L’écart de taux entre le 10 ans français et le 10 ans allemand est remonté à 88 points de base, soit le niveau atteint lors de la démission de Michel Barnier, en décembre dernier. Mais nous sommes encore loin du stress de la crise de la zone euro, en 2011, où cet écart s’élevait à 130 points de base.

Pour l’heure, il n’y a donc pas de panique, mais plutôt une lente dérive. A mesure que le blocage politique perdure, et que les finances publiques se dégradent. Et au-delà de l’écart de taux, le niveau absolu continue de remonter, avec un 10 ans désormais autour de 3.6%. La charge d’intérêt continue donc de s’alourdir chaque année.
Avec le déficit le plus élevé de la zone euro, et aucune trajectoire sérieuse de réduction, la France est un cas à part en Europe. Et cela est illustré par l’évolution des taux longs ces derniers mois par rapport aux autres pays européens.

Ce qui est intéressant, c’est que d’ores et déjà, l’OAT a en quelque sorte changé de statut. Si c’est en principe l’actif sans risque, certaines entreprises françaises empruntent désormais moins cher que l’Etat. Parmi elles, on retrouve notamment L’Oréal, Airbus et Axa.
Si la dérive des taux français est inquiétante, elle est peut-être nécessaire. Parce que réduire les déficits signifie prendre des mesures impopulaires, que personne n’a envie d’endosser à l’approche d’échéances électorales (municipales en mars 2026, puis présidentielle en 2027). Le marché obligataire est peut-être donc le seul en capacité de siffler la fin de la partie. Mais il faudra pour cela en passer par un moment de stress sur la dette française.

















