Les marchés ont beau connaître les tactiques de l'animal, ils se font encore prendre par les sautes d'humeur de Donald Trump. Il faut dire que le Président des Etats-Unis reste imprévisible dans sa prévisibilité. Vendredi, il a haussé le ton en menaçant la Chine des dix plaies d'Egypte pour son louvoiement commercial. Avant de s'adoucir considérablement. Un bon bourre-pif avant une caresse. La doctrine Trump. Symbole de la réaction épidermique du marché : -3,5% pour le Nasdaq 100 vendredi. +2,2% pour le Nasdaq 100 lundi. L'indice américain a donc refait plus de la moitié du chemin. Pendant le weekend, Washington et Pékin ont laissé entendre qu'en dépit de la brouille de vendredi, les négociations sur les termes de leurs échanges commerciaux continuent. Ça n'empêche pas les deux pays de s'envoyer quelques chausse-trapes, du genre "je limite ton accès aux terres rares pendant que tu m'empêches d'acheter des puces Nvidia en nombre suffisant". Mais tant que le dialogue est possible, il y a de l'espoir. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, l'élément économique stable du régime, s'attend toujours à une rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping à la fin du mois, comme prévu.
L'apaisement a donc porté ses fruits aussi bien pour Wall Street que pour l'Europe. L'indice Stoxx Europe 600 reste assez proche de son record du 8 octobre, après un rebond de 0,4% hier. Il est à +11,6% depuis le 1er janvier, ce qui reste tout à fait honorable. Le CAC 40 français, lui, parvient à afficher +7,5% en 2025, ce qui tient presque du miracle au regard du contexte politique local. On reste toutefois assez loin des hausses allemande (+22,5%), espagnole (+34%) ou grecque (+40%), c’est-à-dire des pays dont les finances publiques sont robustes ou en voie d'amélioration. On va en reparler un peu après.
Mais d'abord, cap sur l'or et l'argent. Les deux métaux précieux ont touché des sommets cette nuit. Pour l'or, c'est la routine. Pour l'argent, c'est nouveau, puisque le vieux record de 1980 est tombé. L'once d'argent a dépassé 53 USD et porte ses gains 2025 à 84%. L'or, qui a touché 4 169 USD ce matin, est presque humilié avec ses 59% de hausse. On vous explique dans ce papier les raisons de l'accès de fièvre de l'argent. En réalité, tous les métaux précieux ont le vent en poupe, puisque le palladium est à +66% et le platine à +85% (voir ici le graphique 2025). Il y a de multiples raisons à cela, mais la plus marquante est sans aucun doute la remise à plat des risques et des rendements à long terme dans un contexte de déficits budgétaires galopants.
Le mouvement en cours est loin d'être anodin. Parce que pendant que tout le monde essaie de s'accrocher à la vague IA, beaucoup prennent aussi soin d'assurer leurs arrières. C'est ce qu'on appelle le debasement trade. Ce debasement trade, qu'on pourrait traduire par "trading de la dévalorisation monétaire", n’est plus un pari marginal de survivalistes en gilet pare-balles : c’est désormais un sujet de discussion poli en réunion d’allocation d’actifs. Je rends à César ce qui lui appartient : c'est Bloomberg qui a consacré un article bref et incisif au phénomène. Face à des déficits publics hors de contrôle, à des banques centrales de plus en plus politiques, et à des Etats qui confondent gestion budgétaire avec planche à billets, les investisseurs commencent à revoir leur définition de ce qu'est une "valeur refuge". Obligations souveraines ? Trop risquées. Monnaies ? Trop manipulées. Même le dollar, malgré un regain récent, tire la gueule sur l’année, lesté par la diplomatie tarifaire de Trump et sa croisade contre l’indépendance de la Fed.
Dans ce paysage dégradé, l’or brille comme à ses plus belles heures, l’argent se prend pour un actif sexy et les cryptos séduisent. Le bitcoin rassurerait presque, grâce à son horizon fini (on sait déjà combien de bitcoins seront minés in fine), son indépendance politique et son statut d'anti-planche à billets. Quand même les patrons de fonds de pension et les pontes de hedge funds vous disent que l’or est plus sûr que le dollar, il n’est peut-être plus temps de se demander si le roi est nu. Il est sans doute déjà en string léopard en train de chercher des cryptos sur Binance.
Le paradoxe, c'est que ce saut vers la sécurité a lieu en parallèle d'une spéculation toujours effrénée sur les dépenses liées à l'IA, qui place sous stéroïdes tout un pan de l'industrie technologique. Et en ce moment, être à la fois défensif et offensif paie, à condition bien sûr d'être sur les bons actifs dans chaque thématique. En 2025, jouer l'or et Broadcom, c'est mieux que le pétrole et Carrefour.
