielle est plus forte que jamais et le rebond des prises de commandes sur ce troisième trimestre (+27%), notamment aux Etats-Unis, laisse entrevoir un retour progressif à la normale pour les trimestres à venir. La consolidation d’ezyCollect sur l’ensemble de l’année 2026 devrait nous amener vers les 86M$ de CA en 26, permettant l’atteinte de notre objectif de 100 M$ de CA l’année suivante, avec ou sans nouvelles acquisitions. J’ajouterais que la moindre croissance au premier semestre s’est accompagnée d’une marge opérationnelle particulièrement élevée, en hausse de 1 point à 16% soit au-dessus de notre fourchette cible de 10-15% selon les années." 

Le groupe est en phase de co-innovation avec une poignée de clients pour le développement d’un premier agent d’IA destiné à gérer la relance client. De quoi s’agit-il par rapport à votre assistante virtuelle Aimie ? 

"En s’appuyant sur un LLM (« Large Language Model ») spécialisé dans le métier de l’O2C, Aimie imite certaines fonctions cognitives humaines grâce aux réseaux de neurones. Grâce à l’IA générative, elle ne se contente plus de recommander certaines actions aux utilisateurs, mais s’oriente progressivement sur l’orchestration d’agents IA autonomes, chacun capable de gérer un processus de bout en bout sans aucune intervention humaine : recouvrement d’une créance, gestion d’un litige, lettrage d’un règlement, etc. En s’appuyant sur son Data Lake et son LLM dédié à l’univers de l’O2C, Aimie est à même de comprendre et de produire du langage humain spécifique au métier et surpasse déjà les fonctionnalités avancées, mais trop génériques, des IA génératives du marché telles que ChatGPT ou Gemini. Nous sommes littéralement en train de redéfinir les standards de l’industrie O2C, élevant le potentiel de création de valeur à des niveaux inédits. Dans ce futur que nous façonnons, les directions financières ne se contentent plus de superviser l’IA, elles travaillent avec elle dans une collaboration étroite. Aimie deviend un agent financier autonome, un stratège économique doté d’une capacité de décision indépendante. Elle négociera les conditions de paiement, optimisera les flux de trésorerie en temps réel et exécutera des stratégies de relance ultra-personnalisées, en exploitant des volumétries de données inaccessibles au cerveau humain."