Les dirigeants des États arabes et islamiques s'apprêtent à avertir qu'une attaque israélienne contre le Qatar et d'autres "actes hostiles" menacent la coexistence et les efforts de normalisation des relations dans la région, selon un projet de résolution qui sera soumis lundi lors d'un sommet arabo-islamique.

Ce sommet, organisé à Doha, vise à afficher le soutien au Qatar après l'attaque israélienne ciblant des responsables du groupe militant palestinien Hamas résidant dans l'État du Golfe.

L'attaque du 9 septembre, que le Hamas affirme avoir coûté la vie à cinq de ses membres sans toucher sa direction, a poussé les États arabes du Golfe alliés des États-Unis à resserrer les rangs, accentuant les tensions entre les Émirats arabes unis et Israël, qui avaient normalisé leurs relations en 2020.

Un extrait du projet de résolution consulté par Reuters indique : "La brutale attaque israélienne contre le Qatar et la poursuite des actes hostiles d'Israël, notamment le génocide, le nettoyage ethnique, la famine, le siège, les activités de colonisation et les politiques d'expansion, menacent les perspectives de paix et de coexistence dans la région."

Selon ce projet, élaboré par les ministres des Affaires étrangères réunis avant le sommet, ces actions mettent en péril "tout ce qui a été accompli sur la voie de la normalisation des relations avec Israël, y compris les accords actuels et futurs".

ISRAËL REJETTE L'ACCUSATION DE GÉNOCIDE

Israël est largement accusé de commettre un génocide contre les Palestiniens à Gaza, y compris par le plus grand groupe mondial de chercheurs sur le génocide, lors de sa campagne de près de deux ans dans l'enclave palestinienne, qui a fait plus de 64 000 morts selon les autorités locales.

Israël rejette cette accusation, invoquant son droit à la légitime défense après l'attaque du 7 octobre 2023 menée par des militants du Hamas, qui a fait 1 200 morts et entraîné la capture de 251 otages, selon les chiffres israéliens.

En réponse à la condamnation internationale de l'attaque, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a maintenu la pression sur le Qatar en raison de la présence de dirigeants du Hamas sur son territoire, avertissant Doha mercredi de devoir expulser les responsables du Hamas ou "les traduire en justice, car sinon, nous le ferons".

Netanyahu a déclaré samedi que l'expulsion des dirigeants du Hamas vivant au Qatar éliminerait le principal obstacle à la libération des otages encore détenus par le groupe à Gaza et à la fin de la guerre.

Le Qatar, acteur clé de la médiation dans le conflit à Gaza, accuse Israël de saboter les chances de paix et Netanyahu de pratiquer le "terrorisme d'État". Un membre des forces de sécurité intérieure du Qatar figure parmi les victimes.

Le Premier ministre qatari, Cheikh Mohammed ben Abdulrahman al-Thani, a déclaré dimanche que les actions d'Israël ne mettraient pas fin aux efforts de médiation de Doha avec l'Égypte et les États-Unis.

TRUMP AFFIRME QUE L'ATTAQUE NE SE RÉPÉTERA PAS

Le président américain Donald Trump a exprimé son mécontentement face à l'attaque israélienne, estimant qu'elle ne servait ni les objectifs israéliens ni américains, et qualifiant le Qatar d'allié proche oeuvrant activement pour la paix.

Il a également déclaré que l'élimination du Hamas constituait "un objectif louable". Après l'attaque, il a assuré l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, qu'"une telle chose ne se reproduira plus sur leur sol".

Les Émirats arabes unis ont été le plus en vue parmi les États arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre des Accords d'Abraham, négociés avec le soutien des États-Unis lors du premier mandat de Trump.

L'accord de normalisation entre les Émirats arabes unis et Israël a marqué la première fois qu'un État arabe établissait des relations avec Israël depuis le traité de paix avec la Jordanie en 1994.

L'Égypte fut le premier État arabe à normaliser ses relations avec Israël en 1979, après la signature d'un traité de paix.

Vendredi, les Émirats arabes unis ont convoqué le vice-ambassadeur israélien après l'attaque et les déclarations ultérieures de Netanyahu, jugées hostiles.

Les Émirats arabes unis ont qualifié la stabilité du Qatar de "partie indissociable de la sécurité et de la stabilité des États du Conseil de coopération du Golfe". Ce conseil inclut l'Arabie saoudite, qui a déclaré qu'elle n'établirait pas de relations avec Israël sans création d'un État palestinien.