Mais revenons à des considérations plus terre à terre. Aujourd'hui, c'est le lancement officiel des grosses publications trimestrielles. Ericsson, LVMH, Givaudan et Publicis en Europe. JPMorgan Chase, Johnson & Johnson, Wells Fargo et BlackRock aux Etats-Unis. Jerome Powell doit prononcer un discours à 18h20, c’est-à-dire après la clôture européenne mais pendant la séance à Wall Street. Le patron de la Fed donnera-t-il des indications alors que la banque centrale n'a pas accès aux statistiques officielles à cause du shutdown ? C'est l'une des questions du jour. La présidente de la Réserve fédérale de Philadelphie, Anna Paulson, a pour sa part indiqué hier être favorable à deux nouvelles baisses de taux d'intérêt d'un quart de point cette année.
En Asie Pacifique, l'ambiance est restée lourde. Le Japon chute de 2,6% alors que l'avenir politique du pays se complique. Sanae Takaichi, pressentie comme Première ministre, peine à sauver sa candidature face à une opposition prête à soutenir Yuichiro Tamaki. Hong Kong perd 0,9%, tandis que la Corée du Sud recule de 0,6%. L'Inde est en léger repli, tandis que l'Australie se redresse de 0,2%. L'Europe est attendue en baisse, alors que les indicateurs avancés de Wall Street reculent.
Le CAC 40 ouvre en baisse de 0,9% à 7 862 points, plombé par la chute initiale de Michelin. Le SMI recule de 0,5% à 12 426 points. Le Bel20 lâche 0,45% à 4 949 points.
Les temps forts économiques du jour
L'indice ZEW de confiance des financiers allemands (11h00) et le discours de Jerome Powell (18h20) sont les deux principaux événements du jour. Tout l'agenda ici.
Les cotations sont celles du jour autour de 7h00, les liens permettent d'avoir le temps réel :
- Euro : 1,1576 USD
- Once d'or : 4159 USD
- Brent : 63,48 USD
- Spread Bund / OAT : 83 points (-0,5%)
- VIX : 19,03 (-2,5%)
- 10 ans US : 4,051%
- Bitcoin : 113 777 USD
Les principaux changements de recommandations
- ABB : RBC Capital reste à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 51 à 55 CHF.
- Air France-KLM : Goodbody reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 12,70 à 12,10 EUR.
- Air Liquide : Rothschild & Co Redburn reste à acheter avec un objectif de cours réduit de 205 à 200 EUR.
- Almirall : Stifel démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 14,50 EUR.
- Atoss Software : Oddo BHF démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 118 EUR.
- Basf : Berenberg passe de conserver à vendre avec un objectif de cours réduit de 44 à 37 EUR.
- BNP Paribas : Goldman Sachs reste à acheter avec un objectif de cours relevé de 98,70 à 98,90 EUR.
- Ferrari : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation accumuler et réduit l'objectif de cours de 443 à 428 EUR.
- Fevertree Drinks : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 900 à 1100 GBX.
- Fiskars : Inderes passe de vendre à alléger avec un objectif de cours de 12 EUR.
- Hiscox : RBC Capital passe de performance de marché à surperformance avec un objectif de cours relevé de 1400 GBX à 1600 GBX.
- IMI : RBC Capital passe de surperformance à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 2475 GBX à 2500 GBX.
- Invisio : SEB Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours de 375 SEK.
- Klépierre : JP Morgan passe de souspondérer à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 31 à 38 EUR.
- Legrand : RBC Capital maintient sa recommandation de performance de marché et relève l'objectif de cours de 125 à 140 EUR.
- Medincell : Stifel reste à acheter avec un objectif de cours relevé de 24 à 37 EUR. Portzamparc maintient sa recommandation d'achat fort et relève l'objectif de cours de 24,30 à 36,10 EUR.
- Michelin : Oddo BHF passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 36 à 30 EUR. Barclays reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 28 à 26 EUR. Deutsche Bank reste à acheter avec un objectif de cours réduit de 37 à 31 EUR. Jefferies reste à acheter avec un objectif de cours réduit de 43 à 38 EUR.
- Munters Group : SB1 Markets démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 160 SEK. SEB Bank passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 130 SEK à 125 SEK.
- OC Oerlikon Corporation : RBC Capital reste à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 3,30 à 3 CHF.
- Smith & Nephew : Bernstein passe de surperformance à performance de marché avec un objectif de cours de 1400 GBX. Bernstein passe de surperformance à performance de marché avec un objectif de cours de 37,50 USD.
- Seb : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 77 à 63 EUR.
- Siemens : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours de 240 EUR.
- Sopra Steria Group : BNP Paribas Exane passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 220 à 146 EUR.
- STMicroelectronics : HSBC maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 27 à 30 EUR.
- Straumann Holding : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 133 à 125 CHF.
