Le gouvernement américain est à l'arrêt, mais cela n'a pas empêché les marchés boursiers d'atteindre de nouveaux sommets historiques, portés par la confiance dans des baisses de taux qui devraient soutenir la dynamique haussière. Le seul bémol réside dans une absence totale de visibilité sur la réalité de la situation économique actuelle.

Voici les perspectives de la semaine, par Alden Bentley à New York, Rocky Swift à Tokyo, ainsi qu'Alun John, Dhara Ranasinghe et Amanda Cooper à Londres.

1/ LES OURS DU DOLLAR AIGUISENT LEURS GRIFFES

Le dollar entame ce dernier trimestre 2025 dans une position plutôt correcte. Après avoir reculé lors des deux premiers trimestres, alors que l'exceptionnalisme américain était remis en cause, le billet vert a terminé le troisième trimestre avec une progression de 1% face à ses principaux concurrents. Il affiche néanmoins une baisse de 10% depuis le début de l'année, même si sa stabilisation a apporté un certain calme sur le marché des changes, qui pèse près de 10 000 milliards de dollars par jour.

Côté positif, les menaces immédiates sur l'indépendance de la Réserve fédérale -- une source potentielle de stress pour le dollar -- se sont dissipées pour l'instant. Côté négatif, la faiblesse du marché du travail renforce les anticipations de baisses de taux de la Fed.

Les vendeurs à découvert du dollar pourraient ne pas hiberner longtemps -- surtout si la paralysie du gouvernement américain se prolonge. Le yen, en particulier, apparaît attractif selon les experts du marché des changes, tandis que l'euro pourrait encore atteindre ce seuil de 1,20 dollar, frôlé le mois dernier.

2/ QUI A BESOIN DE DONNÉES ?

Le calendrier statistique américain est allégé cette semaine, ce qui devrait limiter l'impact du shutdown sur les marchés, tandis que le Trésor américain procédera normalement à ses adjudications de bons et obligations.

Les opérateurs devraient se passer du rapport sur le commerce international de mardi, préférant se concentrer sur l'indice préliminaire de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan, attendu vendredi.

Le Trésor émettra 58 milliards de dollars de bons à trois ans mardi, 39 milliards de dollars d'obligations à dix ans mercredi et 22 milliards de dollars d'obligations à trente ans jeudi. Le marché obligataire n'est pas encore en mesure d'évaluer les conséquences budgétaires d'une mise en congé indéfinie des fonctionnaires fédéraux. Mais avec un rendement à 10 ans supérieur à 4%, la demande pourrait rester soutenue.

Un premier aperçu des résultats du troisième trimestre sera donné jeudi, avec notamment Delta Airlines et Levi Strauss, avant le coup d'envoi de la saison des publications des grandes banques de Wall Street la semaine suivante.

3/ COUP DE POUCE

Les valeurs pharmaceutiques mondiales, malmenées ces derniers temps, ont bénéficié d'un accord entre Pfizer et les États-Unis visant à réduire les prix des médicaments sur ordonnance dans le programme Medicaid, en échange d'un allègement tarifaire.

Le président américain Donald Trump avait pris pour cible le secteur en raison du niveau élevé des prix des médicaments aux États-Unis, entraînant les actions des laboratoires à des plus bas de plusieurs décennies. Mais les investisseurs misent désormais sur le fait que cet accord plus conciliant ouvrira la voie à d'autres ententes.

Les valeurs américaines de la santé ont progressé de 7% la semaine dernière, leur meilleure performance hebdomadaire en plus de trois ans, tandis que leurs homologues européennes ont bondi de 9%, enregistrant leur meilleure semaine depuis 2008.

Il reste désormais à voir si ces accords se concrétisent et justifient cet optimisme.

Par ailleurs, les États-Unis ont imposé de nouveaux droits de douane sur le bois importé ainsi que sur les armoires de cuisine et les meubles, tandis que Donald Trump a annoncé une taxe de 100% sur tous les films produits à l'étranger et importés aux États-Unis.

4/ LE BARIL SOUS PRESSION

Le pétrole peine à se maintenir face à une offre mondiale abondante qui ne cesse de croître, tandis que la demande ne parvient pas à suivre le rythme. Selon l'Agence internationale de l'énergie, un excédent implicite de plus de 3 millions de barils par jour pourrait être enregistré en 2026, contre un surplus attendu de 600 000 barils par jour cette année. Le groupe OPEP+, qui réunit l'OPEP et d'autres exportateurs dont la Russie, a convenu ce week-end d'augmenter la production de 137 000 barils par jour supplémentaires en novembre, poursuivant ainsi la levée progressive des restrictions décidées pendant la pandémie.

Autour de 65 dollars le baril, le brut vaut aujourd'hui environ la moitié de son prix lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022. La géopolitique restera, comme toujours, la grande inconnue pour les prévisionnistes, les producteurs et les consommateurs.

5/ CAP AU SUD

La Banque de réserve de Nouvelle-Zélande devrait presque à coup sûr abaisser ses taux cette semaine. La seule question : de combien ?

La RBNZ a déjà réduit ses taux à 3% en août, un plus bas depuis trois ans. Les données publiées le mois dernier ont révélé une contraction de 0,9% de l'économie néo-zélandaise au deuxième trimestre, sur fond d'incertitudes tarifaires et de faiblesse du marché immobilier.

Les marchés monétaires anticipent pleinement une baisse d'un quart de point à 2,75% lors de la réunion du 8 octobre, mais la probabilité d'une réduction d'un demi-point est passée de 25% à 43% en une semaine.

La divergence de politique monétaire entre la RBNZ et la Banque de réserve d'Australie, qui a maintenu ses taux en septembre, pourrait accentuer la faiblesse du dollar néo-zélandais, déjà au plus bas depuis trois ans face à son homologue australien.