- Swiss Life Holding : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 865 à 925 CHF.
- Teleperformance : Goldman Sachs reste à neutre avec un objectif de cours réduit de 93 à 82 EUR.
- Theon International : Berenberg reste à acheter avec un objectif de cours relevé de 31 à 40 EUR.
- Volution Group : Peel Hunt passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours relevé de 625 GBX à 725 GBX.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Michelin abaisse ses objectifs pour 2025, le marché américain est difficile.
- Publicis voit sa croissance organique atteindre 5 à 5,5% cette année, contre 5% précédemment envisagé.
- Airbus va ouvrir de nouvelles lignes d'assemblage en Chine et aux Etats-Unis pour sa famille vedette, l'A320neo.
- Safran investit dans une nouvelle ligne d'assemblage du moteur d'avions LEAP au Maroc.
- Moody's a réduit de stable à négative la perspective de la notation crédit Baa2 de Stellantis.
- Hoffmann Green Cement valide l'usage de son béton décarboné pour des fondations d'éoliennes.
- L'OPA sur Agrogénération est ouverte.
- Mare Nostrum vend AT Patrimoine et boucle son recentrage.
- Vergnet réalise plusieurs augmentations de capital.
- Les principales publications du jour : Sidetrade, Foncière Inea, Ekinops, SMAIO, Mauna Kea… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D'Europe
- Ericsson enregistre une hausse de son bénéfice net au troisième trimestre, malgré un chiffre d'affaires en baisse.
- BP Plc prévoit une hausse de la production de l'amont au troisième trimestre.
- Givaudan publie des ventes trimestrielles proches des attentes du marché.
- ABB développe des centres de données d'IA de nouvelle génération avec Nvidia.
- ThyssenKrupp fixe au 20 octobre 2025 la date pour l'introduction en Bourse de TKMS.
- TomTom dépasse les attentes en matière de bénéfices au troisième trimestre.
- Wisekey enregistre une hausse de ses revenus sur neuf mois.
- Le vaccin contre le zona de GSK reçoit une approbation élargie en Chine.
- Antares Vision nomme Fabio Forestelli au poste de directeur général.
- Les principales publications du jour : Schaeffler, Telekom Austria, Fraport, Bossard…
D'Amérique du Nord
- Apple lance son iPhone Air en Chine, avec des précommandes qui débuteront le 17 octobre.
- Google va consacrer plus de 15 milliards de dollars à la construction d'un centre de données dans le sud de l'Inde. Le groupe annonce par ailleurs l'arrivée de Nano Banana dans Google Search, Notebook et Photos.
- Leonardo DRS, la filiale américaine de Leonardo, et KNDS signent un accord d'association stratégique pour proposer un obusier automoteur haute performance à l'armée américaine.
- Les principales publications du jour : JPMorgan Chase, Johnson & Johnson, Wells Fargo & Company, BlackRock, The Goldman Sachs Group, Citigroup, Domino's Pizza…
D'Asie
- Samsung Electronics a enregistré sa meilleure performance trimestrielle des trois dernières années au T3.
- La production de cuivre de Rio Tinto au troisième trimestre a progressé de 10% sur un an. La production annuelle de cuivre se situera dans le haut de la fourchette, tandis que la production de fer sera dans le bas des prévisions.
- BYD songe à l'Espagne pour implanter une nouvelle usine.
- Astellas en échec en phase II avec son candidat dans le cancer du pancréas métastatique.
- La directrice financière de Santos démissionne.
- Les actions Pop Mart progressent en bourse après Tim Cook, directeur général d'Apple, a visité une exposition Labubu à Shanghai. On est peu de choses.
- LG Electronics India a démarré sa cotation ce matin en Inde.
- Les principales publications du jour : Aeon, Tech Mahindra…
Le reste de l'agenda mondial des publications ici.
Lectures
- L'IA remboursera-t-elle les dettes de l'Occident ? (Project Syndicate, en anglais).
- "Pour devenir riche, cliquez ici" : enquête chez ceux qui ont payé leur formation business en ligne (L'ADN).
- Entretien avec Kevin Warsh, prétendant à la présidence de la Fed (Barron's, en anglais).
- Neom, The Line : révélations sur l'échec du méga-projet de MbS (Intelligence Online).
- Les vendeurs à découvert accusent les investisseurs particuliers d'être à l'origine des pires rendements depuis 2020 (Financial Times, en anglais).
- Les flux satellites sont faciles à capter et peu protégés (Wired, en anglais).
- Hermès-LVMH : la fin de l’énigme Freymond, l’homme qui a fait disparaître 12 milliards (XXI).
- Que se passerait-il si OpenAI faisait faillite ? (The Economist, en anglais).
- Des trous dans le web (Aeon, en anglais).





















